« En anglais, on dit trust the process. C’est ce que j’ai fait et je pense que ça a payé », lance Arnaud Durandeau au bout du fil, jeudi, après un entraînement matinal des Islanders de New York.

Le 18 février, Durandeau et les Islanders de Bridgeport, dans la Ligue américaine, ont remporté le deuxième match d’une série de trois en trois soirs. Comme l’équipe partait pour Wilkes-Barre après la rencontre, l’attaquant québécois de 24 ans a placé sac et valises dans l’autobus. Puis, son entraîneur, Brent Thompson, l’a invité dans son bureau.

« C’est là qu’il m’a appris la nouvelle, raconte-t-il à La Presse. Il m’a dit : “T’es rappelé, sois prêt, c’est une grosse opportunité pour toi et prends ta chance.” »

Le lendemain matin, Durandeau s’envolait vers Pittsburgh pour rejoindre les Islanders en vue de leur match de lundi contre les Penguins.

« J’ai appelé mes parents tout de suite. Je leur ai dit qu’il y avait une chance que je joue lundi soir. Ils ont pris congé au travail, mes deux sœurs et mon frère ont raté l’école. Ils sont venus me voir. C’était une bonne journée ! », résume-t-il.

Une bonne journée qui a ensuite laissé place à une bonne semaine. Parce que Durandeau a connu de fringants débuts dans la grande ligue. À son premier match – contre Sidney Crosby, pas banal –, il a lancé quatre fois au filet, appliqué deux mises en échec et bloqué un tir en 14 minutes de temps de jeu, dont 1 min 30 s en avantage numérique. Sa hargne devant le but a d’ailleurs contribué au deuxième filet des Isles, celui de Bo Horvat.

PHOTO CHARLES LECLAIRE, USA TODAY SPORTS

Arnaud Durandeau (16) a été utilisé un peu plus de 14 minutes lors de son premier match dans la LNH, lundi soir.

« C’était vraiment un bon feeling, même si je n’ai pas eu de point sur le jeu », dit-il à ce sujet.

L’entraîneur-chef, Lane Lambert, n’a pas hésité à le complimenter devant les médias locaux après la victoire.

Je l’ai trouvé bon. J’ai aimé sa vitesse. Il a tendance à avoir la rondelle qui le suit. Elle colle sur son bâton… Pas par accident. Il est au bon endroit. J’ai trouvé qu’il avait créé une étincelle offensivement pour nous.

Lane Lambert, entraîneur-chef des Islanders de New York

Le match suivant, Durandeau a obtenu sensiblement le même temps de jeu et réussi trois tirs au filet dans une victoire de 2-1 contre les Jets de Winnipeg. Encore une fois, le Montréalais a amené de l’énergie.

« Quand j’amène ma vitesse, ça aide mon équipe à avoir la rondelle un peu plus et ça donne des chances aussi à mes coéquipiers et moi. J’ai fait ça dans mes deux premiers matchs et ça allait très bien. »

PHOTO FRANK FRANKLIN II, ASSOCIATED PRESS

Arnaud Durandeau (16) lors de son deuxième match en carrière dans la LNH, mercredi soir, contre les Jets de Winnipeg.

« Le coach a l’air content de ma game, et moi aussi, je suis content, donc je vais essayer de continuer et même progresser. »

Patience, patience

Arnaud Durandeau a été sélectionné au 6e tour du repêchage de la Ligue nationale, en 2017. Il s’agissait de sa première année d’admissibilité après une saison de 41 points avec les Mooseheads de Halifax. Après son parcours junior, il a fait le saut chez les professionnels.

Il a commencé la saison 2019-2020 dans la Ligue américaine, mais a dû faire un détour par l’ECHL le temps de 15 rencontres en plein milieu de la saison. La saison pandémique suivante, Durandeau n’a joué que 14 des 24 matchs de la formation de Bridgeport. « J’ai été scratché quelques fois », évoque-t-il.

Ce qui nous ramène à l’affirmation qui coiffe cet article. Faire confiance au processus…

La saison dernière, Durandeau a disputé sa première saison complète dans la Ligue américaine : 37 points, dont 15 buts, en 64 rencontres. En août, il a signé un nouveau contrat de deux saisons à deux volets.

Cette année, avant son rappel, il comptait 33 points en 48 parties. Son entraîneur l’encourageait, lui disait de continuer à jouer « de la bonne manière » et que le rappel « allait peut-être venir ». C’est une blessure à Mathew Barzal qui lui a finalement permis d’obtenir un rappel, samedi dernier.

« Chaque année, je me suis amélioré, soutient Durandeau. J’ai pris confiance. Chaque année, je deviens meilleur. La première année, je n’étais pas super bon défensivement. Le hockey junior et le hockey pro, c’est vraiment une grosse différence. […] Jouer dans l’ECHL et dans la Ligue américaine, ça m’a vraiment aidé. »

Aidé à atteindre ses rêves. Le voilà dans la LNH.

« Ça pourrait être ma seule chance dans ma carrière, donc je veux donner tout ce que je peux pour rester le plus longtemps possible. »