(Victoriaville) Les Tigres de Victoriaville sont « greyés » en gardiens de but. Si le jeune Gabriel D’Aigle fait parler de lui pour son « potentiel élite », Nathan Darveau attire tous les regards par ses prouesses cette saison. Il n’attend que d’être remarqué par les recruteurs de la LNH…

Le contraste, au sein du duo de cerbères, est frappant. D’Aigle, deuxième choix au total du dernier encan de la LHJMQ, mesure 6 pi 4 po et était perçu comme un futur choix de premier tour dans la LNH avant même de disputer une rencontre avec les Tigres. Darveau, vétéran de 19 ans, mesure 5 pi 8 po, s’illustre depuis deux saisons, mais demeure ignoré par les équipes de la LNH en raison de sa taille.

Pour tout dire, Darveau est le secret derrière une grande partie des succès des Tigres de Victoriaville cette saison. Le jeune homme, initialement un choix de 11tour en 2019, devance tous les gardiens de la Ligue canadienne de hockey avec son taux d’arrêts de ,929 en 43 rencontres.

Or, l’entraîneur des gardiens des Tigres, Sébastien Charpentier, se désole du sort qui pourrait être réservé à son protégé au niveau supérieur.

La réalité est cruelle parce que les recruteurs ne regardent pas ces gars-là [qui sont petits comme Nathan]. Ils vont [plutôt] inviter des gardiens qui sont des projets à long terme et non accomplis dans le présent.

Sébastien Charpentier, entraîneur des gardiens des Tigres de Victoriaville

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Sébastien Charpentier, entraîneur des gardiens des Tigres de Victoriaville

« Ce n’est pas facile de dire “je veux faire carrière au hockey” et d’être aussi dominant dans la meilleure ligue junior au Canada sans savoir si tu vas avoir la chance de faire au moins un camp d’entraînement au niveau supérieur », explique Charpentier, qui fut l’un des derniers cerbères de 5 pi 9 po à atteindre la LNH, au début des années 2000.

« Tu ne peux pas prendre de journées de congé. »

C’est exactement ce que fait Darveau. Le Rouynorandien ne prend aucune journée à la légère. Il travaille, encore et encore. Et il espère obtenir au moins une invitation à un camp de la LNH.

« Je me concentre sur une game à la fois et je fais mon possible à chaque match pour leur montrer qu’ils ratent quelque chose », dit-il dans un sourire en entrevue avec La Presse au Colisée Desjardins de Victoriaville.

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Le gardien de but des Tigres de Victoriaville, Nathan Darveau

Selon son entraîneur-chef, Carl Mallette, Darveau « inspire tout le monde » chez les Tigres.

« J’ai une admiration incroyable envers lui parce qu’à tous les matchs, il nous donne une chance de gagner », note-t-il.

Je suis obligé de dire qu’il voit plus la rondelle que certains gros gardiens dans la ligue. […] Sa plus grande qualité, c’est son intelligence du hockey.

Carl Mallette, entraîneur-chef des Tigres de Victoriaville

« Il ne joue pas frustré, ajoute-t-il. Il est réaliste. Depuis qu’il a 14 ans que je le connais et ç’a toujours été : “Je vais vous montrer que je suis bon.” C’est ce qu’il fait. »

Main dans la main

Si D’Aigle et Darveau n’ont ni le même physique ni le même parcours, ils ont une force commune : « La combativité », paroles du vétéran.

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Le duo de gardiens des Tigres de Victoriaville, Gabriel D’Aigle et Nathan Darveau

« Les deux, on est vraiment compétitifs, donc c’est le fun dans les entraînements, enchaîne Darveau. On se challenge un peu. »

Son jeune coéquipier, de nature peu loquace, se montre plus bavard quand on lui parle de Darveau, avec qui il partage « une des meilleures relations de l’équipe ».

« On dit souvent que c’est la mitaine la plus vite de l’Est, lance le Sorelois de 16 ans.

— Ah oui ?

— Ouais. En tout cas, moi je dis ça ! »

Ce n’est pas le plus gros, mais c’est lui qui se donne le plus tout le temps. Il se bat pour la rondelle. Il va travailler jusqu’à ce qu’il l’arrête. […] En plus, c’est une bonne personne.

Gabriel D’Aigle, à propos de Nathan Darveau

Quand les Tigres ont sélectionné D’Aigle au deuxième rang au total, en juillet dernier, le plan était très clair : Nathan Darveau serait le premier gardien de l’équipe jusqu’à la fin de son parcours junior, à la fin de la saison 2023-2024. D’Aigle, qui aura alors presque 18 ans, sera prêt à prendre la relève la saison suivante, qui coïncidera avec son année de repêchage.

« Depuis le jour 1 du camp, ils marchent main dans la main, souligne Mallette. Le plan était établi pour les deux. »

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Les gardiens des Tigres de Victoriaville, Nathan Darveau et Gabriel D’Aigle

Une chance

Nathan Darveau dispose encore de temps pour continuer de montrer son savoir-faire aux recruteurs de la LNH. Alors que Mallette est « convaincu » que son gardien « va gagner sa vie avec le hockey », Charpentier est persuadé que « Nathan peut jouer dans la Ligue américaine à n’importe quel endroit ».

« Il faut passer au-dessus de sa grandeur, qu’une équipe ait le courage de l’inviter, qu’elle croie en lui », insiste D’Aigle.

Le mot de la fin appartient à Darveau :

« S’ils me donnent ma chance, c’est sûr et certain que je vais me prouver. »