Qu’arrive-t-il quand un travaillant enseigne à un travaillant ? Une partie de la réponse se trouve peut-être à Lehigh Valley.

Enfant, Elliot Desnoyers entendait souvent parler de Ian Laperrière, avec qui son père avait joué dans le hockey mineur.

« Mon père me disait à quel point c’est un travaillant. Il disait que c’était tout le temps comme ça que j’allais m’en sortir : en travaillant plus fort que les autres », raconte-t-il à La Presse au bout du fil.

Au fil des années, l’éthique de travail de Desnoyers est devenue l’un de ses nombreux atouts, lui permettant notamment d’être sélectionné au cinquième tour du repêchage de 2020 par les Flyers de Philadelphie. Cette année-là, Ian Laperrière était entraîneur adjoint chez les Flyers.

Comme le hasard a le don de bien faire les choses, Laperrière est devenu en 2021 l’entraîneur-chef du club-école des Flyers, les Phantoms de Lehigh Valley. À peine un an plus tard, en septembre dernier, Desnoyers se joignait à l’équipe quelques semaines après avoir remporté l’or avec Équipe Canada junior.

Celui dont son père lui avait tant parlé devenait son entraîneur.

C’est juste une boule d’énergie. C’est vraiment un coach extraordinaire pour moi depuis le début de l’année.

Elliot Desnoyers, à propos de Ian Laperrière

Dès ses premiers moments dans la Ligue américaine, Desnoyers a montré ce qu’il savait faire en inscrivant un but dans chacun de ses trois premiers matchs. En 55 rencontres, le natif de Saint-Hyacinthe affiche 21 buts et 18 mentions d’aide ; des débuts professionnels remarquables. Il serait bien bête de ne pas faire le lien entre son style de jeu et celui de l’entraîneur qui le dirige.

« Lappy y va beaucoup avec le mérite, la façon dont tu travailles. Il reste accroché à ses valeurs de quand il était joueur et il en donne à ceux qui lui en donnent. Il m’a bien fait savoir ça dès le début de l’année. Il n’était pas trop inquiet pour moi. J’ai fait mes affaires et il m’en a donné pleinement cette année. Je pense que ça m’a vraiment aidé. »

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DES PHANTOMS DE LEHIGH VALLEY

C’est ce même Laperrière qui, le 24 février dernier, a passé un coup de fil à Desnoyers pour lui annoncer qu’il était rappelé par les Flyers de Philadelphie. Le jeune homme venait justement de regarder le match entre l’équipe qui l’a repêché et le Canadien de Montréal, l’équipe de son enfance.

« C’était vraiment spécial. Je regardais la game et, tout de suite après, Lappy m’a appelé. J’étais sur le bord d’aller me coucher et il m’a dit : “Prépare tes affaires, tu t’en vas à Philly, tu joues demain contre New Jersey.” »

Desnoyers n’a pas eu à se faire prier : il a sauté dans sa voiture, direction Philadelphie, à une heure et demie de route. « Je suis arrivé assez tard, mais je n’étais pas capable de dormir de toute façon ! »

Bonne impression

Le 25 février, Elliot Desnoyers a disputé son premier match dans la Ligue nationale dans l’uniforme orange des Flyers. Si l’équipe a subi une cuisante défaite de 7-0 aux mains des Devils, Desnoyers a distribué six mises en échec et dirigé deux tirs au but en près de 15 minutes de temps de jeu. L’entraîneur-chef, John Tortorella, l’a encensé devant les médias locaux après la rencontre.

« Je l’ai trouvé excellent [terrific], a-t-il dit. Normalement, quand un jeune est rappelé, je ne le remarque pas vraiment. […] Je l’ai regardé ; il était impliqué, il a cogné, il a appliqué de la pression. Il n’était intimidé par rien ni personne. »

PHOTO ED MULHOLLAND, USA TODAY SPORTS

Elliot Desnoyers (73), lors de son premier match dans la LNH, le 25 février dernier, contre les Devils du New Jersey

Des mots qui veulent dire beaucoup, surtout venant d’un entraîneur réputé pour sa franchise.

« Je t’avouerais que je n’étais pas super content après la game. J’ai vu mes parents, mais on dirait que mon instinct de compétiteur… J’avais un peu [la défaite] sur le cœur. Après ça, j’ai regardé la vidéo et je pense qu’il était content de ce que j’avais fait cette game-là. Je pense que c’était un bon début individuellement », reconnaît Desnoyers.

Je pense que Torts est vraiment axé sur les détails, sur ton effort. J’étais dans cette mentalité-là de juste jouer ma game.

Elliot Desnoyers

Les jours qui ont suivi n’ont pas été de tout repos pour l’ancien des Mooseheads de Halifax. Le soir même, il est retourné à Lehigh Valley, où il a affronté les Islanders de Bridgeport dès le lendemain. Le surlendemain, il était de nouveau rappelé par les Flyers. Il a disputé un autre match avec eux avant d’être rétrogradé dans la Ligue américaine une nouvelle fois. Ça ne s’arrête pas là ; le 9 mars, le jeune homme était rappelé pour la troisième fois en 10 jours. Il a joué ses troisième et quatrième rencontres dans la LNH. Depuis, il est de retour à Lehigh Valley.

« Émotionnellement, on dirait que je ne suis pas encore habitué à ça, d’être rappelé et tout ça. C’était beaucoup d’émotions en une semaine et demie. J’essayais de digérer ça le mieux que je pouvais. Je pense que ça s’est bien passé en général. »

« Eux, leur but, c’est vraiment de me donner de l’expérience pour m’aider à être le meilleur professionnel que je peux devenir. Je suis très reconnaissant des chances qu’ils m’ont données jusqu’à maintenant. »

Maintenant, Desnoyers compte bien faire tout en son pouvoir pour jouer à Philadelphie à temps plein la saison prochaine. Pour y arriver, il continuera sans doute à suivre les conseils du paternel : travailler plus fort que les autres.

« The Destroyer »

Lors de son premier camp d’entraînement avec les Flyers, Desnoyers a hérité du surnom « The Destroyer ». C’est un amateur de l’équipe qui a été le premier à le nommer ainsi sur les réseaux sociaux. L’appellation, qui a sans doute été choisie en référence à la sonorité de son nom de famille en anglais, l’a suivi depuis. Selon le Larousse, un destroyer est un « bâtiment de guerre de moyen tonnage, rapide, bien armé, chargé notamment de mission d’escorte ». Même si le surnom colle bien à son style, Desnoyers admet qu’il préfère se faire appeler Desy.