Jadis, quand ces deux clubs-là s’affrontaient à cette date ou à peu près, ça signalait l’arrivée du printemps, du vent chaud, des soirées chaudes aussi.

Jadis, un Canadien-Bruins en avril était un classique, un incontournable, parce que ça arrivait à chaque printemps, ou presque, et parce que ça voulait dire qu’il allait y avoir du hockey intense comme on l’aime pendant au moins quatre matchs, souvent sept.

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Bien sûr, nous ne sommes plus jadis. Nous sommes maintenant, et maintenant, le Canadien de 2022-23 n’est plus, encore moins après cette défaite, honorable au demeurant, de 5-4, dans ce qui aura été le dernier match d’une saison interminable, jeudi soir au Centre Bell.

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Michael Pezzetta

En fin de soirée, les joueurs ont passé un peu de temps à saluer la foule, avec les blessés derrière le banc, presque plus nombreux que les gars sur la glace. S’il y a une image pour résumer cette saison, c’est bien celle-là : 20 gars en uniforme, 15 gars en cravate derrière eux, dont Carey Price. Bien sûr, on ne gagne pas des matchs de hockey en cravate.

La suite ? Elle est bien difficile à prévoir, la suite. Des 20 gars qui étaient des membres du Canadien en ce dernier soir de saison, combien seront de retour lorsque le camp va s’amorcer, en septembre ?

On a réussi à obtenir pas mal d’information sur beaucoup de nos joueurs. C’est peut-être de l’information qu’on n’aurait pas pu obtenir autrement… alors avec les blessures, d’une certaine façon, on a pu faire quelque chose de positif, parce que ça nous a permis d’avoir de l’information au sujet de certains joueurs. C’est bon parce que ça va nous aider à prendre des décisions.

Martin St-Louis, entraîneur-chef du Canadien

Ces décisions vont bien finir par arriver, et on aura peut-être des brins de réponse vendredi à Brossard, lors du bilan du club.

En attendant, de l’avis de l’entraîneur lui-même, tout est possible.

« Qui sait de quoi notre formation aura l’air la saison prochaine ? Mais je sais qu’il y aura amplement de gars qui vont embarquer et qui vont nous aider à vendre notre concept aux autres. Et ça prend du temps. Où Boston se trouve en ce moment ? Ça prend du temps. En tant que joueur, je les ai affrontés en 2011 dans les séries lors de la finale d’association, avec plusieurs de leurs joueurs d’importance, et ça fait 12 ans… alors ça prend du temps je crois.

« Nous en sommes encore au stade infantile par rapport à où on veut se retrouver. La saison prochaine, on va avoir fait un peu plus de chemin. À quelle vitesse on va arriver là ? Je ne le sais pas. Je ne sais pas quand on va pouvoir en arriver à effectuer ce changement, mais j’ai hâte à ce jour. »

Avec tout ça, ce club-là aura connu la saison que l’on avait prédit : difficile. Ça ne pouvait pas aller autrement, et même si les blessés n’avaient pas été blessés, le Canadien n’aurait sans doute pas vraiment pu faire mieux.

Reste la loterie, et la suite, la très longue suite. Les Oilers d’Edmonton ont bien repêché plusieurs joueurs de premier plan au cours des dernières années, mais ils arrivent à peine à s’extirper de la fange.

Mais le Canadien a un entraîneur qui n’aime pas perdre. C’est déjà ça.

« Tu peux perdre en finale de la coupe Stanley, tu peux perdre en finale d’association, et c’est toujours la même affaire : quand c’est fini, c’est un feeling qui est plate, a-t-il expliqué. Peu importe comment, quand c’est fini, c’est plate… »

En hausse : Lucas Condotta

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Lucas Condotta

Quoi de mieux que de disputer son premier match dans la LNH, et d’en profiter aussi pour marquer son premier but ?

En baisse : Joel Armia

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Joel Armia

Un autre match où on ne l’a pas vu. Le Canadien peut-il vraiment le ramener ?

Le chiffre du match : 28

Le rang du Canadien au classement général, ce qui lui confère le cinquième rang des meilleures chances en vue de la loterie du repêchage. Ce qui confère au Canadien 8,5 % de chances de gagner la loterie.

Dans le détail

L’intrigante soirée de Bergeron

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Patrice Bergeron

Si c’était le dernier match de Patrice Bergeron à Montréal, ç’aura été… particulier. Le vétéran à l’avenir incertain était de la formation partante des Bruins et a eu droit à un accueil chaleureux du public. Il a disputé le type de première période qui lui a valu cinq trophées Selke jusqu’ici, remportant huit de ses neuf mises au jeu et réalisant un repli défensif crucial pour briser une descente à 2 contre 1 de Nick Suzuki et Chris Tierney. Sauf que ça s’est arrêté là. Après la première période, les Bruins ont fait savoir que le match de Bergeron était terminé de façon préventive, en raison d’une blessure au haut du corps. Après la joute, l’entraîneur-chef de l’équipe, Jim Montgomery, a voulu se faire rassurant. « Il est correct. Il voulait continuer le match et je lui ai dit non. » La situation sera intéressante à suivre d’ici au début des séries, lundi, car la présence même de Bergeron en a surpris quelques-uns. Il n’y avait en effet aucun enjeu au classement pour les Bruins, mais l’équipe a tout de même envoyé tous ses vétérans à Montréal, à l’exception de David Krejci et Linus Ullmark. « À l’approche des séries, la meilleure façon de se préparer est de jouer des matchs », avait dit Bergeron, jeudi matin. Parlant de blessés, Michael Matheson n’a pas terminé le match lui non plus, mais sa blessure semblait bien réelle. Le défenseur du CH s’est blessé au « bas du corps », selon la version officielle de l’équipe, en deuxième période.

Lucas Condotta sur les traces du Magnifique

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Lucas Condotta

Comme Mario Lemieux en 1984 et Daniel Carr en 2015, Lucas Condotta a marqué dès sa première présence dans la LNH. L’attaquant au sourire contagieux, rappelé le jour même du match, a ouvert la marque dès la quatrième minute. C’était le début d’une bonne soirée de travail pour lui, qui a obtenu cinq tirs au but et distribué trois mises en échec même s’il n’a joué que 11 minutes. Jamais repêché, il a signé un contrat avec le Canadien le printemps dernier, en tant que joueur autonome, après quatre saisons à l’Université du Massachusetts à Lowell, et il compte 30 points (16 buts, 14 passes) en 71 matchs cette saison avec le Rocket. « J’étais juste vraiment content pour Lucas, il le mérite, il travaille tellement fort, a souligné son coéquipier du Rocket, et compagnon de trio avec le CH jeudi, Joël Teasdale. On a juste continué à faire ce travail-là pendant tout le match. On a été bons à travailler dans le bas de la zone et à aller au filet. » Teasdale a lui-même obtenu une passe sur ce but, son premier point dans la LNH. Les deux gaillards retourneront maintenant à Laval où le Rocket disputera le dernier match de sa saison vendredi, au plus fort de la course aux séries.

Montembeault retiré malgré tout

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Samuel Montembeault

Les Bruins n’avaient aucun enjeu au classement dans ce match, mais le CH pouvait encore bouger. Avec 68 points, le CH pouvait encore « grimper » au 27e rang, devant les Coyotes, qui totalisaient 69 points avant leur match contre les Canucks. Bref, du point de vue de la loterie du repêchage, Montréal n’avait aucun intérêt à gagner ce match. Mais Martin St-Louis et ses joueurs n’avaient évidemment cure de ladite loterie du repêchage. L’entraîneur-chef a donc rappelé Samuel Montembeault au banc pour envoyer un sixième patineur, et a même demandé un temps d’arrêt avec 28 secondes à jouer. « On a joué pour gagner. Si tu fais les choses de la bonne façon, les choses vont aller en ta faveur », a expliqué St-Louis.