Était-ce une saison de hockey, ou plutôt un marathon dont l’objectif était strictement de rester en vie ? Au terme de 82 matchs dont le fil conducteur a été le nombre ahurissant de blessures, La Presse propose son évaluation finale de l’édition 2022-2023 du Canadien.

Le tableau d’honneur

Cole Caufield

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Cole Caufield

Ce n’est pas un joueur parfait. Mais à sa deuxième saison complète, Caufield a confirmé qu’il appartient déjà au cercle réduit des buteurs les plus dangereux de la LNH. Presque trois mois après qu’il eut disputé son dernier match de la saison, seul Nick Suzuki a égalé ses 26 buts (en 36 matchs de plus !). Ça en dit long sur son importance à Montréal. Il est bon et le sera longtemps.

Kirby Dach

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Kirby Dach

Ses débuts au centre ont été chancelants, si bien qu’on l’a muté à la droite de Cole Caufield et de Nick Suzuki. Le déclic a été évident, et sa transition au centre, plus tard dans la saison, n’en a été que plus harmonieuse. La fin de parcours a été frustrante pour lui, mais Dach a néanmoins eu le temps de démontrer pourquoi il avait tant fait rêver les recruteurs. Sa manière d’utiliser son gabarit pour générer de l’attaque est impressionnante. L’avenir est florissant.

Rafaël Harvey-Pinard

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Rafaël Harvey-Pinard

Sans conteste LA révélation de la saison. Dès son arrivée, il a eu un impact. Il a été le meilleur buteur (14) du CH après son rappel à la mi-janvier. On peut s’attendre à ce que cette production fléchisse, après que 24,1 % de ses tirs se furent convertis en buts – une proportion démesurée. Néanmoins, il s’est révélé un spécialiste pour générer des chances de marquer. Son avenir semble indéniablement passer par Montréal et non plus par Laval.

Mike Matheson

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Mike Matheson

Il faudra attendre que le Canadien ait globalement meilleure mine avant de statuer sur l’ampleur du vol qu’a réalisé Kent Hughes en arrachant Mike Matheson aux Penguins de Pittsburgh. Le Montréalais a néanmoins avalé les minutes – presque 25 par match –, a réussi la meilleure récolte offensive de sa carrière et a conservé un impensable différentiel de +7. Il est instantanément devenu le défenseur no 1 de cette équipe.

Samuel Montembeault

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Samuel Montembeault

Les statistiques de Samuel Montembeault ne sont pas spectaculaires. Or, conserver un taux d’efficacité égal ou supérieur à la médiane du circuit, autant à cinq contre cinq (,919) que toutes phases de jeu confondues (,903), tient de l’exploit. Surtout quand on sait que la défense devant lui a été l’une des plus poreuses de la LNH. Il ne fait plus de doute que le Québécois appartient à cette ligue.

David Savard

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David Savard

Un autre que les statistiques n’adorent pas, mais dont l’évaluation demande une mise en perspective. Il est parmi les défenseurs qui bloquent le plus de tirs dans la LNH, et parmi ceux qui écoulent le plus de minutes en désavantage numérique. Toute la saison, il a affronté les meilleurs trios adverses. Cela faisait sept ans que son temps de glace n’avait pas été aussi élevé. Agissant à titre de grand frère pour les multiples recrues, il a été le capitaine informel de la défense. Bref, un incontournable.

Nick Suzuki

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Nick Suzuki

À sa première saison comme capitaine, il a établi des sommets personnels pour les buts (26) et les points (66). Il a pris l’équipe sur ses épaules, disputant plus de 21 minutes par match, ce qui le place parmi le top 10 chez les attaquants de la LNH. Il a en outre maintenu la même production de point par match après la blessure de Caufield (0,81) qu’avant (0,8). Le joueur par excellence de la saison chez le CH.

Les bons élèves

Josh Anderson

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Josh Anderson

Ce n’est pas un monstre de créativité en possession de la rondelle ni un fin dentellier autour du filet. Et ses passages à vide sont parfois longuets. Mais Josh Anderson a été l’un des attaquants les plus productifs du club depuis le début de l’année 2023. Il a enfin dépassé le plateau des 20 buts, une première pour lui depuis la saison 2018-2019.

Alex Belzile

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Alex Belzile

L’attente n’aura pas été vaine. À 31 ans, le Québécois a enfin eu l’occasion de se faire valoir dans la LNH et d’y connaître du succès. Sa présence a stabilisé le quatrième trio, qui en a profité pour contribuer à l’attaque. Lui-même a inscrit 6 buts et amassé 14 points en 31 matchs après son rappel en janvier, tout en accomplissant du boulot plus qu’honnête défensivement. Ça pourrait bien lui valoir un premier contrat à sens unique de la LNH.

Jake Evans

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Jake Evans

Nettement mieux servi sur un troisième trio que sur un quatrième, Evans s’est révélé une valeur sûre en mission défensive, tout en offrant une contribution très potable en attaque – un demi-point par match depuis décembre. On ne peut toutefois faire abstraction de ses 2 points en 24 joutes en début de saison. Les départs lents sont d’ailleurs récurrents chez lui et, à l’approche du seuil des 200 matchs dans la LNH, il devra trouver plus de constance.

Kaiden Guhle

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Kaiden Guhle

Possiblement la recrue par excellence chez le Canadien. Son utilisation moyenne de 20 min 31 s a été l’une des plus élevées chez les arrières de première année dans toute la LNH. À ses débuts professionnels, on ne l’a pas épargné et, du haut de ses 20 ans, il a répondu comme un vétéran. Ce qui l’empêche d’atteindre le groupe de tête de ce décompte, ce sont ses indicateurs défensifs à cinq contre cinq. Le test de l’œil le faisait bien paraître ; les chiffres, beaucoup moins. Le potentiel, néanmoins, est énorme. Une future vedette, voire un futur capitaine.

Jordan Harris

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Jordan Harris

L’une des intégrations les plus réussies chez les jeunes joueurs du club cette saison. Harris a vu son temps de glace fluctuer au gré de son jeu et des besoins du club. Bien servi par la sobriété de son jeu, il poursuit son apprentissage.

Sean Monahan

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Sean Monahan

Sans conteste le joueur dont l’absence s’est le plus fait sentir. Sa prestance au sein du deuxième trio apportait une stabilité qui n’a jamais été retrouvée après qu’il se fut blessé au pied au début du mois de décembre. On ne l’a plus revu par la suite. Dommage pour lui, puisqu’il écoulait la dernière année de son contrat, et pour le Tricolore, qui a dû répartir le travail après sa perte avec plus ou moins de succès.

Arber Xhekaj

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Arber Xhekaj

Son positionnement et son exécution en territoire défensif demandent encore du travail. Or, au sein d’un groupe important de joueurs recrues, il a su montrer son unicité. Son coup de patin, son tir et son flair offensif ont fait écarquiller bien des yeux. Surtout, sa robustesse est sans égale dans cette équipe. Il s’est rapidement imposé comme un adversaire redouté. Une blessure subie pendant un combat lui a toutefois coûté les derniers mois de la saison.

Les notes de passage

Jake Allen

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Jake Allen

Il a été parfois impérial, parfois mauvais, souvent correct, mais sans plus. On attendait de Jake Allen qu’il soit un pilier pour son équipe. Des blessures et une tâche aride derrière une défense poreuse ont toutefois plombé ses performances. Il a néanmoins volé quelques matchs. Il y aura lieu, pour l’organisation, de se questionner sur le nombre de matchs qui lui seront confiés à l’avenir.

Justin Barron

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Justin Barron

Il faut donner à Justin Barron le mérite qui lui revient. Après avoir été retranché au camp d’entraînement, et après un premier rappel éprouvant, il a retrouvé sa confiance et son aplomb. Il s’est dégêné offensivement et a laissé entrevoir des signes encourageants pour l’avenir. Défensivement, toutefois, il est très vulnérable. Il est le défenseur régulier contre lequel l’adversaire obtient le plus de chances de marquer à cinq contre cinq, et ce, en dépit du fait qu’il soit impliqué dans très peu de mises en jeu en territoire défensif.

Jonathan Drouin

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Jonathan Drouin

Pour la quatrième année de suite, il a disputé moins de 80 % des matchs de son équipe. Une belle séquence offensive en février et en mars l’a présenté sous son meilleur jour, mais la dernière ligne droite de la saison l’a vu retourner à un rôle effacé. À moins d’une surprise de taille, son association au CH tire manifestement à sa fin.

Brendan Gallagher

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Brendan Gallagher

Il a marqué la moitié de ses buts après son retour au jeu en mars, rachetant un peu son début de campagne inquiétant. Il continue de générer beaucoup de chances de marquer, ce qui est positif. Mais une production équivalant à une trentaine de points sur une saison complète justifiera-t-elle encore longtemps sa présence dans la formation ?

Mike Hoffman

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Mike Hoffman

Si un attaquant réputé pour ses seules qualités de marqueur produit à un rythme de 17 buts par tranche de 82 matchs, que lui reste-t-il ? C’est la question que l’on est en droit de se poser à propos de Mike Hoffman, quatrième pointeur de cette édition 2022-2023 du CH. Ses rares flashs géniaux sont largement assombris par la faiblesse de sa prise de décision en possession du disque. Il n’apparaît pas comme un leader malgré son statut de doyen.

Johnathan Kovacevic

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Johnathan Kovacevic

Belle surprise que l’apport de ce grand gaillard, peu connu avant le début de la saison. Son association à Jordan Harris, sur un troisième duo, ainsi qu’une contribution honnête en infériorité numérique lui ont permis de se mettre en valeur. En fin de calendrier, toutefois, avec des tâches accrues, c’est devenu franchement plus difficile pour celui dont c’était, à 25 ans, la première saison complète dans la LNH.

Anthony Richard

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Anthony Richard

Aidé par un coup de patin hors du commun, Richard s’en est plutôt bien sorti lorsqu’on a fait appel à lui. Il n’a pas, pour autant, encore fait la preuve qu’il peut évoluer dans la LNH avec régularité.

Jesse Ylönen

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Jesse Ylönen

Après avoir été limité à 2 maigres points à ses 11 premières rencontres, le Finlandais a trouvé un joli rythme de croisière… avant de connaître un passage à vide et de se retrouver sur le quatrième trio. Sa vitesse et la qualité de son tir sont ses principaux atouts. Or, appartient-il à un top 6 de la LNH ? Pas vraiment. À un top 9 ? Ce n’est pas clair. Son rôle reste encore à définir.

Les derniers de classe

Joel Armia

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Joel Armia

Quand il est bon, il ne l’est pas à moitié. Mais ça arrive si peu souvent qu’il est difficile de ne pas perdre espoir en cet attaquant qui, sur papier, a tout pour réussir. Martin St-Louis disait récemment qu’il n’appartenait qu’à lui de mettre la main sur « la meilleure chaise possible » au prochain camp d’entraînement. Difficile de croire que ce sera ailleurs que sur un quatrième trio.

Christian Dvorak

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Christian Dvorak

L’inclure dans cette catégorie nous navre presque, car Dvorak s’est retrouvé dans une position peu enviable. Ses ailiers ont changé presque chaque soir, il a écopé de lourdes tâches en l’absence de Sean Monahan et de Kirby Dach, il a raté la fin du calendrier après avoir été opéré à un genou… Il n’empêche que l’Américain, aussi dévoué soit-il, n’est pas assez efficace défensivement pour les missions qu’on lui confie. Jake Evans accomplit le même boulot, et il le fait probablement mieux, à une fraction de son salaire.

Joel Edmundson

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Joel Edmundson

Aucun défenseur ayant disputé au moins 500 minutes à cinq contre cinq cette saison dans la LNH n’a concédé des buts à un rythme plus élevé que l’a fait Joel Edmundson (4,37 par tranche de 60 minutes). Jadis un symbole de fiabilité, le voilà plus vulnérable que jamais dans sa zone. Vu son historique de blessure, sa valeur sur le marché des transactions pourrait bien avoir fondu en quelques mois à peine.

Denis Gurianov

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Denis Gurianov

Une acquisition de type « faible risque, haut potentiel ». La deuxième portion ne s’est jamais concrétisée. Il y a quelques semaines, Martin St-Louis a laissé passer un long silence embarrassé lorsqu’un journaliste lui a demandé quels attributs, outre son coup de patin et son fort gabarit, il reconnaissait au Russe. Les chances sont grandes qu’on ne le revoie pas à Montréal.

Michael Pezzetta

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Michael Pezzetta

Sa saison n’allait nulle part avant l’arrivée d’Alex Belzile au centre du quatrième trio. Son nouveau souffle a été manifeste, mais de courte durée. C’est une bête à l’entraînement, et il est ultrasympathique. Mais ses limitations sur la glace sont flagrantes. Son jeu physique n’est pas suffisamment efficace pour en faire un incontournable.

Rem Pitlick

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Rem Pitlick

Un attaquant à caractère offensif au potentiel très limité, doublé d’un joueur « de profondeur » aux carences défensives évidentes. Il ne percerait la formation d’aucune bonne équipe du circuit.

Juraj Slafkovsky

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Juraj Slafkovsky

Son adaptation au jeu nord-américain a été stoppée net par une blessure à un genou qui a mis fin prématurément à sa saison. Son talent est évident, et ses attributs physiques sont hors normes. Il devra toutefois apprendre à mieux les utiliser. Il en a le temps : il a été, de loin, le plus jeune joueur régulier de la LNH cette saison. Néanmoins, il a été blanchi et a présenté un différentiel de -12 à ses 15 derniers matchs avant de déclarer forfait. Beaucoup de travail à faire, ici.

Chris Tierney

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Chris Tierney

Un joueur ordinaire qui a rendu un coup de main potable à une équipe démunie. On se doute qu’il n’aura été que de passage.

Chris Wideman

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Chris Wideman

Un vétéran qui ne se plaint jamais de son sort, qui se présente chaque jour au travail avec le sourire, et ce, malgré ses multiples exclusions de la formation, ça vaut de l’or. Mais sur la glace, il est un boulet pour son club. On peine à l’imaginer dans la LNH l’automne prochain.

Note : Nous avons retenu tous les joueurs qui ont disputé au moins 8 matchs (10 % de la saison), à l’exception d’Evgenii Dadonov, échangé aux Stars de Dallas en février dernier. Ils sont classés en ordre alphabétique au sein de leur catégorie respective.