Martin Lafleur ne se souvient plus de la journée exacte ni de la date, mais il sait que ça lui est venu comme ça, par un matin de vide, quelques jours après le départ de son père.

C’était il y a un an, ou à peu près. Le Québec pleurait encore Guy Lafleur, et Martin, lui, savait bien que le départ de son père n’allait pas être en vain.

Parce qu’il ne le fallait pas. Parce que ce combat ne devait pas cesser.

Je me suis réveillé ce matin-là et je me suis dit : il faut continuer. La lutte contre le cancer, c’est une cause à laquelle mon père tenait, il a aidé à ce fonds jusqu’à la fin de ses jours. Je n’ai pas la notoriété de mon père, mais j’essaie le plus possible de garder ce fonds-là en vie…

Martin Lafleur

Le fonds en question, c’est le Fonds Guy-Lafleur. L’ex-gloire du Canadien avait été elle-même ambassadrice de la Fondation du CHUM, qui est à l’origine de ce fonds consacré à la recherche sur le cancer, ainsi qu’au développement d’un programme spécialisé en oncologie.

Le thème choisi pour cette campagne, « Arrêtons de perdre ceux qu’on aime », est particulièrement évocateur aux yeux de Martin Lafleur, au premier anniversaire du départ de son papa.

« C’est quelque chose que mon père a commencé en 2019, et la famille, on voulait que ça puisse se poursuivre… On voulait continuer à amasser des fonds pour la recherche, aussi pour aider les gens qui doivent composer avec la maladie, afin qu’ils aient une meilleure qualité de vie.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Martin Lafleur, fils de Guy Lafleur

« Ce qu’on veut, c’est de rendre la suite des choses plus positive. Si on regarde juste le lancement du livre qui vient de paraître [Guy Lafleur et nous : 50 regards sur l’athlète et l’homme, par Steven Finn et Pierre Gince], c’est un bel hommage que 50 personnes, des gens du hockey surtout, lui rendent, avec des anecdotes, des histoires. On essaie de mettre l’accent sur ce qui est positif, pour faciliter ce deuil qui est quasi insurmontable chaque jour. Mon père prenait énormément de place dans notre famille… »

Au cours de notre entrevue, Martin Lafleur évoquera souvent ce « lien avec les gens » que Guy Lafleur avait pris grand soin de bâtir au fil du temps. Il se souvient entre autres de la chapelle ardente en plein Centre Bell, quand il voyait défiler devant lui des dizaines et des dizaines de partisans vêtus d’un chandail tricolore frappé du numéro 10.

Chaque fois, il remarquait la même chose : tous les chandails portaient la signature authentique de Guy Lafleur lui-même.

« On ne verra plus jamais ça, ajoute-t-il. Mon père ne refusait jamais rien à personne, et ce jour-là, en particulier, j’ai pu voir combien les gens l’appréciaient, j’ai pu voir toute cette reconnaissance. C’était à la hauteur de l’homme qu’il a été. C’est quelqu’un qui a tellement donné, qui a tellement eu un impact sur la société québécoise… »

On dit parfois que les légendes ne meurent jamais, et d’une certaine façon, Guy Lafleur sera toujours parmi nous. Entre autres avec cette bataille contre le cancer qui va continuer, parce qu’il le faut, lui qui avait pour objectif d’amasser 5 millions de dollars pour la cause. La somme amassée se chiffre actuellement à 1 767 214 $.

C’est ce combat-là que Martin Lafleur souhaite continuer, comme si le match ne venait que de commencer.

« On entend dire qu’il y a un vaccin qui s’en vient, qu’il y a des traitements expérimentaux… mais aussi, il faut penser au soutien, penser à atténuer les effets secondaires des traitements. Le Fonds, ça sert à un peu tout ça, et ça vient toucher plusieurs facettes de la bataille contre le cancer. Parce que c’est important de vouloir en faire plus… »

Contribuez au Fonds Guy-Lafleur