(Gatineau) En 2019, les Olympiques de Gatineau étaient au bord du gouffre. Trois ans plus tard, non seulement l’organisation est sortie de la noirceur, mais elle brille sous le soleil. « On est redevenus une destination où les jeunes veulent jouer », atteste un des artisans de la grande résurrection, l’entraîneur-chef Louis Robitaille.

Robitaille est en pleine préparation en vue du duel de demi-finale de son équipe face aux Remparts de Québec quand il nous reçoit dans son bureau du Centre Slush Puppie, mercredi matin.

L’amphithéâtre, encore flambant neuf, est invitant. Ici, le logo des Olympiques est partout. Dans le vestiaire, au-dessus des casiers, on peut lire en grosses lettres : « tradition d’excellence ». Parce que oui, les Olympiques ont une tradition d’excellence. On parle de la franchise la plus titrée de l’histoire de la LHJMQ, avec sept championnats et une Coupe Memorial au compteur.

Mais en 2019, elle a connu des moments difficiles. Dans sa chronique du 14 décembre de cette année-là, notre collègue Alexandre Pratt écrivait ceci : « Des foules de 350 spectateurs. Des actionnaires qui préparent un putsch. Des joueurs qui méprisent leur patron. Deux séries de 10 défaites consécutives. Tout ça, à la veille d’un déménagement dans un aréna flambant neuf de 80 millions. »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE JEAN-FRANOIS PLANTE (@JFPLANTE_DROIT)

Le 11 décembre 2019, à peine 350 spectateurs s’étaient déplacés au Centre Robert-Guertin pour assister à un match entre les Olympiques de Gatineau et l’Armada de Blainville-Boisbriand.

Autrement dit : l’organisation avait pris une « débarque ». En avril 2020, elle a procédé à un grand ménage et a fait de Louis Robitaille son homme de confiance pour redonner à la franchise ses lettres de noblesse. L’équipe venait alors de terminer la saison au 16e rang avec une maigre récolte de 20 victoires en 63 rencontres.

Quand je suis arrivé ici, c’étaient un peu les années noires des Olympiques. Il n’y avait pas beaucoup de monde à Guertin, le monde désertait l’aréna.

Louis Robitaille, entraîneur-chef des Olympiques de Gatineau

Cet été-là, les Olympiques détenaient quatre des huit premiers choix de la séance de sélection. Ils ont sélectionné Tristan Luneau, Antonin Verreault, Samuel Savoie et Noah Warren. Ces joueurs sont, trois ans plus tard, les têtes d’affiche d’une équipe qui pourrait mettre la main sur le trophée Gilles-Courteau au cours des prochaines semaines.

Une nouvelle vision

Au cours des dernières années, différents artisans ont travaillé de concert pour regagner le cœur des Outaouais. « Honnêtement, il y a eu beaucoup de travail à faire. Ça part de Louis, des actionnaires, de tout le monde qui a décidé qu’on changeait un peu le vent [de bord] », nous explique Olivier Beauregard, directeur des communications et du marketing.

PHOTO SIMON SÉGUIN-BERTRAND, ARCHIVES LE DROIT

L’entraîneur-chef des Olympiques de Gatineau, Louis Robitaille, a contribué à relancer la franchise.

Ce dernier travaillait pour le Tricolore quand il a reçu un appel de Robitaille. Natif de Gatineau, il hésitait à revenir, mais il a été convaincu. « Louis avait vraiment une vision, un peu à l’image du Canadien. Il voulait qu’on fasse un marketing plus complet. »

L’organisation s’est affairée à bâtir une expérience client unique les soirs de matchs. Elle s’est montrée plus présente dans la communauté. « Les gars, je les amène pratiquer avec des jeunes dans du hockey mineur, explique-t-il. On va dans les écoles lire des livres. »

Le plus gros mandat, selon Beauregard, était « d’amener le monde ici », au Centre Slush Puppie. C’est que le sentiment d’appartenance des partisans au Centre Robert-Guertin, où l’histoire s’est écrite, était puissant.

« Guertin, c’était comme le Forum de Montréal, note Louis Robitaille. Tu savais qu’il y avait de l’ambiance. […] Il a fallu [que les gens] bâtissent ce sentiment-là, qu’ils trouvent leur aise, qu’ils s’approprient l’amphithéâtre. Les investissements faits par les propriétaires, le panneau indicateur, les lumières DEL qui ont été ajoutées par après… On a deux DJ qui sont ici à temps plein. On veut vraiment créer un happening. »

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DES OLYMPIQUES DE GATINEAU

Un total de 128 000 personnes ont assisté aux matchs locaux des Olympiques de Gatineau cette saison.

Ç’a fonctionné. Cette saison, pour son 50e anniversaire, la franchise a pulvérisé son record d’assistance de 117 000 spectateurs établi en 1976. Un total de 128 000 personnes ont assisté aux matchs. Depuis le début des séries, l’équipe fait salle comble. Cette semaine, des partisans faisaient la queue aux petites heures pour mettre la main sur des billets pour les prochains matchs à domicile. L’engouement est si fort que le site web a même flanché…

« C’est complètement fou, lance pour sa part Robitaille. Je me sens comme dans une petite ville, mais c’est une grande ville. […] On se fait arrêter, les gens nous disent à quel point ils sont fiers. »

« On a hâte de jouer à la maison, ajoute-t-il. Les gens attendent les joueurs pendant une heure après le match pour avoir des autographes. Ils sont vraiment fiers et nos joueurs sont fiers de porter le chandail. »

Je pense que c’est un tout. C’est un partenariat entre les partisans, l’organisation, le nouveau centre… On a créé ce buzz-là, les joueurs l’ont créé, et je pense que ça fait du bien.

Louis Robitaille

Selon l’espoir du Canadien Riley Kidney, qui s’est joint à l’équipe en janvier dernier, le Centre Slush Puppie est « le plus bruyant dans lequel [il a] joué, surtout dans les séries ». « Ça donne des frissons, c’est dur à décrire », ajoute-t-il.

Pas de doute : entre 2019 et 2023, c’est le jour et la nuit chez les Olympiques.

« Tout le monde a embarqué dans le buzz, dit Olivier Beauregard. Les gens diffusent les matchs dans leur restaurant. Tout le monde veut s’associer aux Olympiques. On ne pouvait pas demander mieux pour le 50e. »

Ne manque que la coupe.