Pour une hockeyeuse native de Québec, s’établir à Montréal n’est pas spécifiquement un retour à la maison. Mais après six ans passés à jouer aux États-Unis, c’est pas mal ce qui s’en rapproche le plus.

Après avoir passé la dernière saison avec le Pride de Boston, Élizabeth Giguère, l’une des attaquantes les plus prolifiques de la Premier Hockey Federation (PHF), s’est entendue avec la Force de Montréal. Son embauche a été confirmée par l’équipe mercredi en même temps que celle de la gardienne Corinne Schroeder, elle aussi une ancienne du Pride et gardienne par excellence du circuit en 2022-2023.

« Je n’ai pas été aussi proche des membres de ma famille depuis des années, confirme Giguère au bout du fil. Ils m’ont appuyée pendant tout ce temps aux États-Unis, alors rentrer au Québec et jouer devant eux, ce sera très spécial. »

La Québécoise s’est en effet exilée en 2017 pour aller jouer à l’Université Clarkson, dans la NCAA. Elle a disputé son ultime campagne sur le circuit à Minnesota-Duluth, en 2021-2022.

Elle a connu un succès ahurissant dans les rangs universitaires, au point de se retrouver à quatre reprises parmi les 10 athlètes nommées pour la remise du trophée Patty-Kazmaier, qui récompense la joueuse par excellence au pays. Elle l’a d’ailleurs remporté en 2020, après une récolte de 66 points, dont 37 buts, en 37 matchs.

Ses 295 points en carrière la placent, encore aujourd’hui, au sixième rang de l’histoire de la division 1 de la NCAA.

Malgré ses succès des dernières années, elle n’a rejoint que relativement récemment le programme national (nous y reviendrons plus loin). Au terme de sa carrière universitaire, elle s’est donc jointe la saison dernière au Pride de Boston, de la PHF. Au moment où l’Association des joueuses professionnelles (PWHPA, en anglais) tarde encore à créer un circuit en bonne et due forme, la PHF demeure la principale ligue de hockey féminin en Amérique du Nord.

Survoltée

Bien qu’elle ait apprécié son expérience à Boston et considéré la possibilité d’y disputer une autre saison, elle semble survoltée d’avoir plutôt choisi de rejoindre la Force.

Au cours des derniers mois, elle a pu constater, même comme adversaire, à quel point le club montréalais est « organisé ». Les témoignages de joueuses qu’elle a entendus n’étaient que positifs. La tournée de l’équipe dans les arénas du Québec l’a impressionnée. Elle rend hommage à Kevin Raphaël, président de l’équipe, « qui a toujours voulu faire grandir le hockey féminin ».

Ça fait juste une semaine que je suis ici, et je comprends pourquoi j’ai signé. Je me fais vraiment bien traiter.

Élizabeth Giguère

Cette dernière remarque n’est pas banale. Pendant plusieurs années, notamment sous son ancien sigle de la NWHL, la ligue n’avait pas bonne presse. Les salaires y étaient faméliques et les conditions imposées aux joueuses, parfois pitoyables. On était à des années-lumière d’un circuit dit professionnel.

La PHF, toutefois, a redoré son blason. La disparité entre les organisations est « de moins en moins importante », estime Élizabeth Giguère, qui croit par ailleurs que la Force est « dans le top » en ce qui concerne le traitement de ses athlètes.

Le circuit a annoncé en décembre dernier que le plafond salarial passerait à 1,5 million US par équipe en 2023-2024. On peut donc présumer d’un salaire moyen de quelque 75 000 $, qui permettrait aux joueuses de ne plus avoir d’emploi additionnel pendant la saison. Élizabeth Giguère se dit « chanceuse » de se retrouver d’emblée dans cette situation, et impatiente qu’il s’agisse de la norme au hockey féminin.

Déception

Cette bonne nouvelle arrive tout particulièrement à point nommé pour Giguère.

En mars dernier, après avoir passé quelques mois avec l’équipe canadienne dans le cadre de la Série de la rivalité contre les États-Unis, elle a appris qu’elle ne ferait pas partie de la formation qui participerait au Championnat du monde.

« J’ai joué les sept matchs contre les États-Unis, et ç’a été un honneur pour moi », rappelle-t-elle. Par conséquent, ne pas aller au Mondial, « c’était très décevant ».

« [Or] les coachs m’ont dit des choses très positives », assure-t-elle. Son expérience « lui a beaucoup appris » et elle sait ce qu’elle doit améliorer en vue du prochain camp de sélection, à la fin de l’été. « On recommence pour l’an prochain. Il faut juste que je me prouve. »

Quelque 10 mois après s’être mariée, elle s’envolera au cours des prochains jours pour sa lune de miel – « on n’a juste pas encore eu le temps ! » –, après quoi elle rentrera à Montréal pour s’y entraîner à temps plein tout l’été.

« Je vais être prête », promet-elle.

Ann-Sophie Bettez de retour

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Ann-Sophie Bettez

En plus des embauches d’Élizabeth Giguère et de Corinne Schroeder, la Force a confirmé le retour de sa capitaine Ann-Sophie Bettez, mercredi. Son nom s’ajoute à ceux d’Alexandra Labelle, de Jade Downie-Landry et de Brigitte Laganière, qui se sont réengagées avec l’équipe pour la prochaine saison. Audrey-Anne Veillette et Rosalie Bégin-Cyr, qui évoluaient respectivement pour les Carabins de l’Université de Montréal et les Stingers de l’Université Concordia, feront quant à elles leurs débuts dans la PHF en 2023-2024.

Simon-Olivier Lorange, La Presse