Shawn Horcoff se souvient d’une tape sur l’épaule tandis qu’il mettait de l’essence dans sa voiture.

Wade Redden n’oubliera jamais les nombreux partisans qui attendaient à l’aéroport.

Jannik Hansen ne pouvait pas faire deux pas à l’épicerie sans recevoir un sourire appréciateur ou un mot d’encouragement.

De jouer pour une équipe canadienne de la LNH est une expérience complètement différente. De connaître une bonne séquence en séries, une qui se conclut par une participation à la finale, dans ces villes folles de hockey atteint un autre niveau.

Les Oilers d’Edmonton et les Maple Leafs de Toronto ont été éliminés au deuxième tour des présentes séries pour porter à 30 le nombre d’années consécutives sans Coupe Stanley pour une équipe canadienne.

Cela fait aussi longtemps que Patrick Roy et le Canadien de Montréal, qui avaient signé une série record de 10 victoires en prolongation, ont célébré la conquête de ce 24e titre devant leurs partisans.

Six équipes sont venues très près de répéter l’exploit au nord de la frontière depuis cette nuit chaude de juin 1993. Aucune n’a réussi. Mais leurs souvenirs, les bons comme les mauvais, demeurent.

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Wade Redden (à gauche)

« Chaque personne dans cette ville était complètement absorbée, a dit Horcoff, membre des Oilers en 2006. C’était la seule chose à laquelle les gens pensaient. »

« C’étaient des moments très spéciaux », a rappelé Redden, membre des Sénateurs d’Ottawa en 2007.

Quatre ans plus tard, ça a été au tour des Canucks de Vancouver et d’Hansen d’avoir l’occasion de ramener le trophée au pays.

« C’étaient les meilleurs moments de notre vie, a ajouté Redden. C’était tellement excitant. »

Les Canucks (1994 et 2011), les Flames de Calgary (2006), les Sens (2007) et le Canadien (2021) sont tous arrivés à court. Quatre de ces séries — 1994, 2004, 2006 et 2011 — ont atteint la limite de sept matchs.

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Craig Conroy

Des six équipes qui ont eu raison du contingent canadien, quatre venaient de marchés de hockey non traditionnels, dont Tampa (2004 et 2021), la Caroline (2006) et Anaheim (2007).

Les Maple Leafs n’ont pas accédé à la finale depuis leur victoire en 1967. Les Jets de Winnipeg ont atteint la finale de l’Ouest en 2018.

« Quand vous voyez des clubs (du sud des États-Unis) l’emporter, vous vous dites que les partisans et les médias ne doivent pas être aussi investis, a indiqué Redden. C’est ce qui rend les choses si spéciales. Ce serait super de gagner une coupe. De gagner dans une ville canadienne serait le summum. »

Craig Conroy, membre des Flames de Calgary de 2004, battus par le Lightning en sept matchs, ne voyait que du positif de la plus grande attention dont les joueurs faisaient l’objet.

« C’était rassembleur, a dit celui qui est maintenant directeur général adjoint à Calgary. C’était plus excitant parce que les partisans l’étaient autant. »

« Ça ajoutait à l’expérience, a ajouté Horcoff, aussi directeur général adjoint, mais à Detroit. Vous voulez vous mesurer dans ce genre de situation à forte pression. »

Dave Babych, membre de l’équipe des Canucks de 1994 qui s’est inclinée en sept matchs devant les Rangers de New York, se fait encore arrêter par des partisans qui veulent parler de cette série.

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Shawn Horcoff

« Je suis vieux et mes cheveux ont changé de couleur, mais les souvenirs demeurent. […] Cette génération qui a vécu ça avec nous, c’est fou… »

Mais tous ces joueurs n’oublieront jamais le moment où le rêve s’est évanoui.

Brendan Gallagher aimerait mieux oublier les moments après le cinquième et dernier match de la finale de 2021, contre le Lightning. De son côté, Babych n’a plus jamais revu le match no 7 contre les Rangers.

« Et je ne le verrai probablement jamais. Je n’en ai rien à cirer. Ça fait encore mal d’y penser. »

Cette douleur disparaît-elle un jour ?

« Non, a sèchement laissé tomber Horcoff. C’est toujours aussi fort. »

Hansen, qui vit à Vancouver avec sa famille, dit qu’il est difficile de ne pas penser à ce qui serait arrivé si les Canucks, qui menaient 3-2, avaient gagné.

« On se le fait constamment rappeler. Si on avait gagné, j’aurais une bague, nous serions devenus immortels. Vous êtes un champion toute votre vie. Il y a une certaine amertume chaque fois que les séries reprennent, surtout en finale. Ça aurait pu être nous. Mais je ne suis plus aussi fâché que je ne l’étais. Mais quand vous y pensez… Merde ! C’est chiant ! »