Pierre-Luc Dubois constitue-t-il un athlète complexe ou a-t-il tenté deux fois de bonne foi de s’extirper de situations difficiles en exigeant des transactions ?

Le collègue Alexandre Pratt a écrit un texte important lundi soir. Il donne un éclairage différent à la situation. Et permet au Québécois de bénéficier d’une défense dont tout accusé serait en droit d’obtenir.

Rares sont les hockeyeurs ayant déjà demandé deux fois un échange avant d’atteindre le quart de siècle. Pour Alexandre, les deux cas sont circonstanciels. Dubois n’est pas le seul à vouloir quitter Winnipeg et son vestiaire supposément vicié.

Le gardien Connor Hellebuyck et le centre Mark Scheifele veulent également quitter d’ici un an, et Jacob Trouba, Evander Kane et Jack Roslovic ont exigé une transaction avant eux.

À Columbus, Sergei Bobrovsky et Artemi Panarin venaient de profiter de leur statut de joueur autonome sans compensation pour changer de décor. Josh Anderson avait été échangé au Canadien après avoir signifié son intention de ne pas signer d’entente à long terme avec les Blue Jackets.

John Tortorella dirigeait toujours l’équipe avec sa main de fer et on pouvait se demander si Columbus se dirigeait vers la cave du classement et non la Coupe Stanley.

Sa dernière présence avec les Blue Jackets, en janvier 2021, avant d’être échangé pour Patrik Laine et Roslovic, a cependant marqué les esprits. Pendant une trentaine de secondes, il se contente presque d’un rôle de spectateur sur la glace, sans fournir le moindre effort, avant de retraiter au banc presque au ralenti. Il n’a plus joué du reste du match.

Dubois a le droit au bénéfice du doute. Mais par souci de transparence, on peut aussi souligner que certains de ses coéquipiers ont choisi de rester au sein de ces équipes à la dérive et de contribuer à les rehausser.

Le défenseur Zack Werenski, l’un des meilleurs défenseurs de sa génération, a choisi de signer une prolongation de contrat de six ans à Columbus. Boone Jenner y est toujours et Oliver Bjorkstrand a eu le cœur brisé quand on l’a forcé à changer de club pour alléger la masse salariale.

À Winnipeg, Kyle Connor, Nikolaj Ehlers et Josh Morrissey, trois piliers, ont choisi ces dernières années de signer des contrats à long terme avec les Jets même si le vestiaire était, paraît-il, fragmenté depuis longtemps.

Dubois était évidemment dans son droit de chercher à s’extirper de vilaines situations et ses demandes de transactions détonneraient moins s’il jouait dans la NBA ou le baseball majeur, deux circuits où de telles exigences sont davantage ancrées dans la culture.

Mais comment réagira-t-il aux premières contrariétés à Montréal, que ça soit au plan son utilisation, de la pression médiatique ou des fans, de l’orientation de l’équipe, s’il y a lieu ? écrivait-on récemment.

L’entraîneur en chef des Jets, Rick Bowness visait-il entre autres Dubois lorsqu’il a vilipendé ses leaders après l’élimination de son club aux mains de Vegas au premier tour ?

« Le même problème s’est produit en février quand on s’approchait du premier rang. Il faut avoir de la fierté. Leurs meilleurs joueurs ont été largement supérieurs aux nôtres. Même pas proche… »

PHOTO JEFFREY MCWHORTER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Rick Bowness

Nous n’en avons évidemment pas la preuve, et Alexandre Pratt fait bien de le rappeler. Mais après un premier match prometteur, Dubois a été limité à deux points lors des quatre dernières rencontres. Il a aussi écopé de trois punitions mineures dans le troisième match, et une autre lors de la rencontre suivante, qui a mené au second but de Vegas deux secondes après son retour sur la glace.

Mais après avoir amassé 48 points à ses 42 premiers matchs, il a été limité à 15 points en 31 matchs. Entre le 28 janvier et le 21 mars, période à laquelle Bowness faisait référence, Dubois a obtenu quatre points en quatorze matchs.

Dubois demeure évidemment un attaquant de premier plan. Il a déjà trois saisons de 27 buts ou plus et atteint la marque des 60 points trois fois en carrière, ce que Jonathan Drouin, pour ceux qui seraient tentés de les comparer, n’a jamais été en mesure de faire.

Il accélérait évidemment le processus de reconstruction de l’équipe. Il demeure un attaquant qui, inspiré, peut transporter un club, mais capable aussi de passages à vide qui le font disparaître presque complètement sur la glace lorsqu’ils surviennent. Il faudra vivre avec.

Kent Hughes est le type de directeur général méticuleux. S’il acquiert Pierre-Luc Dubois, il aura obtenu l’assurance qu’il ne risque pas de mauvaise surprise. Il évitera aussi de surpayer pour l’obtenir.

Supposer que le CH cédera son cinquième choix au total pour l’acquérir relève du sacrilège. Hughes ne touchera pas non plus à son jeune noyau, Suzuki, Caufield, Dach ou Guhle pour l’obtenir. Et il serait étonnant qu’on lui accorde un salaire annuel supérieur à celui du capitaine.

Suzuki a obtenu 66 points en 82 matchs et Dubois 63 points, mais en 73 rencontres seulement, mais le centre numéro un du Canadien a un an de moins et ne bénéficiait pas d’ailiers aussi talentueux que Dubois à Winnipeg.

Les statistiques avancées favorisent le Québécois au plan défensif, mais les Jets ont terminé au 10e rang de la LNH au chapitre des buts accordés avec 224 et le Canadien au 29e rang avec 305.

Si Winnipeg accepte un choix de fin de première ronde, un espoir ou un jeune joueur et un choix de second tour, par exemple, il y aurait lieu de discuter. Par contre, les Jets semblent vouloir des joueurs établis en retour de Dubois.

Un dossier à suivre de près d’ici le repêchage dans une dizaine de jours !

On donne désormais plus de premières chances !

Les Flames de Calgary ont trouvé leur nouvel entraîneur : Ryan Huska, 47 ans, adjoint chez les Flames ces cinq dernières années.

Huska a été à la tête des Rockets de Kelowna de la Ligue junior de l’Ouest, avant de diriger le club-école des Flames quatre ans.

PHOTO JEFF MCINTOSH, LA PRESSE CANADIENNE

Ryan Huska et Craig Conroy

Il s’agit pour cet ancien hockeyeur limité à un seul match dans la Ligue nationale de hockey d’une première expérience dans la LNH à titre d’entraîneur en chef. Il se retrouve au sein d’un groupe désormais élargi.

Spencer Carbery à Washington et Greg Cronin à Anaheim ont été embauchés récemment eux aussi sans avoir d’expérience au préalable comme entraîneur en chef dans la LNH.

Ils sont désormais seize, avec Huska, Cronin et Carbery, à avoir obtenu une première chance de diriger un club de la Ligue nationale avec leur équipe actuelle. Les autres sont Don Granato, André Tourigny, Rod Brind’Amour, Luke Richardson, Jared Bednar, Derek Lalonde, Jay Woodcroft, Dean Evason, Martin St-Louis, Lane Lambert, D. J. Smith, Jon Cooper et Sheldon Keefe.

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