1- Un club
C’est le bout le plus important parce qu’on va se le dire, on ne peut pas gagner la Coupe tant qu’on n’a pas de club. Alors voilà, en date du 22 juin 2016, la LNH a confirmé que la ville de Las Vegas, jadis un territoire à succès pour Elvis, Céline et Benjamin Bugsy Siegel, allait avoir sa propre équipe de hockey dans le désert. Sur le coup, un peu tout le monde a trouvé ça drôle, sauf les gens de Québec, qui n’ont pas trouvé ça drôle du tout. À ce sujet, on a chuchoté dans les coulisses que ce sont les gens du groupe de Québec, par ailleurs, qui avaient milité en faveur d’un repêchage de l’expansion plus relevé, qui allait permettre aux nouvelles équipes d’être compétitives rapidement. C’est en plein ce qui a été mis en place, mais ce n’est pas Québec qui en a profité. Cela nous mène à la deuxième étape.
2- Un repêchage favorable
Une fois la naissance du futur club de Vegas confirmée, il allait falloir penser à un repêchage d’expansion, pas très compliqué à la base : le nouveau club allait récolter 30 joueurs, soit 1 par équipe. En gros, les équipes déjà existantes allaient pouvoir protéger sept attaquants, trois défenseurs et un gardien, ou encore un total de huit patineurs, ainsi qu’un gardien. C’est dans ce contexte très favorable que Vegas a pu mettre la main sur des joueurs de qualité ; par exemple, les Panthers de la Floride, aux prises avec des décisions déchirantes, ont choisi de protéger les Barkov, Huberdeau et autres Ekblad, ce qui allait bien sûr ouvrir la porte à une énorme perte. Cela nous mène à l’étape suivante.
3- Un joueur de concession
Quand les Golden Knights ont conclu leur première saison, celle de 2017-2018, le deuxième marqueur du club était en train de devenir un joueur que l’on n’attendait plus. Jonathan Marchessault, petit et jamais repêché, en était d’ailleurs à sa quatrième équipe dans cette ligue au moment de connaître cette saison de 75 points, la meilleure de sa carrière. Depuis, le joueur québécois est devenu le leader du club, et c’est avec un Conn-Smythe sous le bras qu’il est rentré au vestiaire de l’aréna T-Mobile mardi soir, après la conquête de la Coupe Stanley. On présume que les partisans des Panthers ont dû essuyer quelques larmes de regret et d’amertume en le voyant aller lors de cette finale.
4- De bonnes décisions
Dès le départ, il était évident que cette nouvelle équipe allait vouloir gagner tout de suite, et le directeur général d’alors, George McPhee (depuis devenu président du club), s’est mis à aller chercher des joueurs établis sur le marché des transactions. Parmi ses bons coups : l’acquisition de Mark Stone en 2019. Obtenu des Sénateurs d’Ottawa en retour de deux joueurs et d’un choix au repêchage (l’un de ces joueurs est le défenseur Erik Brannstrom, qui n’est pas encore devenu le défenseur que les Sénateurs croyaient), Stone est devenu un pilier à Vegas, et il vient de récolter 24 points en 22 matchs des séries. C’est pas mal comme ça, en prenant des risques, qu’on bâtit des clubs champions (voir aussi Eichel, Jack).
5- Une culture gagnante
C’est peut-être le bout le plus étonnant dans cette histoire : en seulement six saisons, les Golden Knights ont réussi à bâtir le genre de culture gagnante dont tout le monde rêve. Comment ? Disons que le climat aide un peu, et que l’impact positif d’un entraînement en gougounes au mois de janvier ne saurait être sous-estimé, mais il faut parler un peu aux joueurs des Golden Knights pour comprendre à quel point ils se sentent appréciés. Bien sûr que c’est facile d’avoir de l’entrain au boulot quand on gagne des millions, mais de toute évidence, ce sentiment d’appartenance est très fort. Détail : en début de match mardi, l’entraîneur-chef Bruce Cassidy a envoyé sur la glace William Karlsson, Jonathan Marchessault, Reilly Smith, Brayden McNabb et Shea Theodore, tous issus du repêchage de l’expansion. N’allez pas croire que les joueurs ne l’ont pas remarqué.