(Sorel-Tracy) Marc-André Fleury avait son sourire habituel malgré les averses et le temps frisquet. Après tout, la tenue de son tournoi de golf annuel constitue pour lui l’occasion de revoir ses vieux potes de sa ville natale.

Mais aussi souriant fût-il, Fleury, comme Tchang dans Le Lotus bleu, avait un arc-en-ciel dans son cœur. Heureux de voir ses anciens coéquipiers Jonathan Marchessault, William Carrier et Nicolas Roy soulever la Coupe Stanley. Triste d’avoir manqué ce moment auquel avaient tant rêvé les « Misfits », les laissés pour compte de la première édition des Golden Knights de Vegas.

« J’étais content pour les joueurs, pour ceux avec qui j’ai joué, pour nos Québécois aussi, Roy, Carrier, Marchessault. C’était le fun de voir aller Marchessault, de voir comment il pouvait compter autant. C’est un fier compétiteur », a raconté le gardien du Wild du Minnesota, vendredi matin.

Marchessault, gagnant du trophée Conn-Smythe, a particulièrement impressionné Fleury. Le gardien « adorait » s’entraîner avec l’ailier de Cap-Rouge.

Il travaille fort aux entraînements, il voulait toujours compter. Quand il compte, il te le fait savoir, il crie ! Je suis fier de lui.

Marc-André Fleury, à propos de son ancien coéquipier Jonathan Marchessault

Comme Marchessault, Carrier, Reilly Smith, William Karlsson, Shea Theodore et Brayden McNabb, Fleury était un Golden Knight de la première heure. Il a fait partie de cette équipe qui a pris la LNH d’assaut en 2017-2018, passant à trois victoires de gagner la Coupe Stanley dès sa naissance. Fleury et les chevaliers dorés sont retournés en finale d’association en 2020, puis une nouvelle fois en 2021 contre le Canadien quand le but d’Artturi Lehkonen à la Saint-Jean les a privés d’un septième match devant leurs bruyants partisans.

Fleury a vécu sa part de beaux moments en quatre ans sur la Strip, mais celui qu’il voulait réellement vivre aura lieu samedi, quand les Knights défileront avec le gros trophée. Ce moment, il le vivra par procuration, à distance.

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Marc-André Fleury dans l’uniforme des Golden Knights de Vegas, en juin 2021 contre le Canadien de Montréal

« On se jase encore de temps en temps, on se voit après ou avant les matchs quand on s’affronte », a décrit Fleury, au sujet de ses anciens coéquipiers. Avec les années, c’est dur de rester proche de tout le monde. D’un autre côté, c’est décevant d’avoir manqué ce moment-là, d’avoir commencé avec l’équipe, et que deux ans après mon départ, ils gagnent. C’est dommage. »

Les yeux sur Roy

Fleury fait toutefois partie des privilégiés de la LNH, car aucun joueur actif n’a plus de bagues de la Coupe Stanley (trois) que lui.

La saison prochaine, il tentera d’en ajouter une quatrième dans ce qui sera potentiellement son dernier tour de piste. Il lui reste une année de contrat à écouler au Minnesota, et même s’il dit ne pas avoir encore décidé de son avenir par la suite, « j’ai une idée, mais je vais quand même attendre la fin de la saison ».

Avec la retraite de Craig Anderson, il sera le gardien le plus âgé de la LNH, à moins qu’un Andy Moog de 63 ans ne sorte de la retraite, ce qui nous semble hautement improbable. « Je ne sais pas si c’est un honneur, lance-t-il en riant. Mais c’est fou comment le temps passe vite. Il n’y a pas longtemps, j’étais le plus jeune, j’arrivais à Pittsburgh. Ça me rappelle que c’est important de profiter de tous les moments. »

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Marc-André Fleury est arrivé à son tournoi de golf en compagnie de sa mère, France Cardin, et de son cousin Nicholas Joyal.

Le rôle de Fleury est incertain pour le moment. Son adjoint, Filip Gustavsson, s’est révélé à la LNH la saison dernière, avec une moyenne de 2,10 et une efficacité de ,931. Le Québécois a obtenu davantage de départs (45 contre 37) en saison, mais en séries, le Suédois est devenu l’homme de confiance de Dean Evason.

Quoi qu’il arrive, l’ancien des Penguins pourrait atteindre deux plateaux symboliques : les 1000 matchs dans la LNH, et les 552 victoires. Ce dernier chiffre peut paraître arbitraire à première vue, mais il prend tout son sens quand on sait que Patrick Roy occupe le 2rang de tous les temps avec 551 triomphes.

C’est ce plateau qui intrigue le plus Fleury, d’abord parce que chaque fois qu’il joue, « c’est pour gagner. C’est juste ça qui compte ». Ensuite parce que Roy et Martin Brodeur étaient ses idoles. En atteignant les 552 victoires, il s’immiscerait entre les deux légendes.

« J’étais un gros fan du Canadien. J’aimais l’aspect compétiteur [de Roy]. Regarde sa carrière, son intensité… Il a développé le style papillon, que j’ai commencé à faire à 13 ans. »

Fleury compte 985 matchs au compteur, et 544 victoires. À moins d’une blessure, il atteindra les deux objectifs en première moitié de saison. Reste à voir si le calendrier de la LNH fera aussi bien les choses qu’en décembre 2021, quand il avait signé sa 500victoire au Centre Bell, contre le Canadien.