De Petr Svoboda à Tomáš Plekanec, le Canadien a longtemps compté sur une filière tchèque enviable. Svoboda et Roman Hamrlík sont même demeurés dans la région montréalaise une fois à la retraite. C’est sans oublier Jaromír Jágr, qui ne cachait pas son désir de jouer à Montréal en fin de carrière.

On comprend que le collègue tchèque Zdenek Matejovsky a une bouille sympathique, mais plus sérieusement, quel est donc le lien qui semble unir la métropole et la Tchéquie ?

Radek Bonk n’avait jamais vraiment réfléchi à la question, mais il semble amusé. « Jan Bulis était déjà là à mon arrivée. Tomáš Plekanec est arrivé comme recrue et il a connu toute une carrière, se souvient Bonk, au bout du fil. Je ne sais pas ce que c’est. Mais tous les joueurs devraient évoluer un jour dans ces gros marchés. La LNH, c’est formidable partout, mais dans ces villes, c’est encore plus gros. »

Bonk nous parle au téléphone de son domicile de la région d’Ottawa, où il est revenu il y a huit ans. On entendra son patronyme de plus en plus dans les prochaines années, puisque son fils Oliver devrait être repêché assez tôt cette année.

Défenseur de 18 ans, coéquipier de Logan Mailloux chez les Knights de London, Oliver Bonk est classé au 20e rang par la Centrale de recrutement de la LNH chez les patineurs nord-américains.

Radek Bonk a connu Montréal pendant deux saisons, de 2005 à 2007. Mais c’est à Ottawa qu’il a été le plus marquant, lui qui y a passé plus des deux tiers de sa carrière. Une carrière qui n’a pas pris la tournure attendue pour un joueur repêché au 3e rang en 1994. Il n’a en effet jamais dépassé la marque des 25 buts ou des 70 points en une saison. Mais à son apogée, il jouait tout de même 18 minutes par match et était un des hommes de confiance de Jacques Martin, alors entraîneur-chef des Sénateurs.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Radek Bonk, en 2007

Les équipes te repêchent en se basant sur ce que tu as fait jusque-là. Mais une fois dans la LNH, tu réalises que tout le monde a déjà été un bon marqueur dans le junior, même les bagarreurs. Si tu veux rester, tu dois réaliser quel genre de joueur tu peux devenir, quelles sont tes forces.

Radek Bonk

« De mon côté, j’étais un patineur moyen. Un jour, Jacques Martin m’a dit : “Tu es fort, je pense que tu peux devenir un bon attaquant défensif pour contrer les meilleurs trios adverses.” J’ai accepté ce rôle. Jouer contre Jaromír Jágr, c’est aussi un bon rôle, car s’il joue 25 minutes, tu vas en jouer 20 ! Une fois que j’ai accepté ce changement, j’ai quand même amassé des points. »

Enseigner les instincts

Même si son fils est défenseur, Radek Bonk a pu lui transmettre du savoir.

« Je ne me souviens pas de lui quand il jouait, admet Oliver Bonk, rencontré au camp d’évaluation de la LNH à Buffalo il y a deux semaines. Mais je sais qu’il était un bon attaquant sur 200 pieds, bon en désavantage numérique. Je pense que mon QI hockey vient en grande partie de lui. Il m’a montré ce que les attaquants n’aiment pas, comment leur faire la vie dure, parce qu’il a été lui-même attaquant. »

L’intelligence sur la glace, ça s’apprend ? « Ça aide quand tu commences jeune, croit le jeune homme. Tu ne peux pas commencer à l’apprendre à 18, 19 ans, il est trop tard. »

Radek Bonk a été impliqué dans la plupart des équipes de fiston jusqu’à ce que ce dernier débarque à London.

Le plan développé par l’équipe des frères Hunter sourit à Oliver jusqu’ici. Il a passé l’essentiel de la campagne 2021-2022 au niveau junior B, mais l’été venu, il a tout de même été sélectionné par Équipe Canada pour la Coupe Hlinka-Gretzky. Cette saison, il a été dominant dans les rangs juniors.

« Leur plan était qu’il joue junior B la première année, détaille Radek Bonk. L’organisation procède toujours ainsi. Oliver aurait pu jouer à London à 16 ans, mais il aurait été employé au sein du troisième duo et n’aurait pas eu beaucoup de temps de jeu. Les Knights croient que tous leurs défenseurs doivent jouer junior B à 30 minutes par match. Plusieurs équipes de l’OHL nous disaient qu’elles allaient permettre à Oliver de jouer dès le début. Évidemment, l’approche des Knights a fonctionné ! »

Une sélection quelque part en fin de 1er tour ou au début de 2e tour est envisageable, et avec le 31e et le 37e choix, le Tricolore détient deux droits de parole dans cette portion du repêchage.

« Ça serait une super place, note le jeune Bonk. Mon père me disait toujours que c’est là que les partisans sont le plus passionnés.

« Mais j’adorais Erik Karlsson quand j’étais un jeune fan des Sénateurs. Montréal serait spécial, mais Ottawa le serait encore plus. C’est là que j’ai grandi. »

Qui est Oliver Bonk ?

  • Défenseur, Knights de London (OHL)
  • 6 pi 2, 180 lb
  • 2022-2023 : 10 buts, 30 passes, 40 points en 67 matchs
  • Nommé au sein de l’équipe d’étoiles des recrues de la Ligue canadienne (LCH)
    Né à Ottawa

Qui est Radek Bonk ?

  • Attaquant, Sénateurs d’Ottawa (1995-2004), Canadien de Montréal (2005-2007), Predators de Nashville (2007-2009)
  • 3e choix au total en 1994
  • 194 buts, 303 passes 497 points en 969 matchs
  • Meilleure saison offensive : 25 buts, 45 passes, 70 points en 2001-2002
    Né à Krnov, en Tchéquie