(Nashville) Le trophée Bill-Masterton n’est pas celui que les joueurs rêvent de gagner. Ceux qui le reçoivent sont certes récompensés pour leur persévérance, leur esprit sportif et leur engagement envers leur sport, autant de valeurs on ne peut plus nobles. Mais c’est souvent à la suite d’une épreuve majeure qu’il est attribué.

Kristopher Letang a suivi cette tradition. S’il l’a remporté, lundi soir, c’est parce qu’il a gardé la tête hors de l’eau au cours d’une saison éprouvante au possible sur le plan personnel.

Le 28 novembre dernier, le Québécois a été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Un deuxième déjà pour cet athlète dans la mi-trentaine.

Cinq matchs plus tard, il passait plus de 22 minutes sur la glace dans une victoire des Penguins de Pittsburgh contre les Sabres de Buffalo.

À peine quelques semaines plus tard, il pleurait la mort de son père.

On croit donc facilement le défenseur de 36 ans lorsqu’il affirme qu’au cours de la dernière année, « ç’a toujours été un peu difficile de focaliser à 100 % mentalement sur le hockey ».

Croisé sur le tapis rouge précédant la remise des trophées de la LNH, à Nashville, Letang est rapidement revenu sur ces mois difficiles.

« Physiquement, c’était correct, mais mentalement, ç’a été dur », a-t-il avoué. Certaines journées, aller à l’aréna n’était pas facile. « Il y avait de gros creux de vague… Des fois, ça allait bien, le hockey me permettait de penser à autre chose. Je suis content qu’on passe à autre chose. »

Le fait d’être père de famille – sa femme et leurs deux enfants l’accompagnaient d’ailleurs dans la ville du country – lui a aussi donné une nouvelle perspective sur ses mésaventures. Bien malgré lui, il a dû affronter nombre de blessures et d’épreuves au cours de sa carrière amorcée en 2006. Or, « quand tu es rendu avec des enfants, il y a beaucoup plus dans l’équation, a-t-il constaté. Ça prend énormément de support. »

Devant ses pairs, avec le trophée dans les mains, il a remercié spécifiquement sa femme pour tout ce qu’elle fait pour lui et leur famille. « Je ne sais toujours pas comment tu fais. Je suis tellement reconnaissant pour ça. Je t’aime. »

C’était par ailleurs une grosse soirée pour le petit Alexandre, 10 ans, qui a suivi son père jusqu’en point de presse, et qui avait sollicité un autographe de Connor McDavid jusque dans les toilettes. Et, oui, fiston a eu sa photo avec son idole.

Famille

Letang tenait à partager ce trophée « avec tous les gens qui [l’ont] supporté et aidé à passer à travers toutes ces choses-là ».

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @PENGUINS

Kristopher Letang et son fils Alexandre

Ses coéquipiers des Penguins, par exemple, s’étaient mobilisés pour assister aux funérailles de son père, au Québec, ajoutant un sérieux détour à un voyage qui devait les amener à l’autre bout du continent. Mais ils tenaient à être là pour lui. « Personne n’y a pensé deux fois : tout le monde s’est dirigé vers l’avion », a confirmé Pierre-Olivier Joseph.

C’est d’ailleurs Joseph, qui a résidé chez Letang au cours de la dernière saison, qui a présenté la candidature de son ami devant le public à Nashville.

Quelques instants après, devant les médias québécois, le défenseur de 23 ans s’est dit « honoré de faire partie de sa vie et de le considérer comme un grand frère ».

« C’est une personne distinguée [classy], qui a beaucoup à donner à beaucoup de monde, a lancé Joseph. Il donne l’exemple. On veut donner notre meilleur autour de lui. »

À un journaliste lui soulignant que la persévérance a toujours été sa marque de commerce, Letang, un peu gêné, a avoué que « oui, on peut voir ça comme ça ».

« J’ai toujours affronté des obstacles, que ce soit pour me rendre dans le junior, dans la LNH, a-t-il énuméré. Ça n’a pas toujours été facile, au niveau du hockey ou de la santé. Je pense que l’attitude et la force de caractère qu’on m’a apprises dans ma jeunesse portent leurs fruits aujourd’hui. »

Il a, là aussi, pensé à ses enfants. « Peut-être qu’avoir un trophée dans la maison qui [souligne la persévérance], ça peut être une source de motivation pour eux. »

(Encore) l’année McDavid

PHOTO CHRISTOPHER HANEWINCKEL, USA TODAY SPORTS

Connor McDavid

Sans grande surprise, Connor McDavid est reparti avec les trophées Hart et Ted-Lindsay, remis respectivement au joueur le plus utile à son équipe et au meilleur joueur de l’année aux yeux de ses pairs. L’attaquant étoile des Oilers d’Edmonton a connu la meilleure saison offensive des 25 dernières années en amassant 153 points, dont 64 buts. Erik Karlsson a pour sa part reçu le trophée Norris (meilleur défenseur). Lui aussi a connu une récolte historique de 101 points, du jamais-vu depuis 1992. Autrement, Matthew Beniers a reçu le trophée Calder (recrue par excellence), Anze Kopitar, le trophée Lady-Bing (joueur le plus gentilhomme), et Linus Ullmark, le trophée Vézina (gardien par excellence).