(Nashville) Faute de suspense entourant l’identité du tout premier choix, la quasi-totalité du mystère entourant ce repêchage 2023 s’est cristallisée autour de Matvei Michkov.

Très peu d’équipes avaient eu la chance de le voir jouer en personne en Russie. La mort de son père dans des circonstances troubles, il y a quelques mois, a plongé la planète hockey dans la stupeur. Son contrat de trois ans avec le SKA Saint-Pétersbourg, en KHL, suscitait des interrogations. Ferait-il même le saut en Amérique du Nord dans trois ans ?

Dans un repêchage dit « normal », il aurait été choisi parmi les trois premiers. Peut-être même le premier, n’eût été la présence de Connor Bedard dans cette cuvée.

Or, dans les circonstances, on lui a prédit une chute de quelques rangs. Plusieurs observateurs le croyaient destiné aux Capitals de Washington. L’organisation, reconnue comme russophile, détenait le huitième choix. Il a finalement abouti à Philadelphie.

À son premier repêchage comme directeur général, Daniel Brière a ainsi pris « un gros élan », dont il espère qu’il deviendra « un coup de circuit ».

En point de presse, en fin de soirée, le Québécois semblait presque incrédule.

On ne croyait pas qu’un joueur de ce calibre serait encore disponible au septième rang. On a tenté de s’avancer, mais la valeur des choix a monté en flèche le jour du repêchage. On a donc attendu, et il nous est tombé dessus. Ç’a été une décision facile.

Daniel Brière, directeur général Flyers de Philadelphie

Même si les rapports de ses recruteurs en Russie décrivaient un attaquant « spécial, exceptionnel », Brière n’est pas dupe. Il sait pertinemment que ce choix n’est pas sans risque. C’est toutefois le jeune homme lui-même qui a convaincu la direction des Flyers qu’il voulait jouer dans la LNH, particulièrement à Philadelphie. Une première rencontre a eu lieu en cercle réduit. Devant le scepticisme des recruteurs face à l’enthousiasme de leurs patrons, une seconde rencontre élargie a été organisée. Tout ce beau monde est apparemment tombé sous le charme.

« Je ne sais pas comment ses entrevues se sont passées ailleurs, a avoué le DG. Mais avec nous, il a été fabuleux. […] On ne pouvait pas le laisser passer. » Apparemment, les propriétaires de l’équipe n’ont pas été difficiles à convaincre.

Le jeune homme est toutefois passé sur le gril, assure-t-on. « On lui a posé des questions très difficiles et il a livré des réponses très satisfaisantes, a encore dit Brière. On n’a personne comme lui dans l’organisation. Ça fait des années qu’on dit qu’on cherche des joueurs de talent, avec de bonnes habiletés. C’était une bonne chance pour nous de développer un joueur qui peut jouer ce rôle-là. »

Enthousiaste

Dans sa première entrevue accordée à des médias nord-américains, Michkov s’est en effet montré très enthousiaste à l’idée de se joindre aux Flyers.

« Je voulais que cette équipe me repêche », a-t-il répété à plus d’une reprise. Aidé par un interprète, il n’a pas offert de certitude sur son avenir, mais a exprimé le souhait de « venir dès que [son] contrat sera fini ».

Le jeune homme a été interrogé sur la perspective de se joindre à un club qui amorce à peine une reconstruction en profondeur. « J’imagine que ça veut dire qu’on va commencer à gagner quand je vais arriver ici », a-t-il laissé tomber.

Comme tous les espoirs de son âge, il a dit réaliser un rêve en étant repêché par une équipe de la LNH. Il a eu une pensée pour son père. « Je pense qu’il serait très fier de moi, de tout le travail qu’on a fait ensemble », a-t-il dit.

À la classique question sur ses idoles, plutôt que de parler de Nikita Kucherov ou d’Alexander Ovechkin, il a plutôt encensé sa famille. « Mon père, ma mère, mon frère, a-t-il énuméré. Je me suis rendu ici grâce à eux. C’est important pour moi d’atteindre l’objectif que mon père m’avait fixé. C’est-à-dire de gagner la Coupe Stanley. »

Ça tombe plutôt bien, car en le choisissant, les Flyers avaient la même idée.