Le Canadien vient-il de saboter ses chances de repêcher une éventuelle vedette en cédant ses choix au 31e et 37rang pour obtenir le jeune centre Alex Newhook ?

Les statistiques ne le suggèrent pas. Selon des données internes, une équipe de la Ligue nationale aurait 3 % de chance de dénicher une vedette en repêchant entre le 31e et le 45rang. Le taux passe à 30 % pour un joueur régulier de la LNH.

Même s’il n’a pas réussi à s’épanouir au Colorado à 22 ans, il demeure un joueur établi de la Ligue nationale, un choix de premier tour d’ailleurs, repêché immédiatement après Cole Caufield en 2019.

Il aura réussi à amasser 30 points ou plus à ses deux premières saisons complètes avec l’Avalanche malgré un temps d’utilisation inférieur à 13 minutes par rencontre et très peu d’occasions en supériorité numérique derrière les MacKinnon, Rantanen, Nichushkin, Kadri et compagnie.

À sa première année à Denver, où il a entamé la saison à 20 ans, il aurait frôlé la quarantaine de points sur une saison complète. Son rendement peut s’apparenter à celui d’Alexis Lafrenière, qu’on aurait certainement accueilli à bras ouverts à Montréal pour ces deux choix au repêchage. Lafrenière aura 22 ans début octobre. Seulement huit mois séparent ces deux jeunes hommes. Comme Newhook, Lafrenière s’est retrouvé coincé au sein d’un club de tête et très peu patient avec ses jeunes en raison de ses aspirations.

Le Canadien s’attend donc à une production à la hausse de la part de Newhook avec un temps d’utilisation à la hausse et une plus grande tolérance aux erreurs. Ça vaut donc largement des choix au 31e et 37rang à ses yeux.

Il y a évidemment toujours moyen de trouver des pépites d’or à compter du 31rang. Mais elles sont plus rares. Prenons par exemple les choix aux 31e et 37rangs sur quinze ans, entre 2004 et 2018.

2004

  • 31e rang : Johannes Salmonsson
  • 37e rang : David Shantz

2005

  • 31e rang : Brendan Mikkelson
  • 37e rang : Scott Jackson

2006

  • 31e rang : Tomas Kana
  • 37e rang : Yuri Alexandrov

2007

  • 31e rang : T. J. Brennan
  • 37e rang : Stefan Legein

2008

  • 31e rang : Jacob Markstrom
  • 37e rang : Cody Goloubef

2009

  • 31e rang : Mikko Koskinen
  • 37e rang : Mat Clark

2010

  • 31e rang : Tyler Pitlick
  • 37e rang : Justin Faulk

2011

  • 31e rang : David Musil
  • 37e rang : Boone Jenner

2012

  • 31e rang : Oskar Dansk
  • 37e rang : Pontus Aberg

2013

  • 31e rang : Ian McCoshen
  • 37e rang : Valentin Zykov

2014

  • 31e rang : Brendan Lemieux
  • 37e rang : Alex Nedeljkovic

2015

  • 31e rang : Jérémy Roy
  • 37e rang : Brandon Carlo

2016

  • 31e rang : Egor Korshkov
  • 37e rang : Libor Hajek

2017

  • 31e rang : Klim Kostin
  • 37e rang : Marcus Davidsson

2018

  • 31e rang : Alexander Alexeyev
  • 37e rang : Jett Woo

Sur trente joueurs, 23 n’ont pu s’établir de façon permanente dans la LNH (77 %), douze ont disputé moins de dix matchs dans la Ligue nationale (40 %) et sept (23 %) n’ont pas joué la moindre rencontre dans le circuit Bettman.

Parmi les sept joueurs ayant percé, on retrouve un gardien numéro un, Jacob Markstrom, un défenseur offensif, Justin Faulk, un défenseur défensif, mais fort utile aux Bruins, Brandon Carlo, un centre de milieu de formation, Boone Jenner, qui, en raison de blessures, n’a jamais été en mesure d’amasser au moins 50 points dans une saison, et trois joueurs de soutien, Brendan Lemieux, Tyler Pitlick et Klim Kostin.

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Jacob Markstrom

Avec 28 choix parmi les trois premiers tours lors des six dernières cuvées, le Canadien pouvait se permettre de sacrifier deux choix plus lointains pour ce pari intéressant.

À titre comparatif, l’Avalanche du Colorado en a repêché 15 au cours de la même période, dont cinq ont déjà été échangés. On comprend le DG Chris MacFarland d’avoir voulu donner à ses recruteurs quelques choix supplémentaires pour regarnir la banque d’espoirs, quoique le 37e au total vient déjà d’aboutir à Tampa pour le joueur de soutien Ross Colton !

Venez suivre et commenter en direct le premier tour du repêchage de la LNH à 19 h mercredi avec notre journaliste Mathias Brunet et son invité. Simon Snake Boisvert sur LaPresse. ca !

Le prix pour Dubois

Si le Canadien avait voulu présenter une offre semblable à celle des Kings de Los Angeles pour Pierre-Luc Dubois, il lui aurait d’abord fallu sacrifier Kirby Dach.

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Kirby Dach

La pièce centrale de la transaction entre les Jets et les Kings, Gabriel Vilardi, constitue un 11choix au total en 2017 âgé de 23 ans, 41 points, dont 23 buts, en 63 rencontres l’an dernier, 30 buts et 53 points au pro rata d’une saison de 82 matchs.

Dach est un choix de premier tour lui aussi, troisième au total en 2019, 22 ans, 38 points, dont 14 buts en 58 parties, 54 points, dont 20 buts, au prorata d’une saison de 82 matchs.

On y aurait ajouté un joueur de milieu de formation dans la fin vingtaine, genre Christian Dvorak, quoique Alex Iaffalo a produit davantage que le troisième centre du Canadien avec 36 points en 59 matchs l’an dernier.

Jesse Ylönen pourrait avoir une certaine équivalence avec Rasmus Kupari, même s’il a été repêché au deuxième tour en 2018 et Kupari au 20rang la même année. Les deux sont solides dans la Ligue américaine, mais plus timides dans la LNH.

En plus, il aurait fallu dire à Nick Suzuki en le regardant droit dans les yeux qu’il touchera 700 000 $ de moins par saison que la plus récente acquisition de l’équipe alors qu’il est capitaine du CH et que leurs contributions offensives se comparent.

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Nick Suzuki et Pierre-Luc Dubois

Le Canadien aurait en outre échangé en Dach un centre prometteur de 22 ans sous contrat pour encore trois ans à 3,3 millions par saison pour un centre de 25 ans sous contrat pour huit ans à un salaire annuel de 8,5 millions, mais aurait au moins largué le contrat de Dvorak à 4,5 millions pour deux ans, si Winnipeg en avait voulu, évidemment.

On comprend un peu mieux pourquoi Dubois jouera à Los Angeles et non pas à Montréal.

À ne pas manquer

  1. L’acquisition d’Alex Newhook ressemble en certains points à celle de Kirby Dach un an plus tôt. L’analyse de Simon-Olivier Lorange, sur place à Nashville à l’occasion du repêchage, avec citations de Kent Hughes à l’appui.
  2. Pierre-Luc Dubois avait aussi Montréal dans sa mire, a-t-il admis en conférence de presse. Guillaume Lefrançois fait le point sur cette transaction.
  3. Adam Fantilli constituera-t-il le deuxième choix au total derrière Connor Bedard ou glissera-t-il de quelques rangs comme Shane Wright l’an dernier ? Simon-Olivier Lorange a demandé à certains des principaux espoirs comment ils géraient leurs attentes.