Rapidement après que les Maple Leafs de Toronto eurent montré la porte à Mike Babcock en novembre 2019, le célèbre entraîneur a été classé dans la catégorie des infréquentables.

D’anciens joueurs l’ayant côtoyé à Detroit, où il a passé une décennie, l’ont décrit comme un intimidateur. Des tactiques jugées inappropriées avec des joueurs recrues, notamment Mitch Marner à Toronto, ont été mises au jour.

Pendant trois ans et demi, donc, Babcock s’est tenu à l’écart de la LNH. Il a sommairement touché au hockey universitaire, mais pas aux rangs professionnels.

Le pilote de 60 ans a aujourd’hui terminé son purgatoire. Maintenant que le contrat monstre le liant aux Leafs est échu, les Blue Jackets de Columbus ont, en grande pompe, annoncé son embauche comme nouvel entraîneur-chef de l’organisation.

Babcock n’est pas revenu explicitement sur les incidents passés, mais il a clairement fait savoir qu’il avait cheminé. S’il y a un aspect sur lequel il dit avoir évolué, c’est celui de la communication.

« Ma fille me dit souvent : “Ce n’est pas ce que tu dis, mais le ton que tu emploies” », a-t-il lancé, en réponse à une question sur ce qu’il entendait changer dans ce nouveau chapitre de sa carrière.

« Je suis un gars direct, honnête ; je travaille fort, je suis enthousiaste, a-t-il poursuivi. Mais le message envoyé et celui qui est reçu, souvent, ne sont pas les mêmes. Il est arrivé que, même si je croyais avoir eu une bonne rencontre avec un jeune joueur, j’apprenne par la suite qu’il avait dit à un adjoint que je l’avais engueulé. »

Communiquer, c’est transmettre [efficacement] le message que tu veux et le faire de manière respectueuse. C’est ce que les trois années et demie m’ont appris.

Mike Babcock

Cette réflexion sur la communication, il l’a notamment alimentée à l’Université du Vermont et à celle de la Saskatchewan, deux établissements qui l’ont sommairement employé au cours des deux dernières saisons.

L’entraîneur dit avoir discuté avec des experts issus de différentes disciplines. Des personnes qui, affirme-t-il, l’ont aidé à s’« améliorer ».

« Avoir 23 joueurs dans une équipe, ça veut dire avoir 23 manières de coacher, 23 plans individuels, 23 plans en préparation mentale… C’est comme ça qu’on a du succès. Je n’aurais pas dit ça il y a 10 ans. Je ne le savais pas. »

À deux reprises, il a décrit cette pause forcée comme un « cadeau de Dieu » qui lui a permis de passer du temps avec sa femme et leurs enfants. On pourrait ironiser en disant que le cadeau venait aussi des Maple Leafs, dont il a reçu un salaire annuel de 6,25 millions pendant tout ce temps. Peu importe, il assure avoir, pendant ce hiatus, retrouvé la « joie pure » que lui procure le hockey. Ce qui nous amène à son nouveau défi professionnel.

Devoirs

Jarmo Kakalainen et John Davidson, respectivement directeur général et président des opérations hockey des Blue Jackets de Columbus, cachaient mal leur fébrilité à l’idée d’annoncer l’embauche de Mike Babcock, officialisant ainsi le secret le moins bien gardé de la LNH.

Davidson a, sans surprise, vanté son impressionnant CV. Ce point est indéniable. Deux médailles d’or olympiques et un titre à la Coupe du monde à la tête de l’équipe canadienne. Une Coupe Stanley, remportée à Detroit en 2008, des participations à la finale avec les Mighty Ducks d’Anaheim en 2003 et les Wings en 2009. Ses 700 victoires en saison lui confèrent le 12rang de l’histoire de la ligue. Il devrait se joindre au top 10 dès la prochaine saison, et il gagnera encore des échelons si son règne à Columbus dure quelques années.

Kekalainen, lui, a assuré avoir fait ses devoirs et consulté une multitude de personnes avant d’arrêter son choix sur Babcock. La rétroaction « n’a été que positive », assure-t-il.

Dave King et Ken Hitchcock, deux ex-entraîneurs-chefs des Jackets, lui ont donné leur bénédiction. Tout comme Rick Nash, ancienne gloire du club, aujourd’hui directeur du développement des joueurs à Columbus. Et le groupe de leaders de la formation actuelle a été formel, dixit le DG : l’important, pour eux, c’est de gagner.

Il estime ainsi être allé chercher « le meilleur entraîneur disponible » pour y arriver, mais aussi « la meilleure personne ».

« Notre organisation a des valeurs fortes, sur lesquelles nous ne faisons aucun compromis et qui sont non négociables, a martelé Kekalainen. Ça s’applique à moi et à tout le monde à cette table. Nous avons hâte de travailler avec Mike. »

Adam Fantilli sous contrat

Immédiatement après avoir confirmé l’embauche de Babcock, les Blue Jackets ont rapidement révélé avoir mis sous contrat leur plus récent choix de premier tour Adam Fantilli. Celui qui, pas plus tard que mercredi, a été repêché au troisième rang au total, met donc fin à sa carrière universitaire après une seule saison, au cours de laquelle il a outrageusement dominé la NCAA, au point de se voir remettre le trophée Hobey-Baker récompensant le meilleur joueur du pays. On déduit donc que Fantilli, premier joueur de la cuvée 2023 à décrocher une entente professionnelle, fera le saut directement dans la LNH. Comme on pouvait s’y attendre, son contrat d’entrée sera valide pour trois ans.