Les joueuses de hockey professionnel ont franchi le dernier obstacle majeur dimanche en ratifiant à l’unanimité une convention collective et une constitution, a déclaré à l’Associated Press une personne ayant une connaissance directe du vote.

Cette personne a parlé sous le couvert de l’anonymat parce que l’Association des joueuses de hockey professionnel (PWHPA) n’a pas annoncé le résultat du vote de ses 97 membres. La ratification ouvre effectivement la voie au lancement de la nouvelle ligue, qui réunira les meilleures joueuses d’Amérique du Nord, avec la possibilité d’attirer également les meilleures d’Europe et d’Asie.

Le contrat de travail est valable jusqu’en 2031, et le fait d’en avoir un en place avant que la ligue ne commence ses activités constitue une première pour le sport professionnel féminin en Amérique du Nord. Le contrat de travail de la WNBA a été ratifié en 1999, un an après le lancement de la ligue, et la NWSL n’a eu son premier contrat de travail que l’année dernière, dix ans après sa création.

Le vote met fin à une attente de trois jours qui a commencé lorsque le président des Dodgers de Los Angeles, Mark Walter, l’un des bailleurs de fonds de la nouvelle ligue de hockey, a éliminé la concurrence en achetant la Premier Hockey Federation, une ligue rivale comptant sept équipes.

Il ne reste plus qu’à déterminer le nom de la ligue et l’emplacement de ses six équipes – trois aux États-Unis et trois au Canada. Ensuite, les équipes commenceront à recruter leur personnel, puis il y aura un tirage au sort et une période de recrutement afin de constituer la liste des 23 joueuses de chaque franchise.

« Je ne pourrais pas être plus fière de notre groupe de joueuses qui s’est vraiment serré les coudes et a été uni tout au long de ce processus, a déclaré vendredi Sarah Nurse, membre du conseil d’administration de la PWHPA et joueuse de l’équipe nationale du Canada.

PHOTO COLE BURSTON, LA PRESSE CANADIENNE

Sarah Nurse (20)

« Nous avons vraiment compris notre valeur et notre volonté ne s’est jamais estompée, a-t-elle ajouté. En regardant ce que nous accomplissons avec notre contrat de travail, qui est primordial pour nous, c’est un moment formidable. Et je sais qu’à long terme, notre sport s’en portera mieux. »

Alors que la nouvelle ligue est ouverte à toutes les joueuses, le vote était limité aux membres de la PWHPA qui ont passé les trois derniers mois à négocier l’accord avec les investisseurs, le Mark Walter Group et Billie Jean King Enterprises.

Brant Feldman, un agent de joueurs qui représente de nombreux membres de l’équipe nationale, a publié une déclaration dans laquelle il salue la ratification de l’accord, la qualifiant de « révolutionnaire pour le sport féminin ».

« C’est tout à l’honneur du Mark Walter Group et de BJK Enterprises de faire comprendre qu’il s’agit d’une entreprise et d’établir une relation mutuellement bénéfique avec les joueuses dès le départ, plutôt que d’essayer de construire une convention collective à la volée après que les problèmes de démarrage aient déjà commencé », a ajouté M. Feldman.

Les joueuses unies

Un groupe de joueuses très en vue de la PHF a lancé un message unificateur plus tôt dans la journée de dimanche en déclarant qu’elles étaient prêtes à unir leurs forces, même si cela devait se faire aux dépens de leur ligue.

« Aujourd’hui, toutes les joueuses de hockey féminin sont unies, plus fortes que jamais, à l’aube de cette nouvelle ère, peut-on lire dans le communiqué. Alors que nous nous lançons dans la formation d’une nouvelle ligue, nous apportons la puissance et l’infrastructure que nous nous sommes battues pour construire. Nous sommes très enthousiastes à l’idée de voir une ligue unifiée qui accueillera toutes les meilleures athlètes que le hockey a à offrir et nous visons à construire la ligue la plus forte qui puisse résister à l’épreuve du temps. »

La déclaration a été publiée par 11 joueuses qui ont formé un comité de direction de la PHF, comprenant au moins un représentant de chacune des sept franchises de la ligue. Les membres du comité comprennent la capitaine du Price de Boston, Jillian Dempsey, qui détient le record de la PHF pour les buts, les points et les matchs joués, Kacey Bellamy, du Whale du Connecticut, ancienne athlète olympique américaine et ancienne membre de la PWHPA, et Ann-Sophie Bettez de la Force de Montréal, qui a joué dans l’équipe nationale du Canada et est également une ancienne membre de la PWHPA.

La nouvelle de l’achat a ravivé un récit familier sur le soi-disant fossé entre les deux parties, que les joueuses de la PHF voulaient dissiper.

« Nous cherchons à nous éloigner du discours de division qui a trop souvent entaché les nombreuses grandes réalisations du hockey féminin professionnel et à nous unir pour créer collectivement l’avenir du hockey », ont écrit les joueuses.

La vision d’avenir

Cette évolution concrétise la vision de la PWHPA, qui souhaite détenir une participation majoritaire dans une ligue dotée d’un modèle économique durable et de salaires équitables pour les joueuses.

Tout aussi important, la nouvelle ligue clarifie enfin ce qui a été un paysage nord-américain confus pour le hockey féminin, divisé en deux factions sur la meilleure approche à long terme. La division remonte à 2015, lorsque la Ligue nationale de hockey féminin (NWHL) à quatre équipes – plus tard rebaptisée PHF – a été fondée en tant que première ligue professionnelle du continent à verser un salaire aux joueuses de hockey.

La PWHPA est composée d’une majorité de joueuses des équipes nationales des États-Unis et du Canada et a été créée en 2019 à la suite de l’effondrement financier de la Ligue canadienne de hockey féminin.

Le groupe a refusé de rejoindre la NWHL en raison de divergences philosophiques concernant son modèle économique de jeune entreprise dépendant d’investisseurs, ainsi que l’absence de prestations de soins de santé et d’installations dédiées. Des problèmes de stabilité financière ont également été soulevés, notamment après que la NWHL ait été contrainte de réduire de moitié les salaires des joueuses un mois après le début de sa deuxième saison afin d’éviter la faillite.

En changeant de nom pour devenir la PHF, la ligue a finalement décidé de faire appel à des propriétaires privés, d’offrir des avantages sociaux et d’augmenter les salaires. Un engagement de 25 millions de dollars de la part du conseil d’administration de la PHF a permis de faire passer le plafond salarial de chaque équipe de 350 000 dollars pour la saison 2021-22 à 750 000 dollars la saison dernière et à doubler cette somme pour l’année à venir.

« Au cours des deux dernières années, on n’a cessé de nous dire : “Vous n’avez qu’à aller jouer là-bas”, a dit Nurse, en faisant référence à la PHF. Nos joueuses ne voulaient pas se contenter de ce qui existait déjà. Et, bien sûr, nous avons fait ce que nous voulions. Nous avons continué à aller de l’avant. »

Les joueuses de la PHF ont remercié les membres de la PWHPA et ceux qui ont joué un rôle clé dans leur ligue.

« Nous sommes heureuses d’entrer dans un environnement où il y a un syndicat et un contrat de travail qui établissent une feuille de route sur laquelle nous pouvons continuer à construire, ont-elles ajouté. Bien que ce soit la fin de la PHF telle que nous la connaissions, cette évolution n’effacera jamais le travail inlassable et ingrat de nos athlètes. Nous avons commencé et nous n’avons pas fini. Nous regardons vers l’avant, ensemble. »