En arrivant au camp de perfectionnement, dimanche matin, un détail sautait aux yeux. Entre le banc des joueurs et la bande, un écran avait été monté sur un trépied. Quand les exercices ont commencé, on a vite compris ce dont il s’agissait.

Adam Nicholas, directeur du développement hockey du Canadien, filmait les exercices sur la patinoire, avec sa tablette. Lorsqu’il arrêtait un exercice, il invitait les joueurs devant l’écran, appuyait sa tablette sur la bande et faisait reculer la vidéo qu’il venait de tourner. La vidéo était projetée à l’écran, et Nicholas pouvait même dessiner sur l’image. Il était donc en mesure d’offrir de la rétroaction pratiquement en direct.

« Je leur ai dit : ‟Si vous n’aimez pas ça, dites-le et on va arrêter.” Mais ils adoraient ça », a raconté l’énergique entraîneur.

« On se fait souvent dire : ‟Si tu ne peux pas faire de démonstration des exercices, tu ne peux pas enseigner.” Avec ça, je n’ai plus à faire de démonstration. Je peux leur montrer directement, et les joueurs se voient, ‟ouh, pourquoi je fais ça ?”. On a fait un exercice cette semaine où les joueurs avaient tous le bâton en l’air. Je leur ai dit : ‟Vos bâtons doivent être sur la glace.” Aussitôt, tout le monde a mis son bâton sur la glace, à deux mains, et c’était un détail clé pour le jeu défensif. »

L’espoir Lane Hutson a travaillé de près avec Nicholas la saison dernière, et il connaît bien son intensité et sa créativité. Mais lui aussi découvrait cette technologie. « C’était ma première fois. Adam fait des choses assez spéciales. Je ne pensais pas qu’il pouvait se pousser à un autre niveau, puis il l’a fait ! Maintenant, un exercice qu’on a fait 30 secondes plus tôt apparaît déjà à l’écran. »

Les joueurs sondés ont unanimement applaudi l’initiative.

Il nous décortique une séquence et tu regardes ce qu’il veut que tu fasses. D’habitude, le coach va siffler et te le montrer vite fait. Mais de revoir la séquence comme ça, c’est vraiment sharp.

Joshua Roy

Pour l’heure, Nicholas vise les attaquants et les défenseurs avec sa nouveauté, mais les gardiens y trouvent tout de même leur compte.

« Tu peux prendre ces situations et regarder où tu te places, comment arriver plus rapidement là d’où le tir proviendra et profiter d’une seconde supplémentaire. Tu peux comprendre ce que les tireurs vont rechercher », a fait valoir le gardien Emmett Croteau.

Le camp s’est conclu avec deux courts matchs intraéquipe de 25 minutes chacun, disputés à 4 contre 4. Dans le premier, Jack Smith a inscrit l’unique but de l’équipe vêtue d’un rouge rappelant l’habit d’Elvis sur la pochette de King Creole. Dans le deuxième, Luke Tuch a d’abord marqué pour les Rouges, puis Filip Mesar a créé l’égalité dans un match nul de 1-1. Les deux attaquants ont touché la cible grâce à d’impressionnants tirs des poignets.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

L’attaquant Jack Smith (64)

Sans avoir marqué, Hutson s’est distingué de plusieurs façons : il a préparé des chances de marquer pour David Reinbacher et il a servi une majestueuse feinte à Joshua Roy, qui est chanceux d’avoir deux chevilles encore intactes, et à la toute fin du deuxième match, il a bloqué un puissant tir de Logan Mailloux avec son épaule. La rondelle a d’ailleurs laissé une marque noire bien visible sur son chandail blanc.

« J’ai vraiment été surpris, mais ça fait partie du jeu et j’avoue que je ne voulais pas recevoir la rondelle en pleine gueule. C’est bien mieux sur l’épaule ! », a blagué Hutson.

Parlant de Mailloux, son intensité et sa robustesse sautaient aux yeux. Que ce soit un petit coup de bâton derrière le jeu ou un contact plus assumé, son implication physique était irréprochable. Il a d’ailleurs eu droit aux bons mots de Marie-Philip Poulin après la rencontre.

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Logan Mailloux

John Parker Jones, un géant de 6 pi 7 po capable de jouer à l’attaque comme à la défense, qui détient un contrat de la Ligue américaine, en a quant à lui surpris plusieurs avec ses feintes.

Dans un style plus discret, Adam Engstrom continue à faire son bout de chemin. Ce défenseur de 19 ans, repêché au troisième tour en 2022, a passé la majorité de la saison à Rögle, en première division suédoise. Il doit y retourner la saison prochaine, mais sa courbe de progression est intéressante. « C’est un joueur », a dit de lui Rob Ramage, une déclaration qui peut paraître très factuelle si interprétée au pied de la lettre, mais qui était prononcée avec une certaine admiration.

Paul Byron n’a peut-être plus de contrat avec le Canadien depuis le 1er juillet, mais il demeure dans l’entourage de l’équipe. Lui et Nick Suzuki se sont en effet adressés aux 37 espoirs de l’organisation qui étaient sur place cette semaine. Dans un extrait de son discours publié par le CH, on l’entend raconter aux jeunes comment il a toujours accepté son rôle, quel qu’il soit. « Il y a pire dans la vie que de jouer au sein d’un quatrième trio dans la LNH », leur a-t-il dit. Du manger pour la pensée, comme le disent nos amis anglophones.

Écoutez un extrait du discours de Byron (avec sous-titres en français)

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Joshua Roy fera le saut chez les professionnels à l’automne et il sera intéressant de voir quel numéro il va porter. À Sherbrooke, il portait le 10, et avec Équipe Canada, le 9. Dans le midget AAA ? Le 19. Tous des numéros retirés chez le Tricolore. Or, pour le deuxième camp de suite, il porte le 97, un numéro qui sera de plus en plus audacieux à porter. Dans la LNH la saison dernière, Kirill Kaprizov est le seul autre joueur que vous-savez-qui à l’avoir porté. Roy pense-t-il porter le 97 de façon permanente ? « Je ne pense pas ! Je ne me considère pas comme Connor McDavid ! Je n’ai pas pensé à ça encore, mais je ne m’obstine pas trop », a expliqué le Beauceron.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Joshua Roy portait le numéro 97 au camp de perfectionnement.

Rhett Pitlick disputera sa troisième saison à l’Université du Minnesota. Ce choix de cinquième tour du Tricolore en 2019, frère de Rem Pitlick, n’a pas montré une grande croissance offensive entre ses saisons 1 et 2, concluant la dernière campagne avec 25 points en 40 matchs. S’il n’en tient qu’à lui, la saison 2023-2024 sera sa dernière à l’université avant de passer aux rangs professionnels. « Le hockey a toujours été dans ma famille. Mon père, mon frère et mon cousin ont joué. Donc j’aimerais y arriver le plus vite possible, mais Dieu a aussi son plan. Ce serait formidable de jouer à la fin de la saison, idéalement avec mon frère. »