Au dernier camp de développement, l’entraîneur-chef du Rocket, Jean-François Houle, s’est fait interroger sur Lias Andersson, fraîchement embauché par le Canadien.

« Lias a beaucoup d’expérience, il a produit presque un point par match dans la Ligue américaine la saison dernière. J’espère qu’il sera un mentor et qu’il va aider à atténuer la pression que nos jeunes sentiront pour produire de l’attaque », a répondu Houle.

De bons mots, donc. Le genre de paroles qu’on entend souvent quand une équipe embauche un joueur en milieu de carrière, un bon vétéran de la Ligue américaine, mais incapable de percer dans la LNH. Pensez à Alex Belzile, à Chris Terry ou à Xavier Ouellet, tous productifs pour le Rocket.

Le problème, c’est qu’Andersson a seulement 24 ans, 25 en octobre.

« C’est toujours bon d’entendre des compliments, mais je veux jouer dans la Ligue nationale, dit le Suédois, en entrevue à La Presse. Je n’ai pas peur de travailler pour m’y rendre. Mais je n’ai rien contre la Ligue américaine, j’ai eu du plaisir à y jouer. »

En ce vendredi, Andersson nous parle depuis Göteborg, en Suède, où il s’entraîne en vue de la saison à venir. Une saison au cours de laquelle il aimerait construire sur sa dernière campagne. Membre du Reign d’Ontario, le club-école des Kings de Los Angeles, il a amassé 59 points (31 buts, 28 aides) en 67 matchs. Andersson est dominant dans l’AHL, du moins offensivement.

Dans la LNH par contre, c’est plus compliqué. Un seul match en 2022-2023, et deux points en 20 rencontres en 2021-2022.

S’il veut s’encourager, Andersson n’a qu’à regarder quelques exemples de son année de repêchage. Encore l’an dernier, des joueurs de cette cuvée 2017 ont fini par éclore.

  • Owen Tippett (10choix) et Gabriel Vilardi (11e) ont tous les deux atteint la marque des 20 buts pour la première fois.
  • Cody Glass (6e) vient de passer une première saison complète dans la LNH et a accumulé 35 points.
  • Michael Rasmussen (9e) et Klim Kostin (31e) ont aussi cimenté leur place dans la LNH en 2022-2023.

Andersson a remarqué ces joueurs qui ont « éclos sur le tard ». « Je pense avoir fait des pas dans la bonne direction la saison dernière. C’était la première fois que je jouais une année complète dans un rôle important. C’était ma première année complète sans blessure ni rappel, où j’étais au même endroit du début à la fin. »

Passage chaotique

Sa remarque sur la stabilité n’est pas anodine ; un coup d’œil à sa page HockeyDB est en effet une expérience qu’on pourrait qualifier de chromatique, si une telle chose existe.

Consultez les statistiques de Lias Andersson

Lors de trois saisons (2017-2018, 2019-2020 et 2020-2021), il a disputé des matchs dans trois ligues : la LNH, l’AHL et la première division suédoise. La pandémie explique en partie la situation en 2020-2021, puisque les activités dans la ligue suédoise avaient démarré dès l’automne, quelques mois avant celles de la LNH.

Il reste que ses allers-retours entre la Suède et l’Amérique du Nord ont fait les manchettes à l’époque. Le chroniqueur réputé Larry Brooks, du New York Post, a eu de quoi alimenter des huitaines de papiers au fil des ans.

PHOTO NOAH K. MURRAY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Lias Andersson (50), lors d’un match préparatoire avec les Rangers en 2019

Les Rangers de New York avaient-ils misé sur le bon cheval en repêchant au 7rang un joueur généralement attendu en milieu de 1er tour ? David Quinn, son entraîneur-chef à compter de sa deuxième saison, l’encadrait-il adéquatement en l’employant avec des joueurs de soutien ? Son cas est-il trop lourd à gérer si, comme Brooks l’écrivait à l’époque, il en était rendu à communiquer directement avec John Davidson, alors le président des Rangers ?

Le sujet demeure délicat. « Il se passait beaucoup de choses, dit-il, évasif. Je n’ai pas de regret, mais je ne sais pas si c’est correct de ne pas en avoir. Mais je n’ai jamais rien fait de mal à personne, je prenais simplement ce que j’estimais être les meilleures décisions pour moi à l’époque. »

Relancé sur les raisons de ses insuccès chez les Rangers, Andersson demeure vague. « Je ne sais pas si je veux en parler. Il se passait beaucoup de choses. J’ai fait certaines erreurs, mais je pense qu’eux aussi en ont fait. Je suis maintenant passé à autre chose. »

Les Rangers étaient alors dirigés vers Jeff Gorton, actuel vice-président aux opérations hockey du Canadien. Nick Bobrov, codirecteur du recrutement amateur à Montréal, était directeur du recrutement en Europe pour ces mêmes Rangers. Andersson dit n’avoir eu « aucun contact » avec eux depuis qu’il s’est entendu avec le CH.

Il cite plutôt deux noms inattendus, William Lagesson et Frédéric Allard, comme ceux qui lui ont vanté l’organisation. Il s’entraîne avec Lagesson l’été et a joué avec Allard à Ontario, en Californie. C’est sans oublier l’increvable Nate Thompson, un autre coéquipier à Ontario, qui lui a dit du bien de Martin St-Louis. Thompson et St-Louis ont joué ensemble à Tampa de 2009 à 2014.

Andersson dit avoir quitté les Kings parce qu’il jugeait que ses chances de revenir dans la LNH étaient « meilleures » ailleurs. Le Canadien n’a certes pas la profondeur des Kings en termes de qualité, mais en quantité, il y a congestion à l’avant. Par contre, son salaire garanti pour l’année est de 450 000 $, et son salaire réel, à Laval, est de 375 000 $. Un tel écart laisse croire que l’équipe lui offrira un rappel au besoin.

« Premièrement, jouer dans la LNH n’est jamais facile, peu importe l’équipe, prévient-il. Tu ne peux pas arriver au camp et penser qu’un poste t’est réservé. Je dois donc compétitionner. Je n’ai pas comparé les formations. J’ai simplement choisi l’endroit où je pense que je peux jouer du bon hockey. »