Comme toutes celles qui ont connu les multiples tentatives de faire vivre le hockey professionnel féminin dans les années 2000 et 2010, Caroline Ouellette se dit « hyper contente » de voir une nouvelle ligue voir le jour.

Ex-étoile de l’équipe nationale et actuelle entraîneuse associée chez les Stingers de Concordia, la Montréalaise se réjouit à l’idée qu’enfin, les meilleures joueuses du monde soient toutes réunies au sein du même circuit.

« Ça fait des années qu’on n’a pas de championnat des marqueuses entre Marie-Philip Poulin et Hilary Knight, que les meilleures gardiennes du monde n’ont pas été comparées. C’était dû pour arriver », a affirmé Ouellette en marge de la Classique KR, le week-end dernier.

« La façon dont ç’a été fait », toutefois, l’emballe moins.

« J’ai un peu le cœur brisé pour les filles de la PHF qui viennent de renouveler leur contrat. Il faut le mentionner, parce que ces filles-là se sont préparées, elles se sont entraînées fort, elles ont signé des contrats et certaines d’entre elles ont déménagé. »

Cela étant, « dans l’ensemble, il fallait que ça arrive », croit celle qui sera intronisée au Temple de la renommée du hockey l’automne prochain. « Avec six équipes, le calibre sera fascinant. Ça va fonctionner. »

Conditions de travail

Ouellette a disputé neuf saisons dans la défunte Ligue canadienne (CWHL), avec les Stars puis les Canadiennes de Montréal. Elle a connu les années au cours desquelles les joueuses étaient peu ou pas payées.

La qualité des conditions de travail a toujours été le caillou dans le soulier du hockey féminin. Faute de ressources financières, les différents circuits versaient des salaires faméliques à leurs joueuses.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Caroline Ouellette avec les Canadiennes de Montréal en 2018

La défunte Ligue nationale féminine – ou NWHL, devenue la PHF – a longtemps fait parler d’elle pour les installations désuètes et les ressources limitées qu’elle mettait à la disposition de ses athlètes. Ce n’est qu’au cours des dernières années que certaines joueuses de la PHF ont reçu des sommes qui leur permettaient de gagner leur vie avec leur sport.

Selon les quelques informations rendues publiques sur la future ligue qui naîtra en janvier, cet enjeu devrait être réglé. C’était d’ailleurs un élément non négociable pour les membres de l’Association des joueuses professionnelles (PWHPA) : des conditions de travail acceptables ou rien.

Caroline Ouellette a bon espoir que cette fois sera la bonne. « Je pense qu’on est arrivé au stade où il y a assez d’investisseurs qui ont des moyens financiers pour rendre la ligue viable, estime-t-elle. Il faudra investir quelques années, le temps que la ligue fasse des profits, mais je crois que ça va arriver un jour. Avec les nouveaux propriétaires et l’implication des anciens propriétaires de la PHF, je pense que le support financier sera suffisant pour aller de l’avant. »

Transition

Elle s’attend à ce que la saison inaugurale, à l’hiver 2024, soit une saison de transition, alors que des joueuses européennes risquent de respecter leurs engagements sur le Vieux Continent.

Or, en 2024-2025, elle prédit que les Européennes seront nombreuses à traverser l’Atlantique.

C’est ça qui va faire vraiment avancer le hockey féminin, quand les meilleures Finlandaises, Suédoises, Américaines et Canadiennes vont jouer ensemble. C’est comme ça que tout le monde va s’améliorer. Et ça va permettre aux amateurs de connaître toutes ces athlètes-là aussi.

Caroline Ouellette, à propos de la nouvelle ligue

Ouellette souhaiterait-elle se retrouver derrière le banc d’une éventuelle franchise à Montréal ? À cette question, l’entraîneuse souligne qu’elle a « hâte de voir la ligue prendre forme », mais qu’elle est comblée par son poste à Concordia, où elle codirige l’un des meilleurs programmes du pays. « Ce serait dur de partir, honnêtement. »

Mais répondra-t-elle si son téléphone sonne ?

« Il a déjà sonné pour plein de choses. J’ai toujours répondu », laisse-t-elle tomber en souriant.