Après que leur ligue a été achetée puis dissoute sans préavis il y a quelques semaines, les joueuses de la Force de Montréal se sont retrouvées sans contrat et sans équipe.

Le choc était évident pour les hockeyeuses qui avaient disputé la première (et seule) saison du club l’hiver dernier. Il était probablement encore plus brutal pour les nouvelles venues dont l’encre du contrat n’était pas encore sèche.

Élizabeth Giguère est dans cette deuxième catégorie. Au début du mois de mai, la Force a annoncé en grande pompe son embauche. Cela signifiait un retour au Québec pour l’une des meilleures joueuses de la province, partie aux États-Unis depuis six ans pour y jouer d’abord à l’Université Clarkson, dans la NCAA, puis avec le Pride de Boston, dans la Premier Hockey Federation – ou PHF, circuit qui incluait la Force.

L’attaquante de 26 ans serait probablement devenue l’une des vedettes offensives de l’équipe montréalaise.

Originaire de Québec, Giguère a ainsi déménagé dans la métropole avec sa conjointe, qui est américaine. Dans une récente entrevue avec La Presse, elle expliquait sa fébrilité à l’idée de se joindre à une organisation dont elle n’entendait que du bien, ce qui lui permettait par ailleurs de se rapprocher de sa famille.

Or, à la fin du mois de juin, un groupe d’investisseurs associés à l’Association des joueuses professionnelles (PWHPA) a acheté la PHF et annoncé qu’une ligue unique mettant aux prises les meilleures joueuses du monde prendrait vie en janvier 2024. Exit la Force et les six autres clubs qui constituaient la ligue.

« Ce n’était pas une nouvelle le fun, disons. Ce n’était vraiment pas ça, le plan que j’avais en déménageant ici », a confié Giguère, le week-end dernier, dans une entrevue accordée en marge de la Classique KR, évènement caritatif auquel ont pris part quelques dizaines de joueurs et joueuses issus des rangs professionnels.

« Ç’a été un choc, a-t-elle poursuivi. J’étais censée jouer au hockey, j’avais une saison devant moi à Montréal, j’avais enfin la chance de jouer devant ma famille et mes amis… »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Deux semaines avant la dissolution de la Force de Montréal, Élizabeth Giguère (à droite) participait au défi d’arrêt aux puits des célébrités du Grand Prix de Montréal avec sa coéquipière Samantha Isbell et deux joueurs des Alouettes, Louis-Philippe Bourassa et Marc-Antoine Dequoy.

Au compte-gouttes

Les premiers jours ont été « frustrants ». Comme la plupart des joueuses, elle se rallie à l’idée d’une ligue unique, qui effacera enfin une vieille rivalité entre la PHF et les membres de la PWHPA, association qui regroupe la majorité des olympiennes canadiennes et américaines.

Cela étant, comme toutes les orphelines de la PHF, elle n’a aucune idée de ce qui l’attend. Les informations, pour les athlètes concernées comme pour le public, arrivent au compte-gouttes. Les joueuses dont le contrat a été annulé n’ont pas encore la confirmation qu’elles recevront un dédommagement financier.

Les marchés de la future ligue ne sont, apparemment, pas encore complètement déterminés, pas plus que le processus de sélection des joueuses.

Des appels de candidatures lancés pour pourvoir des postes de direction ne contenaient pas davantage de détails, a écrit jeudi le Hockey News. Selon le magazine spécialisé, aucune annonce majeure n’est prévue avant la première semaine du mois d’août.

Puisque le nouveau circuit ne lancera ses activités qu’en janvier, plusieurs joueuses ont signé des contrats avec des clubs européens pour ne pas perdre une saison entière.

Personne ne sait, par ailleurs, qui aura ou non du travail dans la nouvelle ligue, qui comptera apparemment six équipes. Giguère, qui a passé la dernière année dans le programme sénior de Hockey Canada, serait une candidate évidente. Elle ne tient néanmoins rien pour acquis. Et si une équipe la sélectionne, pourra-t-elle rester à Montréal ? Ou devrait-elle boucler ses valises une nouvelle fois ?

« Si c’est ça qu’il faut que je fasse pour jouer au hockey, je vais le faire », dit-elle, espérant avoir la possibilité de signer un contrat de plus d’une saison.

Ce serait le fun de savoir où je serai pour les deux ou trois prochaines années.

Élizabeth Giguère

L’Europe, toutefois, n’apparaissait pas comme une option viable pour elle, alors qu’elle espère recevoir une invitation pour le camp d’entraînement de l’équipe canadienne, qui aura lieu en septembre.

Dans l’attente, que fait-elle ? « Je me concentre sur moi, sur mon entraînement, et sur le camp de Hockey Canada », affirme Giguère.

Malgré la déception, elle insiste : « Je veux faire partie de la nouvelle ligue. »

« Avec du recul, c’est ce qu’il y aura de meilleur pour le hockey féminin, conclut-elle. Peu importe quand ça commence, j’espère être prise. Mais j’ai hâte d’en savoir plus. »