Cela faisait plus d’un mois qu’Hendrix Lapierre n’avait pas marqué. Une longue attente de 13 matchs. Le but qu’il a marqué, le 21 juin dernier, a toutefois effacé cette disette, dont on ne parlera plus jamais.

Ce filet, inscrit en fin de deuxième période, a permis aux Bears de Hershey d’égaler la marque après avoir effacé un déficit de 2-0 dans le septième match de la finale de la Ligue américaine. Deux heures plus tard, au terme d’une rencontre spectaculaire conclue en prolongation, le club-école des Capitals de Washington remportait la Coupe Calder.

Lapierre n’aurait pu trouver une meilleure manière de boucler sa première saison complète chez les professionnels.

C’est probablement le plus beau moment de ma carrière. Je savais que ce serait le fun de gagner, que j’allais être excité et tout, mais je ne pensais pas que ça atteindrait ce niveau-là. C’était juste… wow… vraiment le fun !

Hendrix Lapierre

On pourrait sourire en entendant un athlète de 21 ans s’exprimer ainsi par rapport à une carrière qui n’en est qu’à ses débuts. Pour Lapierre, toutefois, on fera une exception.

En incluant la saison (60) et les séries éliminatoires (20), le natif de Gatineau a disputé 80 rencontres en 2022-2023. Un total comparable à ses trois dernières campagnes dans la LHJMQ… réunies. Une série de blessures et un calendrier écourté par la pandémie de COVID-19 l’avaient limité à 97 matchs en trois ans dans les rangs juniors.

« Ça fait du bien », a-t-il avoué lors d’une discussion avec La Presse, il y a une dizaine de jours, à la Classique KR, évènement caritatif auquel ont pris part quelques dizaines de joueurs et joueuses issus des rangs professionnels.

« J’avais retiré beaucoup de positif de ma carrière junior, mais j’avais quand même quelques regrets par rapport à ce qui est arrivé, a-t-il poursuivi. Je n’avais jamais joué autant de matchs auparavant. Juste pour ça, c’est une belle année. Ça m’a permis de vivre les hauts et les bas d’une saison complète. Et ça s’est bien terminé ! »

Les « hauts et les bas », comme il les appelle, ce sont ceux que connaissent tous ceux qui font le saut d’une ligue junior à un circuit professionnel – même pour un joueur sélectionné au premier tour (22e au total en 2020). Dans la Ligue américaine, l’apprentissage se fait au gré de longs déplacements en autocar et d’un calendrier éreintant qui implique parfois trois matchs en trois jours.

Apprentissages

Sur le plan collectif, il n’y a pas grand-chose à raconter, puisque les Bears ont conservé une fiche de 44-19-9 en saison. Sur le plan personnel, « parfois, ça allait moins bien », souligne-t-il, ajoutant rapidement que « ça fait partie de la game » et qu’il faut « apprendre à gérer ça ». Il y a eu des « remises en questions ». « Ce n’est pas vrai que ça va bien tout le temps », insiste le joueur de centre.

« Quand on joue autant, il faut savoir gérer ses émotions, parce qu’on n’a pas le temps d’être trop down ou trop excité après un match. Il faut rester terre-à-terre, rester constant, travailler fort chaque jour », énumère-t-il.

La présence de nombreux vétérans autour de lui l’a aidé à garder la tête froide. Surtout celle du gardien Zachary Fucale, seul autre Québécois parmi les joueurs réguliers de la formation.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @THEHERSHEYBEARS

Hendrix Lapierre (29) lors de la série finale contre les Firebirds de Coachella Valley

Lapierre a finalement obtenu 30 points, dont 15 buts, en 60 matchs pendant la saison. Une production très honnête, surtout sachant qu’il était le plus jeune attaquant de l’équipe. Parmi les espoirs des Capitals, seul Conor McMichael (39 points) l’a dépassé sur le plan de la production offensive.

Il aurait accueilli avec plaisir un rappel dans la LNH, surtout après y avoir goûté au début de la saison précédente, le temps de six matchs. Même s’il se « tenait prêt » à tout moment, « ce n’est pas arrivé, et c’est bien correct ».

« La saison prochaine, je vais essayer d’être [à Washington] à temps plein », promet-il.

Un coup d’œil à la formation des Capitals laisse présager qu’il y aura peu, voire pas de postes disponibles au camp d’entraînement. Cela étant, selon l’allure que prendra la prochaine saison pour cette équipe vieillissante, qui vient par ailleurs de rater les séries éliminatoires, un virage jeunesse pourrait bien s’opérer avant longtemps.

Malgré des objectifs ambitieux, Lapierre reste zen. Il n’a amorcé que récemment son entraînement estival, après une saison qui s’est étirée jusqu’à tard en juin.

Pour la première fois depuis des années, il passe l’été chez lui, en Outaouais, ce qui lui permet de passer du temps avec sa famille et ses amis.

Il n’a pas eu de conversation spécifique avec la direction des Capitals sur les attentes à son égard en 2023-2024, et il ne s’en formalise pas.

Jamais, auparavant, n’avait-il appris autant en une même année, dit-il. Alors de vivre un été pendant lequel il ne se passe, de son propre aveu, « pas grand-chose », ce n’est pas plus mal.

La prochaine saison arrivera bien assez vite.

Hendrix Lapierre en bref

  • Né le 9 février 2002 à Gatineau
  • 1er choix au total du repêchage de la LHJMQ en 2018
  • Choix de 1er tour (22e au total) des Capitals de Washington en 2020
  • A disputé 6 matchs dans la LNH en 2021-2022
  • A remporté la Coupe Calder avec les Bears de Hershey en 2023