« C’est une leader née. Une fille passionnée, compétitive, dont l’éthique de travail est incroyable. Elle est à l’écoute des autres, elle veut contribuer à leur succès. Et elle est heureuse du succès de tout le monde. »

Pour que leurs joueurs évitent d’avoir la grosse tête, certains entraîneurs sont plus circonspects que d’autres lorsque vient le moment de complimenter leurs protégés. Pour parler d’Emmy Fecteau, Caroline Ouellette n’a toutefois pas affiché cette retenue.

Fecteau, des Stingers de Concordia, a remporté, il y a quelques semaines, le prix Isobel Gathorne-Hardy, remis chaque année par Hockey Canada à la joueuse dont les valeurs, le leadership et les qualités personnelles font le plus rayonner le hockey féminin au pays.

La Beauceronne est devenue la quatrième Québécoise de suite à recevoir cet honneur, succédant ainsi à Melody Daoust, Marie-Philip Poulin et Ève Gascon. On a déjà vu pire compagnie.

« Je vois beaucoup en elle ce que je vois de Marie-Philip », a poursuivi Caroline Ouellette, entraîneuse associée des Stingers, croisée le 22 juillet dernier à la Classique KR, évènement caritatif auquel ont pris part quelques dizaines de joueurs et joueuses issus des rangs professionnels ou universitaires.

« C’est une fille gentille, qui a du cœur au ventre, qui est toujours là pour les autres ; une passionnée pour qui il n’y a jamais trop d’entraînements », a repris Ouellette.

Une athlète aussi qui, après avoir remarqué à quel point les joueuses canadiennes privilégiaient les présences courtes aux Jeux olympiques de Pékin en 2022, a sensibilisé ses coéquipières à cet égard en vue du Championnat canadien quelques semaines plus tard. Son équipe a répondu avec un titre national et une domination de 13-0 au chapitre des buts.

PHOTO FOURNIE PAR EMMY FECTEAU

Emmy Fecteau

Sans surprise, Fecteau deviendra, en vue de la saison 2023-2024, la capitaine des Stingers. Un choix « unanime », dixit son entraîneuse.

À l’occasion d’un match féminin présenté dans le cadre de la Classique KR, Fecteau a été appelée à jouer dans la même équipe que Ouellette et que Julie Chu, son entraîneuse-cheffe à Concordia.

« Elles sont encore capables en masse ! », s’est exclamée Emmy Fecteau, en riant, après la rencontre amicale. « Elles ont impressionné bien du monde, elles sont encore vraiment bonnes ! »

« Un honneur »

L’attaquante de 24 ans n’a pas entendu les éloges de Caroline Ouellette, ce qui lui a évité de rougir à leur évocation. Elle a néanmoins décrit comme « un honneur » le fait d’avoir reçu un prix, à plus forte raison parce que c’en est un « de personnalité ».

« Je dois avoir bien fait ça ! a-t-elle lancé. J’étais vraiment surprise, je ne m’y attendais pas du tout, mais c’est le fun. Ça me permet aussi de représenter Saint-Odilon, mon village natal. »

Saint-Odilon-de Cranbourne, précisons-nous ici. Car oui, elle est beauceronne, comme Marie-Philip Poulin. Et comme son aînée, devenue au fil des années une « bonne amie », c’est avant tout sur la glace qu’elle montre l’étendue de son talent.

Avec 32 points en 23 matchs la saison dernière, elle a été la meilleure pointeuse des Stingers. Au Québec, seule Audrey-Anne Veillette, des Carabins de l’Université de Montréal, a fait mieux.

En vue de la prochaine saison, sa dernière dans l’uniforme jaune et bourgogne, la nouvelle capitaine souhaite reconquérir le championnat canadien afin, dit-elle, « qu’on se reprenne de notre défaite de cette année ». Les Stingers se sont en effet inclinées en prolongation en finale en 2023 devant les Cougars de Mount Royal.

« On va être encore plus motivées », promet-elle.

PHOTO JAMES HAJJAR, ARCHIVES, FOURNIE PAR LES CARABINS DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

Les Stingers se sont inclinées en finale du Championnat universitaire canadien féminin de hockey, en mars dernier.

Après l’obtention de son diplôme, la logique voudrait qu’elle grossisse les rangs de la nouvelle ligue féminine professionnelle qui prendra vie l’hiver prochain. Beaucoup d’eau doit encore couler sous les ponts, puisque peu de détails sont connus par rapport à ce nouveau circuit issu du rachat de la PHF, ligue dans laquelle évoluait la Force de Montréal la saison dernière.

Dans tous les cas, « j’aimerais beaucoup ça, jouer pro », souligne Emmy Fecteau. « J’espère que ça va se développer avant que j’arrive. »

D’ici là, si tout se passe comme elle le souhaite, elle aura la chance de faire sa place dans l’équipe nationale sénior. Elle avait fait bonne figure au camp de sélection l’été dernier et espère recevoir une invitation pour le camp de septembre prochain. Une sélection cette fois-ci la placerait en position avantageuse, alors que s’amorce le cycle olympique menant aux Jeux de 2026.

Habituée de côtoyer plusieurs olympiennes au Centre de haute performance de hockey féminin 21.02, à Montréal, elle ne tient rien pour acquis. Mais elle ne s’empêche pas de tirer, encore en riant : « Je m’entraîne avec toutes ces filles-là, alors je me dis que je serais capable ! »

Elle a, dans tous les cas, tout pour y arriver.