Après 10 ans passés à parcourir l’Amérique du Nord, Jean-Sébastien Dea change de continent. Le Québécois s’envolera dans quelques semaines pour la Russie afin de se joindre au Metallurg de Magnitogorsk, dans la KHL.

Au bout du fil, le Québécois répète plusieurs fois à quel point il est emballé par la « belle opportunité » qui s’offre à lui.

« L’inconnu, ça peut faire un peu peur, et ce n’est jamais facile de sortir de sa zone de confort, mais ce sont des moments comme ça qui nous font grandir comme êtres humains, philosophe-t-il. C’est un beau défi. Je suis super excité. »

En marge d’un évènement caritatif tenu il y a moins de trois semaines, Dea avait affirmé au représentant de La Presse qu’il caressait le plan de poursuivre sa carrière en Europe, mais pas avant l’échéance du contrat le liant aux Coyotes de l’Arizona, dans un an.

Ses plans ont changé rapidement lorsque l’offre du Metallurg est tombée sur la table. Sur le plan financier, la décision à prendre devenait un « no-brainer », selon ses propres mots.

À sa demande, les Coyotes ont résilié son entente, qui devait lui rapporter 300 000 $ s’il passait la saison dans la Ligue américaine. Les deux parties se sont laissées en bons termes, assure-t-il. Il ne lui manque plus que son visa de travail, après quoi sa copine et lui mettront le cap sur l’Eurasie pour, dit-il, goûter à une nouvelle « expérience de vie ».

D’autres discussions avaient eu lieu avec des équipes européennes, « mais rien de concret ».

Ce qui est certain, c’est qu’il estime avoir fait le tour du jardin dans la Ligue américaine, après y avoir disputé 517 matchs avec cinq équipes. Il a connu ses moments les plus prolifiques en 2021-2022 avec le Rocket de Laval, alors qu’il a inscrit 26 buts et amassé 52 points.

PHOTO DENIS GERMAIN, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Jean-Sébastien Dea, durant les séries éliminatoires de la Ligue américaine, au printemps 2022, alors qu’il portait les couleurs du Rocket de Laval

Il a aussi touché à la LNH, disputant au total 37 matchs avec les Penguins de Pittsburgh, les Devils du New Jersey, les Sabres de Buffalo et les Coyotes de l’Arizona – il n’a jamais été formellement rappelé par le Canadien.

« Je sentais que j’avais fait ce que j’avais à faire, souligne-t-il. J’ai passé quasiment 10 ans à bûcher, j’ai eu ce que je voulais en jouant dans la LNH. À un moment donné, dans la vie, c’est correct de tourner la page et d’avoir de nouveaux projets. J’étais prêt à faire le saut. Je vais avoir 30 ans [en février], alors je termine ma vingtaine du bon pied. »

En guerre

Il y a quelques années, le présent texte se serait terminé ici. Or, la Russie est un pays en guerre depuis l’invasion de l’Ukraine, en février 2022.

L’implication de sa terre d’accueil dans un conflit meurtrier a-t-il affecté le hockeyeur dans sa décision ? Pas vraiment, comprend-on. Il s’est évidemment inquiété pour sa propre sécurité, même si Magnitogorsk se trouve à quelque 2000 kilomètres de la frontière ukrainienne.

De nombreuses conversations avec des Québécois qui ont joué là-bas au cours des dernières années l’ont rassuré. « Tout se passe super bien » pour les joueurs de la KHL, dit-il.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Jean-Sébastien Dea

Je ne voulais pas sauter tête première. Dans le pire des cas, si je n’aime pas ça, c’est six mois et je pars.

Jean-Sébastien Dea

Du reste, « je joue au hockey, c’est là-dessus que je me concentre », insiste-t-il. Il sera, par ailleurs, loin d’être le seul Canadien à jouer en Russie. Le gardien Zachary Fucale vient de prendre la même décision que lui. L’attaquant Cédric Paquette amorcera pour sa part sa deuxième saison en KHL, et l’ancien du Tricolore Jordan Weal, une troisième.

« Financièrement, c’était un no-brainer, répète Dea. À l’âge que j’ai, il faut que je place mes billes pour le futur. C’est une chance en or. Je m’en vais là avec l’intention de jouer au hockey. Ce qui se passe autour, ce n’est pas [mes affaires]. Je joue au hockey, je ramasse mon salaire. Life goes on. Ça fait partie de la vie. »

Après avoir terminé la saison 2022-2023 en milieu de classement, le Metallurg de Magnitogorsk s’est incliné au deuxième tour des plus récentes séries éliminatoires de la KHL. L’équipe comptait alors sur l’attaquant Philippe Maillet, qui s’est entendu avec le Canadien de Montréal au cours de l’été. Pour l’heure, le seul autre joueur nord-américain engagé avec l’équipe en 2023-2024, selon le site Elite Prospects, est l’attaquant Luke Johnson.

Jean-Sébastien Dea en bref

  • Né le 8 février 1994 à Laval
  • A disputé trois saisons avec les Huskies de Rouyn-Noranda, dans la LHJMQ.
  • Jamais repêché, il a signé un contrat d’entrée avec les Penguins de Pittsburgh en 2013. Il a disputé 37 matchs avec 4 équipes dans la LNH, et plus de 500 matchs dans la Ligue américaine.
  • Signe un contrat d’un an avec le Canadien en 2021, puis un contrat de deux ans avec les Coyotes de l’Arizona en 2022.
  • Se joindra au Metallurg de Magnitogorsk en 2023-2024.