(Québec) Son coéquipier de longue date Brandon Carlo estime qu’il a « tous les attributs » d’un capitaine. Son ancien entraîneur Bruce Cassidy a dit de lui qu’il disposait d’un « mélange parfait » des qualités requises. Mais Brad Marchand se verrait-il lui-même devenir le 21e capitaine de l’histoire des Bruins de Boston ?

« Ce n’est pas vraiment une chose à laquelle je pense. »

La déclaration a fait son effet. Au cours d’une mêlée de presse, jeudi dernier, une espèce de stupéfaction a envahi les reporters regroupés autour de Marchand, dans les entrailles du Centre Vidéotron.

Le vétéran des Bruins était sur place à l’invitation de son vieux complice Patrice Bergeron, coprésident du ProAm Gagné-Bergeron, match caritatif organisé chaque année à Québec. Il a longuement parlé de sa relation avec son joueur de centre, à qui il a notamment attribué une large partie de ses succès en carrière.

Or, lorsqu’il a été interrogé sur son désir de voir un C apparaître sur son uniforme, il s’est fait circonspect. « De toute façon, la décision ne me revient pas », a-t-il fait valoir.

Marchand apparaît néanmoins comme un candidat évident, possiblement le prétendant le plus naturel au prestigieux poste. Des médias de Boston évoquent aussi le nom de Charlie McAvoy, âgé de 25 ans, soit 10 de moins que son célèbre coéquipier.

PHOTO MICHAEL DWYER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Patrice Bergeron et Brad Marchand en 2021

Si l’on fait abstraction de son caractère bouillant sur la glace et de ses relations parfois (souvent) tendues avec les officiels et le bureau de discipline de la LNH, Marchand semble avoir tout pour lui.

Ses 14 saisons dans la LNH, il les a toutes disputées à Boston, où il a remporté la Coupe Stanley en 2011. Il a grandi en marchant dans les traces de Zdeno Chara, Mark Recchi, David Krejci, Patrice Bergeron… Il était adjoint au capitaine au cours des cinq dernières saisons.

En entrevue dans une baladodiffusion, il y a deux semaines, l’ex-entraîneur des Bruins Bruce Cassidy n’a eu que des éloges pour la candidature de Marchand. « Il devra seulement apprendre à composer avec les joueurs plus jeunes qui arrivent dans la ligue, a-t-il nuancé. Ce sera un défi pour Brad, car il a des attentes élevées envers tout le monde. Il est comme ça. Il n’y a rien de mal à ça. »

Brandon Carlo, qui était lui aussi à Québec jeudi dernier, côtoie Marchand depuis sept ans dans le vestiaire des Bruins. Il a spontanément livré un plaidoyer en faveur de son coéquipier et, volontairement ou non, il a fait écho aux propos de Cassidy.

« Il y a beaucoup de choses qu’il fait hors de la glace que le public ne voit pas, a noté le défenseur. Depuis des années, je l’ai vu croître dans sa manière de prendre soin des plus jeunes et d’appliquer les leçons qu’il a lui-même apprises des plus vieux. »

Le principal concerné, lui, n’en démord pas : « Je n’ai jamais eu besoin de lettre sur mon chandail pour être un meneur, et ça ne changera pas, a-t-il tranché. Il y a des gars qui sont des leaders, qui donnent l’exemple sur la glace et à l’extérieur, par leur personnalité, la manière qu’ils affrontent les situations, et ils n’ont pas de lettre. C’est quelque chose qu’on voit, dans notre organisation. Ça ne paraît pas à la caméra, mais dans le vestiaire, ça fait beaucoup de chemin. »

Relève

Carlo et Marchand s’entendent sur un point : la succession de Patrice Bergeron n’échoira pas à une seule personne. C’est vrai sur le plan du leadership, mais ce le sera aussi (et surtout) sur la glace.

Avec la retraite du Québécois, puis celle de David Krejci lundi, les Bruins se retrouvent avec un trou béant à la position de centre. Pavel Zacha et Charlie Coyle sont de bons joueurs, mais ils apparaissent comme une bien pâle solution de rechange.

À moins d’une transaction majeure, les Oursons, serrés à la gorge par le plafond salarial, n’auront d’autre choix que d’y aller avec cette option.

« On a beaucoup de profondeur chez les gardiens et chez les défenseurs, a rappelé Marchand. C’est là que tu gagnes des matchs. Et on a encore beaucoup de puissance en attaque. » De fait, même si sa contribution offensive devait diminuer, David Pastrnak demeure l’un des attaquants les plus menaçants du circuit.

Plus que jamais, il faudra s’en remettre au « hockey des Bruins », a enchaîné Carlo.

Mais encore ?

Autrefois, on aurait pensé à du jeu rude, mais l’idée a évolué, a-t-il expliqué. « Du travail acharné, une bonne exécution, tout le monde qui est content de venir travailler, un environnement positif, a énuméré le colosse de 6 pi 6 po. Peu importent les changements, on va toujours se présenter et compétitionner. Il n’y a aucun compromis là-dessus. »

Le plus important legs qu’a laissé derrière lui Zdeno Chara est probablement cette « culture » qui continue de se transmettre. « C’est notre responsabilité de prendre soin du groupe et de ce qu’on a appris de nos leaders », a souligné Carlo.

C’est cette recette qui a porté l’équipe « depuis une décennie ». Et c’est celle qui dictera encore le succès des Bruins.

On croit qu’on pourra encore être une bonne équipe compétitive.

Brad Marchand

Ce sera, dans tous les cas, une équipe motivée. Car l’été est « très long », a convenu Carlo. Les Bruins, après une saison historique de 65 victoires, ont subi l’élimination au premier tour des séries éliminatoires.

Plusieurs semaines après le choc, la pilule est encore « dure à avaler ».

« C’est un sentiment dont il faudra se souvenir, a philosophé le défenseur. Parce que quand on va atteindre notre objectif, on va se sentir encore mieux. »

Cet objectif s’est probablement éloigné avec le départ à la retraite des deux premiers centres du club. Mais il n’est pas près de disparaître pour autant. Pas dans le « hockey des Bruins », en tout cas.

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  • 990
    Nombre de points récoltés par Brad Marchand en 1093 matchs dans la LNH.
    SOURCE : LNH