La Force de Montréal n’aura existé qu’une année, mais ce qu’elle a réalisé a grandement contribué à l’avancement du hockey féminin, croit Kevin Raphaël. Celui qui était directeur général de la formation montréalaise de la défunte Premier Hockey Federation (PHF) en est fier.

Ce qu’il faut savoir

  • Le 30 juin, un groupe mené par Mark Walter, propriétaire entre autres des Dodgers de Los Angeles, ainsi que Billie Jean King Enterprises, deux entités déjà impliquées dans la Professional Women’s Hockey Players Association (PWHPA), ont acheté la PHF dans le but de mettre sur pied une seule ligue professionnelle de hockey féminin, la Professional Women’s Hockey League (PWHL).
  • Les équipes de la PHF, comme la Force de Montréal, ont été dissoutes et tous les contrats des joueuses de la PHF ont été annulés.
  • Les activités de la nouvelle ligue, qui comprend six équipes (Montréal, Toronto, Ottawa, New York, Minnesota et Boston), commenceront en janvier 2024. Danièle Sauvageau a été nommée directrice générale de l’équipe montréalaise ; ses trois premières signatures ont été les attaquantes Marie-Philip Poulin et Laura Stacey ainsi que la gardienne Ann-Renée Desbiens.

« Si ce n’est pas de Montréal et de l’impact qu’on a eu sur le hockey féminin et la PHF en l’espace d’un an – parce qu’on a changé la game de la PHF au complet –, il n’y a pas de fusion, d’achat. Il n’y a rien qui se passe, dit Kevin Raphaël au bout du fil. Ça m’a été dit des deux bords. Autant la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) que les anciens propriétaires [de la PHF]. »

Non seulement les partisans étaient au rendez-vous au cours de la dernière année, mais la Force a aussi su créer, affirme Raphaël, une « structure professionnelle » en peu de temps. Elle était d’ailleurs la seule équipe féminine à avoir une entente avec un diffuseur pour tous ses matchs.

L’ex-DG raconte avoir su prendre les « bonnes décisions de business », permettant à ses joueuses, par exemple, de dormir dans les meilleurs hôtels. « En termes de business, Montréal est rentable, ajoute-t-il un peu plus tard. De dire qu’une équipe féminine professionnelle, à sa première année, a été rentable… Cherche, il n’y a personne. »

Raphaël est d’ailleurs d’avis que « la PWHPA n’aurait pas été intéressée par l’achat de la PHF si la PHF n’était pas une menace ». « Pourquoi la PHF est devenue une menace ? Parce que Montréal prenait de plus en plus de place et on s’en venait prendre des décisions à travers la ligue. On avait amené toutes les meilleures joueuses de la ligue à un même endroit parce qu’elles voulaient toutes venir jouer ici. »

Au bout du compte, cette unique saison de la Force aura permis de faire avancer le hockey féminin. « C’est ça, le but », rappelle Raphaël, qui dit d’ailleurs n’avoir jamais accepté de recevoir une paie de la Force au cours de la dernière année.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Kevin Raphaël (à droite) a été le directeur général de la Force de Montréal, de la défunte Premier Hockey Federation..

Aider les joueuses

Kevin Raphaël ne se doutait pas que la PHF serait achetée cet été. Il a d’ailleurs fait valider plusieurs dépenses, dont des contrats pour plusieurs joueuses, par les propriétaires dans les semaines qui ont précédé la transaction.

« De ce qu’on comprend, c’est qu’ils ont eu une offre qu’ils ne pouvaient pas refuser. Parce que sinon, et ç’a été confirmé par eux autres, on jouait la saison. »

Quand Kevin Raphaël et son partenaire, Emmanuel Anderson, ont été mis au courant de l’achat, le 30 juin, ils ont tenté d’amasser le plus d’informations possible au sujet de la nouvelle ligue. Leur priorité était d’offrir à leurs joueuses des solutions, un accompagnement.

Il y a deux styles de réaction. Il y a celui où tu t’apitoies sur ton sort et tu es triste pour tes joueuses, et il y a celui où tu te demandes : qu’est-ce que je peux faire pour en aider le maximum là-dedans ?

Kevin Raphaël

Les deux hommes se sont « battus comme des diables », raconte Raphaël, pour que le personnel de la Force reçoive une compensation financière, et pour que celle remise aux joueuses soit la plus importante possible. Rappelons que certaines joueuses qui évoluaient au sein de la PHF ne seront pas sélectionnées par une des six équipes de la LPHF lors du repêchage d’expansion et se retrouveront sans équipe pour la saison.

« Les joueuses ont toutes eu leur compensation financière, fait-il savoir. Tout le monde a eu ce qu’il avait à recevoir selon le package pour lequel on s’est battu. »

Raphaël tenait aussi à accompagner chaque joueuse qui lui a demandé son aide dans la recherche d’un agent. Il affirme d’ailleurs avoir reçu des messages de différentes joueuses d’autres équipes de la PHF le félicitant pour le travail accompli.

« On a rendu [nos joueuses à l’aise] le plus possible avec les conditions qu’on avait. Ça, pour moi, c’est une grosse réussite. »

Bien sûr que l’équipe qu’il avait bâtie lui manquera. « La journée où j’ai effacé les trucs dans mon calendrier, c’était difficile », reconnaît-il. Mais il demeure qu’en fin de compte, le job qu’il s’est fixé est « d’aider le hockey féminin le plus possible ». Et ça, soutient-il, c’est réussi.

« Je suis fier de ce qu’on a accompli en l’espace d’un an. J’espère que c’est un bon template. »

Pas d’implication pour l’instant

Sans trop donner de détails, Kevin Raphaël indique s’être fait proposer de s’impliquer au sein de la nouvelle ligue, mais Emmanuel Anderson et lui ont décidé de faire leur « bout de chemin ». « Actuellement, je ne sentais pas que je pouvais les aider au maximum de mes capacités selon la structure qui était là », fait-il savoir. « La phrase qui m’a été dite, c’est : je suis triste que ça ne fonctionne pas… pour l’instant », relate-t-il. Raphaël compte néanmoins continuer de mettre le hockey féminin en lumière, comme il le fait déjà de différentes façons. Il insiste d’ailleurs sur le fait qu’il n’a aucune animosité envers quiconque. « Je suis vraiment content pour Pou [Marie-Philip Poulin]. Pou, Stace [Laura Stacey], toutes ces filles-là… Ce sont des gens que j’aime d’amour. Ce sont des gens qui, demain matin, me demandent un rein et je le leur donne. »