(Buffalo) Les joueurs de hockey se plaisent à dire qu’ils traitent chaque match de la même façon, peut-être pour se convaincre que tel est le cas et éviter de tomber dans l’excès de nervosité. David Reinbacher, lui, n’a pas caché sa fébrilité, vendredi soir, quelques minutes après son premier match au tournoi des recrues.

« Ce n’est pas une journée normale », a laissé tomber le 5choix au plus récent repêchage.

Reinbacher, Logan Mailloux et les autres espoirs de l’organisation en ont eu plein les bras, vendredi, en ouverture du tournoi des recrues. Les Sabres, équipe organisatrice, ont matraqué le Canadien au compte de 6-3, vendredi soir.

« C’est un grand honneur d’endosser le chandail du Canadien, avec la longue histoire de l’équipe, a commenté Reinbacher. Ce n’est pas une journée normale, donc tu es un peu nerveux, mais c’est parti rapidement. »

Ç’a été dur. La patinoire est plus petite, il y a plus de talent ici et les gars veulent démontrer que leur place est ici. J’ai juste essayé d’agir normalement. C’était mon premier match, j’ai aimé l’expérience et j’ai hâte au prochain match.

David Reinbacher

Pour ce baptême avec les espoirs de la LNH, Reinbacher a eu l’air de ce qu’il est : un défenseur de 18 ans qui tente de s’adapter aux patinoires de taille nord-américaine. En première période, en particulier, il s’est retrouvé le nez dans la baie vitrée à quelques reprises, battu physiquement par ses rivaux, leur offrant du temps de possession en territoire montréalais.

« Il découvre le niveau de jeu, a rappelé l’entraîneur-chef du Rocket, Jean-François Houle. Il a joué un match décent. C’est un gros défenseur, il patine bien et il a réussi de bons jeux. Ça lui donne de l’expérience du hockey chez les pros. »

Pour ce que ça vaut, la feuille de match lui a attribué une mention d’aide sur le but de Miguël Tourigny, mais cette passe revient plutôt à Owen Beck, même si Reinbacher était sur la surface.

Un autre qui a connu des moments difficiles, c’est Logan Mailloux. Il était sur la patinoire pour les trois premiers buts des Sabres, dont un après qu’il eut cessé de patiner en poursuite de rondelle, sur ce qu’il croyait être un dégagement refusé, qui ne l’a finalement pas été.

PHOTO FOURNIE PAR LE CLUB DE HOCKEY CANADIEN INC.

Logan Mailloux (94)

On a aussi pu observer un défenseur qui n’a pas peur du jeu rude, ce qui lui a même valu une bonne taloche d’un rival lors d’une mêlée devant le filet. Et en fin de match, le grand numéro 94 s’est permis le genre de montée qui explique pourquoi il a inscrit 25 buts la saison dernière à London.

« Ce jeu-là, c’est le Logan Mailloux que vous allez connaître », a prédit l’attaquant Owen Beck, qui a affronté Mailloux dans le circuit junior ontarien ces deux dernières années.

« Je le sentais nerveux, a convenu Houle. Mais plusieurs jeunes l’étaient, je l’ai remarqué à l’entraînement du matin. C’est normal. On a plusieurs jeunes et ils jouaient leur premier match avec le chandail du Canadien. Tu dois apprendre de cette expérience. »

Beck et Mailloux ont visiblement fait la paix, après avoir eu quelques escarmouches lors des dernières séries de l’OHL.

PHOTO FOURNIE PAR LE CLUB DE HOCKEY CANADIEN INC.

Owen Beck

« On était à la même place au même moment. On n’était pas les meilleurs amis à ce moment, mais on est deux gars compétitifs. C’est un bon gars à connaître quand il est dans ton équipe ! », a indiqué Beck, amusé.

Parlant de Beck, il a fait partie des meilleurs de son camp, comme c’était également le cas l’an passé. Son travail en zone défensive a été à l’origine d’un but des siens, et il s’est aussi offert un repli digne des ligues majeures pour priver les Sabres d’une échappée. Un bon départ pour le choix de 2tour du CH en 2022.

Toujours à l’avant, Xavier Simoneau a joué avec sa fougue habituelle, faisant même perdre son sang-froid à Chris Jandric, venu défendre Zack Benson, que Simoneau venait de pousser.

En défense, William Trudeau, une surprise chez le Rocket l’an passé, a offert du jeu assuré en tant que partenaire de Reinbacher. C’était lui, Trudeau, qui portait le « C » du capitaine, fort de son expérience dans la Ligue américaine.

PHOTO FOURNIE PAR LE CLUB DE HOCKEY CANADIEN INC.

Jakub Dobes

Devant le filet, Jakub Dobes a réussi quelques arrêts impressionnants, même s’il a accordé six buts.

Le match a été interrompu pendant 15 minutes, en troisième période, après le bris d’une baie vitrée. Le tournoi a lieu au centre d’entraînement des Sabres, et le panneau qui s’est cassé était situé tout juste sous la mezzanine, ce qui a drôlement compliqué le remplacement de la vitre. Les arbitres et les joueurs ont même eu le temps de retraiter au vestiaire.

Les préposés ont eu droit à une chaleureuse ovation une fois l’opération terminée. On cherche encore à savoir si les applaudissements étaient sincères ou sarcastiques.

Cela peut ressembler à une vérité de La Palice, mais il appert que le Canadien n’est pas la seule équipe à compter des espoirs intéressants et à investir dans le développement des joueurs.

Isak Rosen et Matt Savoie, deux des cinq choix de 1er tour dans les Sabres, ont dominé la rencontre et ont donné le tournis à une défense montréalaise peu expérimentée.

« C’est une très bonne équipe de hockey. On savait qu’ils avaient de jeunes joueurs talentueux et ils ont montré de belles choses », a convenu Simoneau. « Ils avaient de la vitesse, du talent et de gros choix de premier tour », a ajouté Houle.

Les Sabres sont plus avancés que le CH dans leur relance, mais Savoie et Zach Benson, leurs choix de 1er tour en 2022 et cette année, ressemblaient justement à des espoirs de premier plan vendredi.

Et comme le Canadien, les Sabres ont eux aussi pris un virage vers le développement des joueurs ces dernières années. Seth Appert, l’entraîneur-chef de leur club-école qui débarque du programme américain de développement, tenait vendredi matin des propos qui n’étaient d’ailleurs pas sans rappeler ce que Martin St-Louis, Adam Nicholas et autres membres de la nouvelle garde du CH prônent, avec des exercices pour accélérer la prise de décision, en espace restreint.

Le Tricolore aura, sur papier, un défi moins menaçant samedi face aux Bruins, une organisation qui a très peu repêché au 1er tour ces dernières années. Mais lorsque l’on évoque les délais de la reconstruction du Tricolore, il faut aussi tenir compte de ce qui se fait ailleurs.