La première entraîneure-cheffe de la franchise montréalaise de la nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) représentait la candidate « idéale ». Une femme au « potentiel extraordinaire », dixit la directrice générale Danièle Sauvageau. Il y a toutefois une aptitude qui ne se trouve pas dans son CV : celle de s’exprimer en français.

Sauvageau a arrêté son choix sur Kori Cheverie pour diriger son équipe. Une entraîneure de 36 ans dont l’ascension dans le monde du hockey est fulgurante.

Comme adjointe, elle a accompagné l’équipe canadienne aux trois plus récents Championnats du monde de même qu’aux Jeux olympiques de Pékin, en 2022, où la sélection nationale a remporté la médaille d’or. Les Penguins de Pittsburgh l’ont invitée à leur camp de développement, plus tôt cet été, et elle se rendra à leur camp d’entraînement principal au cours des prochaines semaines.

Kori Cheverie et Danièle Sauvageau ont pu faire plus ample connaissance, la saison dernière, derrière le banc de l’équipe Harvey’s, lors des matchs de l’Association des joueuses professionnelles — équipe qui comptait notamment sur Marie-Philip Poulin et Ann-Renée Desbiens, aujourd’hui membres de la formation de Montréal de la LPHF.

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Les trois joueuses confirmées de l’équipe de Montréal : Marie-Philip Poulin, Ann-Renée Desbiens et Laura Stacey

« J’ai pu découvrir la manière dont elle pense, comment elle regarde le hockey, toute sa capacité à trouver des solutions », a raconté la DG lors d’un point de presse virtuel, vendredi après-midi. Selon elle, une autre équipe aurait embauché Cheverie si Montréal n’avait pas mis le grappin dessus. On comprend qu’elle constituait le premier choix de sa nouvelle patronne.

Cette native de la Nouvelle-Écosse « coche » ainsi un grand nombre des proverbiales cases. Mais pas celle du français.

« Je savais qu’on m’en parlerait, a avoué Cheverie, vendredi. Je travaille là-dessus… »

À la blague, elle a prononcé de mémoire l’une des rares phrases dont elle se souvienne — « Est-ce que je peux tailler mon crayon ? » —, convenant qu’elle ne lui servirait vraisemblablement plus. Elle s’est donc engagée à apprendre le français.

Satisfaite de cet engagement, Danièle Sauvageau a argué que « le français, c’est quelque chose qui s’apprend » et que « la représentation de ce qu’est Montréal, c’est quand même assez large ». Des joueuses du club, d’autres membres du personnel et la DG elle-même se feront les porte-parole francophones de la franchise, a-t-elle ajouté.

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Danièle Sauvageau, directrice générale de l’équipe de Montréal

Relancée sur le fait que les promesses non tenues d’apprendre le français jalonnent l’histoire du sport montréalais, notamment et surtout du côté d’une certaine franchise de hockey masculin de la métropole, Sauvageau a assuré qu’elle avait exigé que la nouvelle venue s’inscrive à des cours. « On a bien l’intention de l’encadrer », a-t-elle ajouté.

« Facile de dire oui »

Kori Cheverie a pour sa part vanté la relation qu’elle a développée avec Danièle Sauvageau, fondatrice du Centre 21,02, lieu de haute performance en hockey féminin. « Les gens des autres provinces et d’ailleurs dans le monde voient ce qui arrive à Montréal, a souligné l’entraîneure. Je veux en faire partie. Danièle a une vision que je partage, qui a complètement du sens. C’était facile de lui dire oui. »

Elle entend poursuivre ses engagements avec les Penguins de Pittsburgh et avec Hockey Canada. Deux de ses collègues de l’équipe nationale ont d’ailleurs été nommés à la tête de formations de la LPHF en même temps qu’elle — Troy Ryan à Toronto et Courtney Birchard-Kessel à Boston.

À l’image des joueuses, Cheverie s’est enthousiasmée que des femmes puissent enfin aspirer à des postes-clés au sein d’organisations professionnelles, et ne soient plus condamnées à voir leur progression s’arrêter au niveau universitaire.

Au cours des prochaines semaines, l’équipe de Montréal travaillera à terminer l’embauche de personnel, autant au sein des opérations hockey que sur le plan du soutien aux joueuses — équipement, services médicaux, etc. Et à très court terme, le duo Sauvageau-Cheverie se rendra à Toronto lundi pour le repêchage de la LPHF, un exercice de 15 rondes au cours duquel les clubs prendront véritablement forme.

Cheverie a parlé de l’importance de réunir « la meilleure équipe possible », mais aussi « les meilleures personnes possibles ». Chacune des 268 joueuses admissibles sera donc évaluée « avec diligence ».

Au camp de sélection de l’équipe canadienne, en cours en Ontario, il y a une réelle fébrilité entourant la création du circuit, a-t-elle assuré.

« Pour la première fois depuis quatre ans, il y a une vraie ligue qui attend les joueuses après le camp. Le niveau de talent ne va décevoir personne. Le produit sur la glace sera phénoménal. »

Qui est Kori Cheverie ?

  • Née le 18 juin 1987 à New Glasgow, en Nouvelle-Écosse.
  • Attaquante ayant évolué pour les Huskies de l’Université St-Mary’s puis pour les Aeros et les Furies de Toronto, de l’ancienne Ligue canadienne de hockey féminin.
  • Entraîneuse adjointe des Rams de l’Université Ryerson (aujourd’hui l’Université Toronto Metropolitan) de 2016 à 2021.
  • Après avoir été entraîneuse adjointe de l’équipe nationale féminine U18 en 2018, elle a accepté le même rôle avec l’équipe sénior en 2021. À ce titre, elle a participé au championnat mondial trois fois et aux Jeux olympiques une fois.