(Buffalo) Le bloqueur et les jambières, c’est bien beau, mais la vie de Quentin Miller, c’est aussi la guitare, le piano et la basse.

L’espoir du Canadien, qui participe au tournoi des recrues cette fin de semaine, a publié vendredi, en toute discrétion, son premier projet musical, intitulé The Sound of my Thoughts. Une œuvre de six courtes pièces, toutes instrumentales – « je chante très mal, vaut mieux que je ne chante pas ! », prévient-il.

Ça se trouve sur Apple Music, comme les microsillons de Taylor Swift et Justin Bieber, mais le gardien ne se fait pas d’illusions sur son nombre de téléchargements.

« Ça se trouve sous le nom de q. miller. J’ai essayé de chercher et même moi, j’ai eu de la misère à trouver ! lance-t-il en riant. Je ne sais pas si des gens vont l’écouter, mais ce n’est pas grave, je le fais pour mon plaisir. »

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Il s’y est mis il y a trois ans. Son grand frère, Caleb, avait acheté « un software à 800 $ ». « Il n’avait pas l’air de ben ben l’utiliser, donc j’ai essayé et j’ai adoré ça », raconte-t-il.

« J’ai commencé la guitare il y a deux ans. J’apprends par moi-même. Je ne suis pas encore excellent, mais je me débrouille. J’ai eu une basse à ma fête l’an passé. Et du piano. J’essaie d’apprendre des chansons à l’oreille. »

La musique, c’est un peu l’équilibre dans la vie de l’Ahuntsicois. Son studio est à Québec, là où il joue depuis un an en tant que membre des Remparts. « On a des entraînements le matin, ensuite l’école. Je reviens vers 15-16 h. Après, je fais un peu de musique, je relaxe et c’est souvent là que je produis. Je joue de la guitare, j’essaie de trouver des accords. Souvent, mes chansons ne sont pas tant bonnes, mais des fois, ça sort bien ! »

PHOTO FOURNIE PAR LE CLUB DE HOCKEY CANADIEN INC.

Quentin Miller

Il assure que ce temps loin des patinoires, des faits saillants sur YouTube, lui apporte également des bénéfices sur la patinoire.

La musique peut m’aider énormément pour mon hockey. Ce qui peut nuire aux gars, c’est qu’ils sont tout le temps, tout le temps dans le hockey, et ça te brûle. La musique, ça m’aide dans mes temps libres à mettre mon cerveau ailleurs, donc quand j’arrive au hockey, je suis concentré à 100 % et je ne pense à rien d’autre. C’est un moyen de mettre plus d’énergie sur mon hockey sans me brûler, de varier mon monde, de me calmer un peu. Ça fait du bien.

Quentin Miller

L’aviateur

Heureux hasard, William Rousseau, qui partageait le travail avec Miller l’an dernier, participe lui aussi au tournoi des recrues, en tant qu’invité des Bruins de Boston.

Les deux anciens comparses (Rousseau a été échangé aux Huskies de Rouyn-Noranda en juin) ont d’ailleurs bien failli s’affronter samedi, puisque Miller défendait le filet du Canadien. Mais Rousseau occupait le rôle de réserviste chez les Bruins. Les deux ont profité de l’échauffement pour faire la causette, avant que Miller livre une performance de 26 arrêts dans un gain de 4-1. « Je lui ai parlé, je lui ai donné de petits conseils. Il a bien vu la rondelle tout le match. Pour un gardien, quand tout a l’air facile, c’est que tu joues bien », estime Rousseau.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Quentin Miller et William Rousseau, en grande discussion, au loin le long de la bande

Et la musique de Miller ? « Je n’ai pas encore écouté, mais c’est le fun d’avoir des passions en dehors du hockey. Moi, c’est l’aviation. C’est important de décrocher au hockey, surtout pour les gardiens.

« Moi, c’est l’aviation. » Rousseau laisse tomber l’information comme s’il s’agissait d’un élément banal.

« Ça vient d’un voyage en Europe avec mes parents, j’avais trippé sur l’espace aérien. Ça fait trois ans, j’ai mes licences privées, je suis en train de faire ma licence commerciale. J’ai été chanceux d’avoir la piqûre assez vite. Des joueurs suivent certains cours juste pour dire qu’ils sont à l’école. Moi, si le hockey ne marchait pas, j’aurais ça. »

Il a commencé ses cours à Québec, mais les finira à Rouyn. « À temps plein, je serais à six mois de commencer, calcule Rousseau. Mais le processus est long pour se faire engager. Tu fais ce qu’ils appellent de la rampe. Tu travailles pour eux, mais tu ne voles pas. C’est pour apprendre à te connaître. Tu commences, tu accumules des heures et rendu à 1500 heures, tu postules à Air Canada. »

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

William Rousseau

Voilà une solution de rechange intéressante pour un gardien qui, à 6 pi 1 po, est jugé trop petit par certains recruteurs.

« L’objectif numéro 1 reste le hockey professionnel. Si les portes se ferment, par malheur, j’aurai ma passion. C’est spécial. J’ai été chanceux de développer ça assez jeune. »

Les rôles inversés

La saison dernière, à Québec, William Rousseau était en position enviable. Gardien numéro 1 des Remparts, le filet lui appartenait. Quentin Miller a donc passé la fin de la saison assis au banc, au cas où. Miller a disputé le dernier match de la saison des Remparts, le 25 mars. Une fois en séries, Rousseau a disputé la totalité des 1109 minutes de jeu des Remparts. À la Coupe Memorial, Miller a eu droit à 14 petites minutes. Le comportement de Miller pendant ces deux mois sans voir d’action a impressionné Rousseau. « Plusieurs gars n’auraient pas fait leur préparation habituelle en sachant qu’ils ne jouaient pas, mais lui, il faisait ses exercices avec les balles, il faisait comme s’il allait jouer. Donc je savais que si j’avais un problème, il serait prêt », note Rousseau. Malgré cette fin de saison tranquille, Miller a été repêché en fin de 4tour, au 128rang, par le Tricolore en juin. À 18 ans, il pourra passer les deux prochaines saisons chez les Remparts. Rousseau, lui, a été ignoré lors des trois derniers repêchages, mais attire encore l’attention des équipes, comme en fait foi son invitation des Bruins pour venir à Buffalo.