(Buffalo) La taille de la patinoire, la langue, c’est bien beau. Mais David Reinbacher a plusieurs autres nouveautés à assimiler à son premier camp en Amérique du Nord.

Entre autres choses, participer à des matchs de hockey lors desquels les joueurs arrêtent parfois de jouer pour se donner des coups de jointures directement sur le crâne, le plus fort possible. Les pauvres Européens ne sont visiblement pas des habitués de ce rituel.

En 2018, Jesperi Kotkaniemi avait admis après son premier match préparatoire que c’était la première fois qu’il disputait une rencontre dans laquelle il y avait un combat. Lundi, en conclusion du tournoi des recrues à Buffalo, Reinbacher a fait la même découverte, quand son coéquipier Riley McKay en est venu aux coups avec le défenseur des Sénateurs d’Ottawa Djibril Touré.

« La robustesse, c’est différent à la maison, aucun doute, a concédé Reinbacher. C’est drôle, j’ai dit à McKay que c’était le premier combat que je voyais dans un match. Bravo à lui de s’être levé pour l’équipe. »

Tu n’avais jamais vu cela en personne ? « Non, en Europe, ce ne sont pas des bagarres, mais plus des bousculades », a décrit celui qui a joué pour l’équipe senior de l’EHC Klöten, en Suisse, lors des deux dernières saisons.

Je présume que ce n’est pas mon travail de me battre, je suis plutôt là pour jouer. Des gars plus robustes peuvent s’en occuper.

David Reinbacher

Jean-François Houle était amusé lorsque mis au fait des propos de Reinbacher sur les bagarres. « Ah oui ? Il va en voir pas mal, je pense ! », s’est exclamé l’entraîneur-chef du Rocket de Laval.

Houle ne croit pas que Reinbacher, à 6 pi 3 po et 209 lb, aura du mal à s’adapter au jeu plus robuste. « Il est plus gros physiquement que d’autres. Il est capable de prendre un “hit” et d’en donner », a jugé le coach.

Logan Mailloux fait partie des quelques chanceux qui ont disputé les trois matchs du Canadien cette fin de semaine. Son rendement s’est amélioré de match en match, mais la qualité de l’opposition a quant à elle suivi la tendance inverse.

Les Sénateurs, adversaires du Canadien lundi, débarquaient à Buffalo avec deux choix de 1er tour et trois choix de 2tour. Or, ces cinq joueurs ont assisté à la rencontre depuis les gradins du LECOM Harborcenter. Évidemment qu’un Ridly Greig, qui a partagé son temps entre la LNH et la Ligue américaine la saison dernière, aurait changé la donne…

Quoi qu’il en soit, Houle a salué le jeu de Mailloux, disant qu’il avait disputé « un fort match » lundi.

« Au premier match, je n’avais pas mes jambes, a reconnu le grand défenseur. Je ne bougeais pas bien, je ne transportais pas la rondelle et je faisais de mauvaises lectures. J’ai retrouvé mon synchronisme aujourd’hui.

« Je n’avais pas joué depuis [quatre mois] et je devais chasser la nervosité, a-t-il ajouté. Je portais l’uniforme du Canadien pour la première fois. J’étais nerveux, mais j’ai trouvé mon rythme. »

Mailloux a bien failli conclure ce tournoi avec un but, mais ses trois meilleures chances ont abouti respectivement sur un poteau, dans la mitaine du gardien et tout juste hors cible.

Pour ceux qui sont sceptiques devant un certificat de naissance, Florian Xhekaj a dissipé tous les doutes : il est bel et bien le frère d’Arber Xhekaj.

PHOTO FOURNIE PAR LE CLUB DE HOCKEY CANADIEN INC.

Florian Xhekaj

L’attaquant, que le Canadien a repêché au 101rang en juin, a semblé dans son élément au cours de ce match où l’animosité était bien réelle. Il en est venu aux coups avec Connor Clattenburg, et a servi une clé de tête à un autre rival plus tard en deuxième période.

Arber Xhekaj s’était d’ailleurs fait des ennemis dans le camp des Sénateurs lors des éditions 2021 et 2022 du tournoi des recrues.

« Quelques gars de notre personnel m’ont demandé si je me souvenais de ce qui s’est passé la saison dernière, a rigolé Florian Xhekaj. Évidemment, je n’avais pas oublié, mais ce qu’il a fait, c’était plus solide. »

Malgré le déséquilibre des forces, le Canadien a signé une courte victoire de 2-1, dominant 35-17 aux tirs au but.

Jan Spunar, un gardien présent sur invitation, a signé la victoire. Riley Kidney et Jan Mysak ont touché la cible dans la victoire.

Mailloux, Kidney, Mysak, Joshua Roy, Filip Mesar et Miguël Tourigny ont tous eu la chance de disputer les trois matchs du CH cette fin de semaine.

Pour la rencontre de lundi, notons qu’Emil Heineman a été laissé de côté. Après avoir été anormalement discret dans les deux premiers matchs, il n’a donc pas eu la chance de se racheter.

Les trois matchs ont été disputés devant pratiquement toute l’administration hockey du Canadien. Jeff Gorton et Kent Hughes y étaient, tout comme Martin St-Louis et ses adjoints. Les dirigeants de l’équipe de recrutement, Nick Bobrov et Martin Lapointe, ont aussi fait le déplacement à Buffalo, tout comme Billy Ryan, discrètement nommé directeur de l’évaluation des joueurs au cours de l’été. Le directeur du département des statistiques avancées, Christopher Boucher, a lui aussi assisté aux rencontres.

Sean Farrell a été légèrement plus visible lundi, mais il a connu dans l’ensemble une fin de semaine décevante pour un joueur qui a fait des ravages dans la NCAA.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Sean Farrell

Farrell est arrivé au camp à 181 lb, soit 6 lb de plus que son poids affiché à Harvard la saison dernière. Mais sa prise de masse n’a pas semblé émouvoir Houle. « Farrell, Mesar, ce sont des jeunes qui doivent devenir plus gros, plus forts. C’est une ligue d’hommes. Tu ne peux pas penser que tu vas arriver et dominer comme dans le junior. Ça ne se passe pas comme ça. »

Plus tard, Houle en a rajouté au sujet de celui qui a disputé six matchs avec le Canadien en fin de saison dernière. « Il va falloir qu’il prenne un step et je pense qu’il le sait. Il a joué quelques matchs dans la LNH l’an passé. On va voir ce qui va se passer au camp. Il doit être plus fort. Quand tu es petit, tu dois être dynamique. Prends l’exemple de [Xavier] Simoneau. Il est petit, mais très physique et dynamique. »

Le camp d’entraînement principal du Canadien s’amorcera mercredi avec les examens médicaux et physiques. Les premières séances sur glace auront lieu dès jeudi matin.