Plusieurs ont grimacé mardi en apprenant l’arrivée de l’ailier Tanner Pearson, 31 ans, chez le Canadien. Ils craignent que celui-ci ne bloque une place pour un jeune joueur de l’organisation en plein développement.

L’acquisition de Pearson constituait un mal nécessaire. Elle a permis de solutionner la congestion au poste de gardien puisqu’il y en avait quatre à Montréal avant d’envoyer Casey DeSmith à Vancouver. Le directeur général Kent Hughes a obtenu en outre un choix de troisième tour en 2025 dans la transaction.

Pearson n’a presque pas joué l’an dernier en raison d’une bavure médicale épouvantable. Il a été opéré six fois au poignet. On le dit rétabli, mais il a du retard. Même en pleine forme, ce joueur de troisième ou quatrième trio ne priverait pas un jeune premier d’une place.

Nick Suzuki, Kirby Dach, Cole Caufield, Juraj Slafkovsky et Alex Newhook auront tous en principe leur place dans le top neuf, surtout en l’absence probable de Christian Dvorak pour entamer la saison. Rafaël Harvey-Pinard ne devrait pas être menacé par Pearson, mais au pire, il pourrait être refoulé au sein d’un quatrième trio.

Si Pearson bloque Jesse Ylönen ou Emil Heineman, ordinaire au tournoi des recrues, doit-on vraiment crier au scandale ? Il s’agit de joueurs de milieu/bas de formation qui, à moins d’une surprise de taille, le demeureront.

Et il y aura des blessés, inévitablement. L’arrivée d’un nouveau personnel médical ne rendra pas les joueurs invulnérables…

Avec six joueurs de 24 ans ou moins à l’attaque, sans compter les trois ou quatre en défense, cette formation est déjà assez jeune et on vante d’ailleurs les qualités de leader de Pearson.

Celui-ci ne vous fera pas bondir de votre siège, mais il n’est pas vilain non plus. Il a amassé 57 points, dont 25 buts en 133 matchs lors des trois dernières saisons. Il a produit 45 points en seulement 69 matchs en 2019-2020 tout en s’acquittant bien de ses tâches défensives.

Comme l’a bien expliqué le collègue Guillaume Lefrançois dans son texte publié mercredi, Kent Hughes vient boucler l’échange de Mike Hoffman.

Pearson remplace donc Hoffman. C’est un meilleur leader et il peut occuper un rôle plus obscur sans nuire au jeu collectif du club. Rem Pitlick, échangé simultanément, a libéré une place pour un plus jeune.

En tout et partout, le CH a reçu des choix de deuxième, troisième et quatrième tour et le jeune attaquant Nathan Légaré dans l’opération. Si le défenseur droitier Gustav Lindström, obtenu des Red Wings pour Jeff Petry, obtenu au préalable pour Hoffman et Pitlick, est cédé aux mineures cette saison, une forte probabilité, Montréal aura sensiblement la même masse salariale que si elle avait conservé Hoffman et Pitlick.

Pearson et Lindström deviendront joueurs autonomes à la fin de la saison. Il restera donc une retenue de salaire de 2,4 millions à placer sur la masse salariale pour le contrat de Petry, mais ça vaut bien trois choix au repêchage, surtout quand on a de l’espace sous la masse pour le faire.

Cette transaction n’est pas accueillie favorablement à Vancouver. Pearson y a connu de bons moments, mais le divorce était inévitable en raison de la bavure médicale. Il a néanmoins fallu que les Canucks cèdent un choix de troisième tour pour larguer Pearson et son salaire de 3,25 millions et accueillent un gardien auxiliaire d’expérience payé 1,8 million.

DeSmith, 32 ans, obtenu avec Jeff Petry des Penguins, vient de connaître une saison difficile à Pittsburgh avec une fiche de 15-16-4, une moyenne de 3,17 et un taux d’arrêts de .905.

Mais le président Jim Rutherford et son directeur général Patrik Allvin proviennent de l’organisation des Penguins où DeSmith y a connu de belles années avant sa saison difficile.

Pearson ne sera échangé à court terme. Sa valeur est presque nulle sur le marché. S’il est rétabli et connaît une bonne première moitié de saison, qui sait si Hughes ne parviendra pas à obtenir un choix au repêchage supplémentaire en l’échangeant à l’approche de l’heure limite des transactions ?

Ménage à trois devant le filet

Le problème des gardiens chez le Canadien n’est pas résolu pour autant. On se retrouve avec un numéro un, Samuel Montembeault, un auxiliaire de qualité, mais surpayé, Jake Allen, et un jeune homme, Cayden Primeau, efficace dans la Ligue américaine, inefficace dans la LNH, mais qu’on pourrait perdre au ballottage si on le renvoie dans les mineures d’ici la fin du camp d’entraînement.

Il ne faut pas sous-estimer l’apport de Allen, un vétéran exemplaire, sur la progression de Montembeault. Reste à voir si Primeau, avec de solides performances en matchs préparatoires, ne convaincra pas certaines organisations de céder un choix au repêchage ou un jeune pour obtenir ses services, mais il ne faudra pas espérer la lune puisque ce garçon n’a toujours rien prouvé dans la Ligue nationale malgré ses belles promesses.

À ne pas manquer

1- Parlant de gardiens chez le Canadien, Simon-Olivier Lorange se demande si Jake Allen sera partant, auxiliaire ou gardien en trop.

2- Jonathan Sénécal, des Carabins de l’Université de Montréal, est le meilleur quart-arrière de sa génération. Sera-t-il enfin l’un des rares à percer dans la Ligue canadienne sans avoir à changer de position ? Nicholas Richard lui a parlé.

3- Il n’y aura sans doute pas de place pour les participants au camp des recrues, cette saison à Montréal, nous rappelle Richard Labbé.