(Montréal) Non, la Ligue de hockey junior majeur du Québec ne sera pas soft. C’est du moins ce que croit le commissaire de la LHJMQ Mario Cecchini après avoir présenté les grandes lignes de son plan visant à renforcer la sécurité et le bien-être des joueurs ainsi que du personnel de la ligue, jeudi matin.

Cecchini a dû se porter à la défense du circuit québécois après que plusieurs personnes eurent critiqué publiquement au cours de l’été – notamment par l’entremise d’émissions en baladodiffusion – les nouvelles règles qui ont été adoptées en vue de la saison 2023-24. Il l’a fait dans le cadre de la traditionnelle conférence de presse donnant le coup d’envoi à la saison de la LHJMQ.

Parmi celles qui ont suscité le plus de réactions se trouve le règlement visant à enrayer les bagarres. Ainsi, dès cette saison, un joueur impliqué dans une escarmouche sera automatiquement expulsé de la rencontre, et il pourrait également écoper d’un match ou plus de suspension.

Et ce règlement semble fonctionner. Cecchini a souligné qu’il n’y avait eu qu’une seule bagarre répertoriée pendant l’ensemble du calendrier préparatoire cette saison. En comparaison, la ligue avait recensé 19 et 20 bagarres, respectivement, lors des calendriers préparatoires des deux saisons précédentes.

« On parle de hockey, de changement de culture et de mentalité, donc je m’attends à ce genre de résistance là, a d’abord mentionné Cecchini en référence aux réactions négatives. Ma première réaction (quand on me dit que la ligue sera soft, c’est de mettre la main sur la coupe Memorial. On a vu la taille des joueurs des Thunderbirds de Seattle… Je n’ai pourtant pas vu beaucoup de softness du côté de Québec. Du tout. Et ils [les Remparts] ont contrôlé le match de A à Z.

« Est-ce le fun de se faire traiter de soft ? Je pense que je vais répondre comme l’a déjà fait un ancien général de l’armée : “Je vais répondre par la bouche de mes canons”. Et je pense que c’est la meilleure façon qu’on puisse le faire », a-t-il ajouté.

Cecchini souhaite maintenant que l’adoption de ce nouveau règlement ait des répercussions sur le reste de la Ligue canadienne de hockey, qui chapeaute les trois grands circuits junior canadiens (LHJMQ, OHL et WHL). Le commissaire compte d’ailleurs aborder le sujet des bagarres avec les dirigeants des autres grands circuits en vue du tournoi de la Coupe Memorial de 2024 à Saginaw, au Michigan.

« La réglementation sur les bagarres a fait son chemin, et j’ai senti un appui à ce règlement-là, a mentionné Cecchini. Je pense que ça va pousser les deux autres ligues à la réflexion. Nous sommes à une conjoncture… Et je pense que c’est la nouvelle génération, qui nous amène là. Les jeunes nous amènent là. Je pense qu’ils ne veulent plus se démarquer de cette façon-là (en livrant des bagarres). »

Par ailleurs, le tournoi de la Coupe Memorial sera de retour au Québec en 2025. Cecchini a indiqué qu’il était convaincu de pouvoir annoncer l’identité de la ville qui obtiendra le prestigieux tournoi « d’ici la fin de 2023 ».

La saison 2023-24 de la LHJMQ se mettra officiellement en branle vendredi soir avec la présentation de sept matchs.

Les champions en titre de la Coupe Memorial, les Remparts de Québec, entreprendront leur calendrier régulier le lendemain, à domicile, contre le Drakkar de Baie-Comeau.

La fin d’un chapitre sombre ?

Cecchini, qui est officiellement entré en fonction le 8 mai 2023 à la suite de la démission de Gilles Courteau, a profité de la conférence de presse qui s’est tenue en matinée à Montréal pour mettre de l’avant le travail accompli par le Bureau du commissaire cet été.

L’ex-président des Alouettes de Montréal espère ainsi que son circuit pourra tourner la page sur l’une des années les plus sombres de l’histoire de la LHJMQ.

Faut-il rappeler que Cecchini a succédé à Courteau après que celui-ci ait quitté en mars dernier, au moment où la ligue qu’il a dirigée pendant 37 ans a été éclaboussée par des allégations de violences sexuelles perpétrées contre des joueurs pendant des activités d’initiation.

Cecchini a d’ailleurs souligné la réponse de sa ligue aux recommandations émises après les audiences de la Commission parlementaire qui ont eu lieu plus tôt cette année. En ce sens, la ligue a appliqué une série de 10 recommandations afin de prévenir les dérapages, ou les comportements déviants. Cecchini est toutefois conscient des limites de la démarche.

« Tu fais tout ce qu’il faut, mais il va quand même y avoir des comportements déviants, ou inacceptables. On peut adopter tous les règlements que vous voulez, ou toutes les pénalités que vous voulez pour lutter contre la conduite en état d’ébriété, il y aura malheureusement encore des gens qui le font. Nous avons donc choisi d’y aller avec une grande sensibilisation », a expliqué Cecchini.

Parmi les initiatives mises en place se trouve notamment la mise en place d’un code de vestiaire et d’un code de conduite.

Le code de conduite énonce les valeurs fondamentales de la ligue et les comportements attendus en accord avec ces valeurs. Ces valeurs englobent le respect de soi, des autres et des règles, l’intégrité, la sécurité, la dignité, l’esprit sportif, l’amélioration de soi, l’engagement, la persévérance, l’honnêteté et la bienveillance.

Dans la même veine, le code de vestiaire représente un engagement officiel envers les comportements attendus de la part des joueurs et du personnel. Chaque joueur et membre du personnel de la LHJMQ sera tenu de signer ce document en tant qu’engagement à le respecter.

« Tout revient au respect. Si tu te respectes toi-même, et les gens autour de toi, alors le reste en découlera, a évoqué Cecchini. Tu seras poli avec l’autorité, tu vas respecter l’autorité. T’as le droit de poser des questions, mais en bout de ligne, tu ne peux pas avoir 25 codes de conduite différents. Pour moi, tout revient au respect. C’est ça, l’important. »

En cas de dérapage, la ligue a conclu un accord avec l’Officier des plaintes dont le rôle est d’analyser les plaintes liées aux abus, au harcèlement et à la violence. Cette initiative crée une voie indépendante pour que les joueurs et le personnel puissent signaler toute situation préoccupante, une réponse à une recommandation phare de la part des députés siégeant à la Commission parlementaire.

« La ligue, et le commissaire, seront les derniers à prendre connaissance d’une plainte. De cette manière, nous voulons assurer l’indépendance du processus de traitement de toute plainte qui pourrait survenir, a expliqué Cecchini. On verra comment ce sera utilisé, mais on espère que ça le sera le moins possible. »