Trois matchs intraéquipe avaient été complétés au camp d’entraînement du Canadien en fin d’avant-midi vendredi. Ces rencontres dénuées de robustesse ne permettent évidemment pas de dresser des constats définitifs, mais la direction de l’équipe scrute ces matchs à la loupe afin de prendre les bonnes décisions en prévision du début des matchs préparatoires.

Un joueur à la recherche d’un poste doit s’être distingué à cette étape-ci sans quoi il aura du travail de rattrapage à faire, s’il n’est pas déjà trop tard. Voici une dizaine de constatations observées jusqu’ici.

Les duos

On a pu observer la formation de quelques duos, et non pas de trios, jusqu’à maintenant : Suzuki/Caufield, Dach/Monahan, Newhook/Anderson (ou Slafkovsky), Gallagher/Harvey-Pinard, Evans/Armia. Le décompte est facile à faire, il y en a un de trop. Une paire sera inévitablement séparée et ces deux joueurs seront répartis au sein des duos gardés intacts. Voilà pourquoi il ne faut pas se réjouir trop vite pour les Heineman, Joshua Roy et Owen Beck, en audition avec un duo de la LNH depuis l’ouverture du camp.

Les pubs du Rocket

Le Rocket de Laval a déjà commencé sa publicité pour la vente de billets. Aperçu cette semaine dans l’une d’elles sur les ondes de RDS : les têtes d’Heineman et de Filip Mesar. Le Canadien ne s’empêchera pas de prendre ses décisions à cause d’une pub, mais on peut y voir un indice de ses plans initiaux. Heineman n’a pas à passer par le ballottage s’il est cédé à la Ligue américaine et Mesar, le choix de fin de première ronde de 2022, pourrait bien être promu chez le Rocket, comme il l’avait laissé transparaître au camp des recrues, malgré une saison en demi-teinte offensivement dans les rangs juniors l’an dernier. Heineman n’a pas été vilain au sein d’un trio avec Suzuki et Caufield après deux matchs, mais pas transcendant non plus.

David Reinbacher se dégêne

On a senti le premier choix du Canadien en 2023, cinquième au total, le défenseur droitier David Reinbacher, un peu moins timide vendredi matin. Il y a dans son cas une adaptation normale. Non seulement il a seulement 18 ans, mais il doit s’adapter à un nouveau milieu culturel et de nouvelles dimensions de patinoire.

On constate néanmoins une belle mobilité, en ligne droite comme latérale, de la fluidité, autant dans les mouvements en maniement de rondelle que pour le coup de patin, une bonne efficacité en défense et des décisions éclairées avec la rondelle. Son coéquipier à Kloten, le Québécois Eric Faille, a mis la barre haute en le comparant à Roman Josi, l’un des meilleurs défenseurs offensifs de la LNH. De façon plus réaliste, si Reinbacher devient un Rasmus Andersson, le défenseur numéro un des Flames de Calgary, Montréal aura remporté son pari. Reinbacher aura le privilège de disputer quelques rencontres préparatoires avant de rentrer en Europe pour la saison, mais rien ne l’empêchera de rejoindre le Rocket au printemps lorsque la saison de Kloten aura pris fin.

Sean Farrell se distingue

Sean Farrell, 21 ans, a rejoint le Canadien en fin de saison dernière, précédé d’une belle réputation. Non seulement a-t-il battu des records offensifs en USHL avec 101 points en 53 matchs en 2020-2021, mais ce jeune homme a dominé outrageusement à sa deuxième saison dans la NCAA avec 53 points en 34 matchs à Harvard, et vécu l’expérience des Jeux olympiques et de deux championnats mondiaux avec l’équipe américaine en compagnie de joueurs de la Ligue nationale.

On a néanmoins vu ses limites, surtout au chapitre de ses batailles pour la rondelle, lors de son audition de six matchs à Montréal, et il a été très discret au tournoi des recrues. Depuis mercredi, il survole la patinoire au sein d’un trio avec le vétéran Tanner Pearson et Riley Kidney. Voyons s’il pourra continuer à se démarquer par sa vitesse et sa créativité lors des matchs préparatoires. Le Rocket de Laval l’attend, mais il pourrait mériter un ou des rappels au cours de l’hiver.

William Trudeau ne ralentit pas

Martin St-Louis a clairement demandé à ses défenseurs de se porter davantage à l’attaque et William Trudeau a saisi le message. Le meilleur joueur du CH au tournoi des recrues n’aspire pas à un poste à Montréal en raison de la congestion en défense, mais il faudra commencer à le surveiller de plus près. Ce garçon de 20 ans gagne en confiance et il est dominant depuis l’ouverture du camp, autant jeudi que vendredi matin. Il devient un quatrième attaquant sur la glace tant il joue d’audace, sans pour autant mettre son équipe en péril défensivement.

Juraj Slafkovsky en a beaucoup à apprendre

On a gardé Juraj Slafkovsky à Montréal l’an dernier, envers et contre tous, pour corriger ses mauvais plis. Ce premier choix au total en 2022 possède des avantages physiques indéniables, du haut de ses 6 pieds 3 pouces et 238 livres, et de jolies habiletés individuelles, de bons instincts de marqueur, de la vitesse, mais sa compréhension du jeu ne constitue pas son attribut principal. Il a paru un peu mêlé jeudi au sein de son trio avec Alex Newhook et Josh Anderson. Il s’agissait néanmoins d’un premier match en plusieurs mois pour lui. Voyons s’il fait mieux vendredi après-midi.

Belle entrée en matière pour Alex Newhook

On va juger Alex Newhook en rencontres préparatoires, mais il a épaté à son premier match intraéquipe jeudi, probablement même le meilleur attaquant sur la glace. Obtenu de l’Avalanche du Colorado pour des choix de premier et deuxième tour en 2023 (27e et 37e au total), Newhook pourra se développer à un rythme moins pressurisant à Montréal. Il demeure un choix de premier tour, 16e au total, en 2019, immédiatement après Cole Caufield, qui a amassé 33 points en 71 matchs à sa première saison complète dans la LNH en 2020-2021, à 19, 20 ans. Il n’est pas le plus grand, à 5 pieds 10 pouces, mais il demeure costaud à 190 livres, un peu dans le moule de Nick Suzuki.

Tanner Pearson rempli de bonnes intentions

Obtenu des Canucks de Vancouver plus tôt cette semaine avec un choix de troisième tour contre le gardien Casey DeSmith, le vétéran Tanner Pearson n’aurait pas voulu accorder d’entrevue à un journaliste de Vancouver à chaud, le temps de digérer la transaction. On observe depuis deux jours un attaquant qui semble remis de sa blessure au poignet qui a nécessité six interventions chirurgicales (il dit être rétabli à 90 %) et surtout beaucoup de fougue. On nous avait vanté ses qualités de leader et son ardeur au travail, le CH n’a pas mis la main sur un boudeur.

Le héros du jour

Jared Davidson, 21 ans, est le héros du jour, avec trois buts vendredi matin, les trois de son équipe. Ce jeune homme a un parcours qui pourrait s’apparenter à celui de Rafaël Harvey-Pinard. Il a été repêché au cinquième tour en 2022, au lendemain de ses 20 ans, après avoir été ignoré l’année précédente (Harvey-Pinard a vécu cette expérience décevante deux fois).

Il fallait prendre les saisons de 89 et 82 points dans la Ligue junior de l’Ouest avec un grain de sel puisqu’elles ont été réalisées à 19 et 20 ans, mais elles ont néanmoins convaincu l’organisation du CH de lui offrir un contrat de Ligue américaine avec le Rocket cet été, comme on l’avait fait avec Harvey-Pinard. S’il maintient une telle progression, un contrat de la Ligue nationale l’attendra éventuellement.

Jesse Ylönen aura-t-il sa chance ?

Malgré une production somme toute honnête en deuxième moitié de saison avec le Canadien, 16 points en 37 matchs, l’ailier droitier Jesse Ylönen, 23 ans, n’a pas eu la chance comme Emil Heineman ou Joshua Roy de compléter un trio formé de joueurs de la LNH. Il évolue avec Xavier Simoneau et Philippe Maillet, deux joueurs destinés à la Ligue américaine, depuis deux jours. Il constitue néanmoins la locomotive de son trio et a été l’un des joueurs les plus menaçants des quatre groupes à l’attaque. En voilà un qui magasine une promotion…

La citation du jour

Nous sommes cette équipe située entre deux grands marchés de la LNH qui croient tous deux qu’ils constituent le centre de l’univers du hockey. J’ai été sous-estimé toute ma vie et je sais que nous avons le club, le personnel, les fans et la communauté pour faire mentir les gens.

Michael Andlauer, le nouveau propriétaire des Sénateurs d’Ottawa, qui ne craint pas de relancer les rivalités

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