Le Tricolore a tenu dimanche son traditionnel match intraéquipe « rouges contre blancs » dans un Centre Bell bondé. La Presse propose une série d’observations sur la rencontre.

Revoici Norlinder

Vivons-nous le mois de septembre 2021 une seconde fois ? Il a fallu vérifier sur notre calendrier en voyant Mattias Norlinder voler sur la patinoire, dimanche.

Le Suédois, dont l’arrivée en Amérique a jadis été l’évènement le plus attendu depuis la Résurrection, est plus ou moins tombé dans l’oubli la saison dernière, au cours de laquelle le Canadien a pourtant employé 11 défenseurs, sans jamais le rappeler.

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Mattias Norlinder

Norlinder ne s’en cache pas : sa première année complète en Amérique du Nord n’a pas été facile. À ses 38 premiers matchs, ce défenseur surtout reconnu pour son apport offensif a été limité à sept mentions d’aide assorties d’un vilain différentiel de - 10. Il a enfin marqué un premier but, qui a semblé marquer un déclic. Il a conclu la campagne de belle manière avec 2 buts, 12 points et un différentiel de + 3 à ses 29 dernières joutes.

Dimanche, il a non seulement inscrit un joli but en acceptant une passe soulevée de Nick Suzuki, mais surtout joué avec un aplomb qu’on craignait de ne plus voir chez lui.

La saison dernière a été énorme pour mon développement. Ç’a été difficile au début, les points ne venaient pas. Mais j’ai pu jouer beaucoup de matchs et gagner en confiance. J’ai mieux utilisé mon coup de patin et mieux joué sans la rondelle. J’ai cessé d’hésiter à joindre l’attaque.

Mattias Norlinder

Stéphane Robidas, entraîneur responsable des défenseurs chez le Canadien, a dit avoir remarqué beaucoup plus de « détails » dans le jeu de Norlinder par rapport à son camp de l’an dernier. « On voit sa progression », a-t-il résumé.

Comme par le passé, Norlinder a aussi joué avec le feu à quelques reprises, notamment en se faisant bêtement voler la rondelle par Ty Smilanic à la ligne bleue adverse, en deuxième période, et en oubliant complètement de couvrir Riley Kidney en zone défensive en prolongation.

Pearson sur le premier trio

On parle depuis longtemps de la recherche de l’ailier optimal pour compléter le duo de Nick Suzuki et Cole Caufield. Personne, ou presque, n’avait le nom de Tanner Pearson sur sa carte de bingo. C’est pourtant lui qui s’est fait confier cette mission dimanche.

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Tanner Pearson

Le joueur de 31 ans n’a certainement injecté aucune vitesse sur cette unité, mais il a fait la preuve qu’il n’en est pas à son premier barbecue non plus. Sur le but de Caufield, en deuxième période, on peut croire que Pearson aurait été soumis à plus de pression de David Savard dans la vraie vie, mais la passe qu’il a servie depuis l’arrière du filet était néanmoins précise et rapide.

Soulagé d’enfin disputer un match après une absence de 10 mois occasionnée par une blessure à la main gauche qui a dégénéré, Pearson a dit avoir éprouvé bien du plaisir à évoluer avec les deux meilleurs attaquants de sa nouvelle équipe.

« Je voulais simplement récupérer la rondelle et la leur donner, a-t-il affirmé. J’ai joué avec beaucoup de bons joueurs par le passé, et ils ont ceci en commun : ils veulent la rondelle. Avec un tireur et un bon fabricant de jeu, les choses vont bien se passer. »

Pearson ne s’est pas avancé quant à la possibilité de prolonger son audition sur le premier trio, surtout qu’il est encore un nouveau venu. Il a néanmoins mentionné que la chimie se précisait à mesure qu’avançait le match.

Même si l’entraîneur adjoint Alex Burrows a mentionné après le match que Pearson pouvait être utilisé « n’importe où » dans la formation et qu’il donnait une « belle profondeur » au Canadien, il fait bon se rappeler que l’Ontarien a évolué au côté de joueurs de premier plan au cours des dernières saisons à Vancouver. En 2021-2022 et 2022-2023, ses partenaires de trio les plus fréquents ont été J.T. Miller, Conor Garland, Bo Horvat et Brock Boeser, qui faisaient tous partie du top 6 des Canucks.

Parlant de combinaisons, Kirby Dach et Sean Monahan étaient de nouveau réunis sur la même unité, dimanche. Quelque chose nous dit que leur association pourrait survivre jusqu’au début de la saison.

Primeau s’est ressaisi

Samedi matin, après un match intraéquipe catastrophique au centre d’entraînement de Brossard, Cayden Primeau avait le moral quelque part entre les mollets et la plante des pieds.

Cela n’a pas paru dimanche. Mis à contribution pendant la première moitié de la rencontre, il a été parfait en stoppant les 11 tirs qu’il a affrontés – le nombre de tirs a été calculé par le réseau RDS. Il s’est notamment dressé face à Dach, parvenu seul devant lui après avoir subtilisé le disque au très chancelant Brady Keeper.

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Cayden Primeau

« Je me sentais bien », a simplement dit Primeau en fin de journée. Le jeune homme était animé par une dégaine qui n’avait rien à voir avec la veille.

« J’ai bien suivi la rondelle, j’ai bien bougé mes pieds et j’ai essayé d’être gros devant mon filet », a-t-il énuméré.

Cette performance ne donnera pas à Primeau les clés du Centre Bell, surtout pas dans un contexte où il doit dépasser un vétéran établi pour obtenir un poste à Montréal. Mais elle le replacera certainement dans la bonne voie pour les prochains jours.

On peut s’attendre à ce qu’il voie beaucoup d’action au cours de la prochaine semaine, alors que le CH disputera quatre matchs préparatoires à domicile. Rien n’est officiel, mais puisqu’ils n’ont pas joué dimanche, Samuel Montembeault et Jakub Dobes pourraient bien se diviser la tâche lundi soir contre les Devils du New Jersey.

En quelques lignes

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Jared Davidson

Jared Davidson a poursuivi son bon camp d’entraînement en inscrivant le premier but du match grâce à un tir vif qui a déjoué Jake Allen du côté du bâton. Il avait réussi un tour du chapeau jeudi dans un autre match intraéquipe. Avec en poche un contrat de la Ligue américaine, ce choix de cinquième tour en 2022 s’assure de laisser une bonne impression avant de prendre le chemin de Laval. Il a d’ailleurs connu un fort match avec ses futurs coéquipiers Brandon Gignac et Gabriel Bourque, l’un des meilleurs trios dimanche. « Il a été surréel cette semaine, a dit Alex Burrows après la rencontre. Son futur est brillant, je ne serais pas surpris qu’on le revoie bientôt. »

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Le gardien Quentin Miller a été victime de la première coupe du camp, en fin d’après-midi, mais ce n’est pas sans avoir fait le plein de bons souvenirs. Le Montréalais de 18 ans a disputé la deuxième moitié du match, ainsi que la période de prolongation et la séance de tirs de barrage. Il a alors cédé devant Nick Suzuki, qui lui a servi une feinte sublime, mais il a stoppé le tir de Cole Caufield. « J’essaie de rester dans le présent, mais c’était vraiment le fun ! », s’est-il exclamé après coup. Lui aussi a marqué des points au cours des derniers jours. D’abord au tournoi des recrues à Buffalo, puis dans les premiers jours du camp. Il rejoindra maintenant les Remparts de Québec, dont il sera le gardien partant cette saison. Les attaquants Cédrick Guindon et Florian Xhekaj ont eux aussi été cédés à leur club junior dimanche. Le gardien Jan Spunar a, quant à lui, été libéré de son essai professionnel.

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Le match de dimanche a essentiellement été dénué de contact, à une exception près. Le géant John Parker-Jones s’est retrouvé les quatre fers en l’air après que Tobie Bisson l’eut projeté sur la glace. Le défenseur estimait sans doute que l’attaquant en avait un peu trop mis pour capter un retour de tir près de Jake Allen en fin de première période. Une anecdote savoureuse dont les deux pourront rejaser au camp de sélection du Rocket dans quelques jours.

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Mike Matheson

Mike Matheson n’a pas perdu sa superbe pendant la saison morte. En première période, il a successivement volé la rondelle à Jakov Novak et à Jake Evans, chaque fois avec une facilité déconcertante. Et en deuxième, il est passé tout près de rattraper Lias Andersson, qui s’était vu accorder un tir de punition en « poursuite », formule ludique adoptée pendant le camp. En fait, si Matheson n’y est pas parvenu, c’est parce que Brandon Gignac a rejoint Andersson avant lui.

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Oui, Joel Armia joue toujours pour le Canadien. Il a même été très visible, dimanche, et parfaitement en phase avec sa signature habituelle. Il a obtenu au moins quatre chances de décocher de bons tirs en première période, sans jamais atteindre la cible. Il a plus tard démontré sa force herculéenne en transportant Johnathan Kovacevic puis en ramenant la rondelle sur son coup droit. Son tir a touché le poteau. En dépit de ces insuccès, le Finlandais n’a pas disputé un vilain match à la droite de Jake Evans et d’Emil Heineman.