Avec tous ces joueurs qui se sont gravement blessés la saison dernière, l’un des enjeux du présent camp d’entraînement est sans conteste le retour au travail après de longues, parfois très longues absences.

Hors de combat depuis janvier, février et mars, respectivement, Juraj Slafkovsky, Arber Xhekaj et Kaiden Guhle ont disputé leur premier match depuis une éternité, lundi. Sans tomber dans l’acharnement, disons poliment que leurs absences de huit, sept et six mois ont paru dans cette défaite de 4-2 contre les Devils du New Jersey, en ouverture du calendrier présaison du Tricolore.

Sans critiquer ses joueurs en général, encore moins ceux-là en particulier, l’entraîneur-chef Martin St-Louis a convenu que oui, la rouille était visible chez ceux qui sortaient de longues convalescences. « Il faut qu’ils aient leurs répétitions, qu’ils retrouvent leur “timing”, a-t-il dit après la rencontre. C’est normal. C’est pour ça qu’il y a un camp d’entraînement. »

Le « timing », ou le synchronisme, est l’élément le plus difficile à retrouver, a-t-il convenu. On l’aura deviné en regardant aller Kaiden Guhle.

Si le numéro 21 en était à son premier camp, probablement exprimerait-on des inquiétudes à son égard. Il a possiblement offert l’une de ses pires, voire sa pire performance depuis qu’il porte l’uniforme bleu-blanc-rouge. Réputé pour son calme et sa diligence avec et sans la rondelle, le défenseur a semblé mal pris à presque chacune de ses présences au cours des deux premières périodes. Or, ayant vu ce dont il est capable la saison dernière, personne ne paniquera.

À sa décharge, il jouait avec David Reinbacher, qui vivait son baptême de la LNH. On comprendra donc que la cohésion n’était pas au point entre les deux. Mais l’exécution de Guhle n’était tout simplement pas à point. Deux passes arrière complètement ratées pendant une rare présence en avantage numérique en début de rencontre. Des rondelles perdues. Un positionnement souvent erratique. Rien qui ressemble à la signature du défenseur réputé pour sa fiabilité.

Arber Xhekaj a semblé moins désorienté que son coéquipier, mais il a retrouvé sa vilaine habitude souvent affichée l’an dernier : celle de vouloir trop en faire. On peine parfois à comprendre pourquoi il se sort du jeu pour tenter, sans toujours la réussir, une mise en échec sans incidence sur le cours de la partie.

Tant qu’à parler des défenseurs, Justin Barron, partenaire de Xhekaj, a connu un match très honnête, faisant preuve du même flair qu’à la fin de la saison dernière dans son appui à l’attaque.

Logan Mailloux a quant à lui montré des flashs offensifs qui plairont à de nombreux partisans. Ses carences en défense ont semblé moins emballer son entraîneur, toutefois.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Logan Mailloux (94)

« Ils se sont bien débrouillés », a estimé St-Louis à propos des membres de son escouade défensive, dont Jordan Harris, du haut de ses 23 ans et de ses 75 matchs dans la LNH, était le représentant le plus expérimenté.

« Se débrouiller » était sans doute ici le thème phare. Car lorsque la rondelle se retrouvait sur le bâton de Jack Hughes, au demeurant l’un des jeunes centres les plus dynamiques de la LNH, c’était à peu près tout ce qu’ils pouvaient faire.

Slafkovsky

De tous les éclopés de l’an dernier, Slafkovsky est celui qui était inactif depuis le plus longtemps.

Il demeure toutefois difficile d’évaluer son jeu, tant son développement était peu avancé avant qu’il se blesse à un genou l’hiver passé.

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Juraj Slafkovsky et Jonas Siegenthaler

À la gauche d’Alex Newhook et de Josh Anderson, il a souvent semblé confus, inefficace en possession du disque. Peu nombreux sont ses choix de jeux dotés d’un réel potentiel de succès. La simplicité demeure sa meilleure amie : il l’a prouvé, en toute fin de deuxième période, lorsqu’il a profité de son avantage physique pour sortir du coin avec la rondelle et la remettre à Josh Anderson, qui a tiré sur réception.

Le début était difficile. La première période n’était pas bonne du tout. En deuxième, notre trio a mieux été, et en troisième, je me sentais bien. Je veux bâtir sur cette période-là.

Juraj Slafkovsky

Après plus de huit mois d’absence, il se doutait bien que les premières minutes seraient ardues. « Mais ce n’est pas une excuse », a-t-il insisté.

Réapprivoiser le système de jeu a par ailleurs demandé « quelques présences », a-t-il aussi avoué. « Les prochains matchs seront meilleurs. »

« Je pense qu’il a bien joué », a nuancé Martin St-Louis, qui a lui aussi parlé d’une amélioration en cours de route.

« Il avait des touches [de rondelle], il a bien utilisé sa vitesse et son gabarit. Il n’avait pas joué depuis longtemps. Je suis content de lui. »

St-Louis parle souvent de l’importance des « répétitions » pour ses joueurs. Il en manque résolument encore pas mal, à Guhle, à Slafkovsky et aux autres dont la rouille est la plus flagrante, avant d’être prêts à affronter une compétition accrue. Mais il reste encore du temps. À eux de l’utiliser à bon escient.

Prochain match : mercredi, au Centre Bell, contre les Sénateurs d’Ottawa

Dans le détail

Une première pour Reinbacher…

David Reinbacher, le premier choix du Canadien au dernier repêchage, en était à son premier match avec le club, en ce lundi soir au Centre Bell. L’histoire retiendra que le jeune défenseur a terminé cette soirée face aux Devils du New Jersey avec une aide et un temps de jeu de 15 min 26 s. Il a eu l’air d’aimer son expérience dans l’ensemble. « C’était excitant d’entendre la foule nous encourager comme ça, a-t-il expliqué en fin de soirée. Ça donne de l’énergie, une foule comme ça, une foule qui est derrière toi. On se sent mieux avec un tel appui. Je trouve que j’ai bien joué dans l’ensemble ; quand tout le monde sait ce qu’il a à faire sur la glace, c’est plus facile. »

… et une première pour Mailloux

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Logan Mailloux (94)

Tout comme Reinbacher, Logan Mailloux en était lui aussi à un premier match dans le maillot du Canadien lors de cette première rencontre du calendrier préparatoire. « J’ai trouvé que le jeu était très rapide, a noté le jeune défenseur. Mais ce fut très plaisant. J’ai trouvé que j’étais de plus en plus à l’aise à mesure que le match avançait. » Au bout du compte, Mailloux n’a pas obtenu de point après 21 minutes de jeu, mais il s’est tout de même fait remarquer. « Il a affiché ses qualités, a expliqué l’entraîneur-chef Martin St-Louis. On peut voir que d’un point de vue offensif, il est très à l’aise et il possède un bon tir. Mais j’aimerais aussi qu’il prenne moins de risques en situation de désavantage numérique, à quatre contre cinq. Mais c’est un jeune joueur. »

Montembeault et le mauvais bond

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Samuel Montembeault

Ça ne compte pas et ça ne veut rien dire dans le grand ordre des choses, bien évidemment, mais Samuel Montembeault est sorti du match en deuxième période (c’était prévu) après avoir accordé le genre de but qu’on ne voit pas si souvent : une rondelle lancée en fond de territoire, qui a bondi de manière étrange pour se retrouver derrière lui et, par la force des choses, dans le fond du filet. « C’est le genre de but que je vais mettre derrière moi, a expliqué le gardien en riant quand même un peu. Mais sinon, je trouve que ça va bien pour moi depuis le début du camp. Avec Jake [Allen], je dirais qu’il y a une saine compétition entre nous. On est là pour s’encourager… On a vu [lundi soir] une jeune défense. Les gars ont paru nerveux en partant, mais ensuite, ils étaient de plus en plus à l’aise. »

En hausse

Owen Beck

Son jeu sobre et son succès au cercle de mise en jeu ont fait de son trio avec Joshua Roy et Jesse Ylönen l’un des plus constants de l’équipe.

En baisse

Xavier Simoneau

Son trio avec Lucas Condotta et Nathan Légaré avait l’air de ce qu’il est : une unité de la Ligue américaine. Simoneau a multiplié les bourdes, qu’il s’est acharné à corriger, il est vrai. Il connaissait jusque-là un excellent camp d’entraînement.

La citation du jour

Je lui ai dit : tu ne peux pas tirer comme ça sur moi, mon gars. Deux fois, en plus, sur ma jambe et sur mon bâton. Mais bien sûr, je le lui ai dit en slovaque. Et pas dans ces mots-là.

Juraj Slafkovsky, qui a absorbé deux rondelles tirées par son compatriote Simon Nemec