(Mont-Tremblant) Soir après soir, depuis deux ans, Nick Suzuki affronte les meilleurs trios adverses. Sans se plaindre et en donnant le meilleur de lui-même, sans égard à l’identité de ses ailiers.

Suzuki est-il pour autant efficace sur le plan défensif ? Ce n’est pas, en tout cas, ce que les chiffres disent.

La qualité des joueurs autour de lui pèse évidemment lourd dans la balance. Le capitaine ne peut pas tout faire seul. Il n’empêche que lorsque le numéro 14 est sur la glace à cinq contre cinq, l’adversaire obtient davantage de chances de marquer que le Canadien. Et il marque aussi plus de buts.

L’entraîneur-chef Martin St-Louis n’a généralement que de bons mots pour son jeune joueur de centre, et il n’a pas dérogé à ses habitudes, vendredi, après l’entraînement de son club.

Il a toutefois été éloquent lorsqu’il a répondu à une question sur ce qu’il aimerait voir Suzuki et Kirby Dach améliorer dans leurs performances générales.

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Le centre Kirby Dach

« Tout le monde dit qu’ils sont bons offensivement, et je suis d’accord, a-t-il lancé. Mais je crois qu’ils ont davantage à offrir de l’autre côté de la rondelle. »

Lui-même, lorsqu’il était joueur, « adorait » jouer contre les meilleurs éléments adverses. « Parce que je savais que dans le jeu de ces gars-là, il y avait toujours une part de risque, a raconté l’entraîneur-chef du CH. Je savais que si je jouais dur défensivement, ça me donnerait des chances de marquer. Il faut appliquer beaucoup de pression et rester patient. » Apprendre à « gérer » le match vient avec l’âge, a-t-il nuancé.

Nick Suzuki a justement avoué qu’il était plus « timide » contre les vedettes des autres clubs à ses débuts, mais qu’il se sentait « de plus en plus à l’aise » dans ces missions difficiles.

Parfois, quand on est plus jeune, on court partout ; il faut apprendre à garder sa place et à faire une couverture plus large. Ce sont des détails. J’essaie aujourd’hui d’être plus intelligent, d’être rapide sur la rondelle, de gagner mes batailles.

Nick Suzuki

Il a toutefois insisté sur le fait que cet aspect du jeu était pour lui une priorité « chaque année ».

Sans se prononcer spécifiquement sur son jeu défensif, Kirby Dach a quant à lui affirmé qu’il souhaitait constituer un bon « one-two-punch » au centre avec Suzuki. La saine compétition entre les deux, croit-il, amènera l’équipe « à un autre niveau ».

« Je suis sûr qu’ils vont s’améliorer, a abondé Martin St-Louis. Leurs habiletés sont incroyables. Ils seront la raison de notre succès cette saison, et ils en sont conscients. »

L’entraînement de vendredi, à Mont-Tremblant, a encore fait courir les foules, au point où plusieurs dizaines de personnes n’ont pu entrer dans l’aréna Gilles-Cadieux. Le public était peut-être un peu moins survolté que la veille, mais l’intensité sur la glace était, une nouvelle fois, extrêmement élevée.

Pendant de longues minutes, les exercices d’attaque et de contre-attaque se sont succédé à un rythme effarant, avec une particularité rarement vue à ce jour : une rotation quasi complète de l’effectif à toutes les positions. On a ainsi vu Kirby Dach, patinant à reculons, couper des passes à la manière d’un défenseur. Ou encore deux arrières prendre d’assaut la zone adverse en situation de surnombre.

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L’entraîneur-chef du Canadien de Montréal, Martin St-Louis

Je pense que la game s’en va là. À part quand la rondelle est lâchée à la mise au jeu, c’est beaucoup moins un jeu de positions qu’il y a 20 ans. Il faut essayer de se remplacer.

Martin St-Louis, entraîneur-chef du Canadien de Montréal

« On ne veut pas que nos défenseurs soient forcément les premiers sur l’attaque, mais on veut qu’ils participent à l’attaque, a expliqué St-Louis. Si on veut qu’ils soient agressifs, il faut que nos joueurs d’avant soient capables de jouer de l’autre côté et de prendre le trois contre deux ou le trois contre trois à la place du défenseur. »

« Ça peut être bénéfique pour tout le monde, estime David Savard. Une fois que tu le comprends [le système], les chances vont arriver plus souvent, car les gars savent où aller. »

Le Canadien disputera samedi soir son dernier match hors concours contre les Sénateurs d’Ottawa. Ce passage dans la capitale fédérale ne sera pas qu’une répétition générale avant la rencontre inaugurale de la « vraie » saison, a prévenu Martin St-Louis, mais une ultime « évaluation » de certains joueurs. Il n’a toutefois pas fourni de détails additionnels, pas davantage que sur l’identité du gardien qui sera devant le filet. « On sait qui va jouer, mais pas si ce sera un partage ou non », a-t-il affirmé. Puisque Jake Allen a disputé le dernier match en entier, on peut déduire que Cayden Primeau ou Samuel Montembeault sera le partant. Autrement, hormis Christian Dvorak et Chris Wideman, tous les joueurs sont en santé et sont prêts à jouer, a confirmé l’entraîneur.

Ce duel sera aussi le lieu de la dernière audition, avant le début de la campagne, pour le poste d’ailier sur le trio de Nick Suzuki et de Cole Caufield. Jusqu’ici, dans les matchs présaison, Sean Monahan, Alex Newhook et Josh Anderson ont eu leur chance. Verdict ? Rien de particulièrement exaltant, mais rien de catastrophique non plus. « On a de bonnes options », a répété pour la énième fois Martin St-Louis, vendredi. Nous en sortons, une énième fois, grandis.