Les Sénateurs ont disputé leur premier match de la saison jeudi avec un attaquant en moins. Le rugueux Zack MacEwen n’était toujours pas remis de sa mise en échec subie des mains d’Emil Heineman en matchs préparatoires, Josh Norris craint encore d’endommager son épaule fraîchement opérée et Ottawa n’avait pas d’espace sur sa masse salariale pour rappeler un joueur des mineures.

La gestion du plafond salarial donne d’ailleurs des maux de tête à la direction. L’un des bons jeunes attaquants de l’équipe, Shane Pinto, attend patiemment que le directeur général Pierre Dorion puisse larguer un joueur pour signer son contrat.

Pinto, 22 ans, un choix de deuxième tour en 2019, a obtenu 35 points, dont 20 buts, à sa première saison complète dans la LNH l’an dernier. En son absence, et celle de Norris, Ridly Greig, une recrue, Rourke Chartier et Mark Kastelic, dans le meilleur des cas des joueurs de quatrième trio, constituent les centres derrière Tim Stützle.

La situation devrait se rétablir éventuellement. On espère un retour au jeu de Norris samedi ou dimanche et on chercherait à échanger Mathieu Joseph, dont il reste trois ans à un contrat au salaire annuel de presque 3 millions, pour offrir une entente à Pinto. Mais Joseph est fumant ces temps-ci. Il a d’ailleurs obtenu deux points dans le premier match, une défaite de 5-3 contre les Hurricanes.

Les Sénateurs n’auraient cependant jamais dû se retrouver dans une telle situation. On comprendrait pour des champions de la Coupe Stanley, comme l’Avalanche du Colorado, le Lightning de Tampa Bay ou les Golden Knights de Vegas, avec des joueurs devenus trop dispendieux après des années de succès, mais un club ayant raté les séries six années de suite et dont les fruits d’une reconstruction n’ont pas encore été cueillis ?

C’est le sort des équipes trop pressées de gagner. On a pris deux gros raccourcis l’an dernier en cédant le septième choix au total et son choix de second tour pour obtenir Alex DeBrincat et on a mis Claude Giroux, 35 ans aujourd’hui, sous contrat pour trois ans à un salaire annuel de 6,5 millions.

Giroux en a évidemment donné à Pierre Dorion pour son argent avec 79 points, dont 35 buts, l’an dernier. Mais il s’agit d’une pièce qu’on ajoute alors qu’on peut presque palper une Coupe Stanley après quelques printemps de succès, pas quand on apprend encore à courir.

DeBrincat a déjà changé de camp, il a marqué jeudi soir pour les Red Wings le soir où le joueur repêché au septième rang par Chicago en vertu de cet échange, le défenseur Kevin Korchinski, 19 ans, jouait presque 22 minutes à son deuxième match en carrière, contre les Bruins.

Pour remplacer DeBrincat, Dorion s’est précipité vers le joueur autonome Vladimir Tarasenko, 32 ans en décembre, embauché pour un an et 5 millions. À cette somme, on ajoute les 2,5 millions à Dominik Kubalik, qu’on a accepté dans la transaction pour DeBrincat.

On rappelle le contexte. Pierre Dorion savait l’arrivée imminente d’un nouveau propriétaire. Après cinq années d’insuccès, on devine qu’il tenait, la saison dernière, à redorer le blason de l’équipe, et par le fait même, présenter une plus belle carte de visite au nouveau patron.

Pour ceux convaincus que les Sénateurs ont les ingrédients, avec Tim Stützle, Brady Tkachuk, Josh Norris, Claude Giroux, Drake Batherson, Jake Sanderson, Thomas Chabot, Jakob Chychrun et le gardien Joonas Korpisalo, pour rivaliser pour une Coupe Stanley saison après saison, le travail de Pierre Dorion n’est pas à remettre en question.

Pour les autres, vous avez raison de soulever certaines inquiétudes. L’équipe ne s’améliorera pas. Les contraintes salariales ne permettront pas l’arrivée de nouveaux joueurs de premier plan.

Et la source d’espoirs s’est tarie. Les Sénateurs n’ont pas repêché parmi les soixante premiers en 2022 et 2023 en raison des acquisitions de Chychrun et DeBrincat. Le dixième choix au total en 2021, l’attaquant Tyler Boucher, deviendra dans le meilleur des cas un joueur de soutien. Il peinait à obtenir un point par match dans les rangs juniors à 19 ans.

Les choix de premier tour de 2018 et 2019, les défenseurs Jacob Bernard-Docker et Lassi Thomson, ont été soumis au ballottage récemment afin d’être cédés à la Ligue américaine.

On souhaite aux partisans des Sénateurs une participation aux séries cette année. On leur a vendu l’idée d’une reconstruction et ils ont été patients. Il ne faudra rater le décollage parce que l’avion risque d’être cloué au sol pendant quelque temps ensuite…

Pression à Columbus

PHOTO JAY LAPRETE, ASSOCIATED PRESS

Jack Roslovic, Sean Kuraly et Zach Werenski des Blue Jackets de Columbus

Le président des Blue Jackets de Columbus, John Davidson, l’a répété lors du point de presse pour annoncer le départ de Mike Babcock et l’embauche de l’entraîneur Pascal Vincent : les Blue Jackets devraient obtenir de meilleurs résultats cette saison sans quoi les propriétaires risqueraient d’utiliser la guillotine.

Le DG Jarmo Kekalainen l’a confirmé cet été avec l’acquisition de vétérans, Ivan Provorov et Damon Severson en défense, entre autres.

Les Jackets comptent pourtant l’un des clubs les plus jeunes de la LNH et amorcent à peine une phase de reconstruction/réinitialisation.

Il y a donc sans doute une limite à mettre des jeunes en uniforme, quand on veut gagner. Ça explique sans doute pourquoi Pascal Vincent a laissé trois choix de premier tour sur la tribune de la presse pour le premier match de la saison, Kent Johnson, Liam Foudy et Adam Boqvist (un choix des Blackhawks obtenu pour Seth Jones).

Johnson, 20 ans, cinquième choix au total en 2021, a amassé 40 points l’an dernier, mais n’a pas connu un camp d’entraînement à la hauteur des attentes et on lui a préféré Emil Bemström jeudi. Il y avait cependant plusieurs jeunes dans la formation, parmi lesquels le troisième choix au total cet été, Adam Fantilli, Kirill Marchenko et Cole Sillinger.

Columbus a cependant perdu son match 4-2 contre les Flyers de Philadelphie, un club résolument en reconstruction qui n’aura pas beaucoup à perdre cette saison.

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