Pour bien des joueurs, ç’aurait été la fin. Mais pas pour Corey Perry.

Les partisans du Canadien ont renoué samedi soir avec un attaquant qu’ils connaissent bien. Même s’il a passé une seule saison à Montréal, le vétéran a laissé derrière lui une forte impression. Dans le vestiaire, où il a pris de jeunes coéquipiers comme Cole Caufield et Nick Suzuki sous son aile. Et au sein du public, qui n’a pas oublié ses performances inspirées des séries éliminatoires de 2021.

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Corey Perry alors qu’il jouait avec le Canadien en avril 2021

Parti à Tampa, Perry a connu un séjour en deux temps sous le soleil de la Floride. Une première saison formidable, au cours de laquelle il a inscrit 19 buts. Puis une deuxième, catastrophique.

En 2022-2023, l’ailier a connu la plus faible production offensive de sa longue carrière. Son temps de glace a fondu jusqu’à atteindre les chiffres de son année recrue. Et son différentiel de -28 était parmi les pires de la LNH.

Connaître ses pires moments à 37 ans est peut-être le pire des scénarios pour un athlète professionnel. Or, au risque de nous répéter, une autre chance attendait Corey Perry. Immédiatement après avoir repêché Connor Bedard, les Blackhawks de Chicago l’ont acquis en retour d’un choix de septième tour et lui ont sur-le-champ accordé un généreux contrat de 4 millions pour un an.

Les attentes à son égard ne sont pas cachées : au sein d’un club en reconstruction, dont les meilleurs joueurs sont les plus jeunes, on désirait ajouter de l’expérience et de la sagesse. C’est précisément ce que Nick Foligno et lui apportent.

À l’évidence, toutefois, Perry n’a pas déménagé dans la ville des vents pour y prononcer une série de conférences sur son illustre parcours.

« Il est le premier arrivé à l’aréna chaque matin, a raconté l’entraîneur-chef Luke Richardson, samedi matin. Quand les autres arrivent, il est déjà sur le vélo stationnaire pour se réchauffer. Il se donne la chance de jouer dans cette ligue à 38 ans et de continuer d’apporter une importante contribution. »

Il faut croire qu’il a, en effet, encore du hockey à donner. Il a récolté deux mentions d’aide à son premier match dans son nouvel uniforme. Et comme il est employé sur la première unité d’avantage numérique, avec notamment Connor Bedard, d’autres points devraient suivre. À l’entraînement matinal de son club, samedi, il était à son poste pendant l’exercice à cinq contre quatre : les deux pieds vissés droit devant le gardien.

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Jason Dickinson (16) célèbre son but en compagnie de Corey Perry lors du match contre les Penguins de Pittsburgh, le 10 octobre.

« J’adore jouer avec lui, il est tellement intelligent, a souligné Jason Dickinson, son joueur de centre désigné. N’importe quel joueur doit savoir utiliser ses forces. La sienne, c’est de contrôler la rondelle profondément en territoire adverse et de travailler en espace restreint. Il le fait depuis si longtemps qu’il connaît tous les petits jeux que les plus jeunes peuvent manquer. »

« On constate très rapidement à quel point il sait comment jouer la game », a abondé Kevin Korchinski, qui vient de disputer les deux premiers matchs de sa carrière.

« Il est tout le temps au bon endroit, a poursuivi le défenseur de 19 ans. On comprend pourquoi il a produit pendant toute sa carrière. »

Petites choses

Il n’en demeure pas moins que l’apport le plus important de Perry à son équipe est « intangible », a estimé Luke Richardson.

« Il fait plein de petites choses sur le banc. Pendant tout le match, il s’assure que les gars sont prêts pour les changements, et il leur dit s’ils ne le sont pas. Il parle aux arbitres après chaque sifflet, mais sans crier, alors ils l’écoutent. Les gars voient comment il se comporte, comment il se prépare. »

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L’entraîneur-chef des Blackhawks, Luke Richardson

C’est un pro, et c’est un gagnant. On ne le dira jamais assez.

Luke Richardson, au sujet de Corey Perry

Jason Dickinson a connu Perry chez les Stars de Dallas, à un moment où le vétéran cherchait un nouveau souffle, comme il le fait aujourd’hui. La dernière saison de Perry avec les Ducks d’Anaheim, équipe qui l’avait repêché en 2003, avait été très douloureuse, au point que l’organisation avait racheté son contrat pendant l’été 2019.

Au Texas, il avait retrouvé ses repères sur la glace et il a accompagné les Stars jusqu’en finale de la Coupe Stanley.

Quatre ans plus tard, Dickinson voit Perry vivre le même genre de renaissance. Et il le voit avoir le même effet immédiat sur ses coéquipiers.

« Sa présence est forte, il s’est tout de suite intégré au groupe, a remarqué l’attaquant de 28 ans. Il est tellement calme, c’est apaisant. Et même s’il n’est pas le plus bruyant, il fait rire tout le monde. »

« C’est vraiment quelqu’un de bien, a confirmé Kevin Korchinski. Il n’est pas intimidant du tout. »

Par ailleurs, la foule du Centre Bell a une nouvelle fois montré sa gratitude à Corey Perry, samedi soir, en l’applaudissant chaudement, non pas une, mais bien deux fois. Le numéro 94 des Hawks a d’abord respecté sa routine d’avant-match en tirant la rondelle dans le filet adverse à la toute fin de la période d’échauffement, ce qui lui a valu l’approbation des partisans, qui auraient d’ordinaire hué un tel geste.

Puis, les cris ont encore résonné lorsque l’annonceur maison a prononcé son nom à titre de membre de la formation de départ des visiteurs.

« C’était un bel accueil, a témoigné le principal intéressé après le match. Je ne vais jamais oublier le fait d’avoir joué pour l’équipe de mon enfance [le Canadien] et d’avoir atteint la finale de la Coupe Stanley. C’était vraiment cool. »

Le public semblait avoir la même opinion.