S’il y a une chose qu’on a apprise samedi, c’est que Tanner Pearson n’est pas du genre à épancher ses émotions.

Le vétéran attaquant s’entretenait avec les médias après la courte victoire de 3-2 du Canadien contre les Blackhawks de Chicago. Pearson venait d’inscrire son premier but dans son nouvel uniforme. Mais, surtout, son premier but en près d’un an.

Pearson n’avait en effet pas marqué depuis le 28 octobre 2022, puisque sa saison 2022-2023 a été réduite à 14 matchs en raison d’une fracture à la main gauche devenue un véritable fiasco médical, que nous avions décrit ici.

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Dans ces circonstances, le simple fait de marquer, sur un tir des poignets généré par une main visiblement bien guérie, aurait pu susciter des émotions, voire des pleurs dans la pluie, pour peu qu’il pleuve au Centre Bell, ce qui paraît toutefois bien improbable.

Mais il faut dire que Pearson n’avait guère besoin d’être rassuré sur sa main, même après qu’il eut été plutôt effacé au camp d’entraînement. Malgré l’incertitude l’entourant lors de son arrivée à Montréal, il savait que tout était rentré dans l’ordre.

PHOTO ERIC BOLTE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Tanner Pearson célèbre son but, samedi soir.

« J’ai probablement eu de bonnes sensations [dans ma main] à la mi-août, a indiqué le numéro 70. J’avais de petites douleurs, rien de fou, mais en août, je commençais à sentir que j’avais une bonne maîtrise de mon tir. »

Marquer, c’est assurément une bonne sensation. Mais je ne sais pas si ‟émotif” est le bon mot. J’étais probablement plus heureux qu’autre chose, et je pense que mon grand sourire en disait long !

Tanner Pearson

Revoyez le but de Tanner Pearson

À Hershey aussi

Pearson n’a pas été le seul à sourire. De son domicile de Hershey, où il se terre depuis son congédiement par les Canucks de Vancouver, Bruce Boudreau a lui aussi souri en apprenant que son ancien protégé avait brisé la glace.

Il faut dire que Boudreau et Pearson ont vécu de beaux moments ensemble. Les Canucks de 2021-2022, après l’arrivée de Boudreau derrière le banc au début de décembre, ont constitué une des bonnes histoires de la LNH cette saison-là. Les Vancouvérois ont remporté leurs sept premiers matchs sous Boudreau. C’était le début d’une poussée au cours de laquelle « Bruce, there it is » était devenu un véritable hymne au Rogers Arena.

« Il avait été un ingrédient important de notre poussée », se souvient Boudreau, en entrevue avec La Presse. Auteur de seulement 8 points en 25 matchs sous Travis Green, Pearson en avait inscrit 26 en 43 rencontres sous Boudreau.

Boudreau venait d’être remercié par les Canucks la dernière fois qu’il a vu Pearson en personne. « Il avait une intraveineuse dans le bras. C’était comme à l’hôpital, avec le sérum. Je craignais que sa carrière soit finie, car rater un an de hockey, c’est beaucoup. »

La vitesse n’a jamais été la marque de commerce de Pearson, et à vue de nez, ce n’est toujours pas un trait dominant de son jeu. Ses autres qualités, par contre, peuvent toujours s’appliquer, même après 11 mois d’absence.

« C’est un joueur facile à diriger, décrit Boudreau. Je m’assoyais avec lui, je lui disais ce que je voulais, ce que je pensais, et il était très honnête dans son auto-évaluation. C’est pourquoi il est facile à coacher : il ne vit pas dans un monde de licornes, à penser qu’il joue bien quand ce n’est pas le cas. »

Boudreau garde le souvenir d’un « bon coéquipier, qui écoule les pénalités et bloque des tirs ». « Quand tu es un bon coéquipier, les gars veulent se tenir avec toi. Les joueurs à Montréal vont graviter autour de lui », prédit-il.

L’échantillon est encore trop mince pour évaluer Pearson. Son but, il l’a marqué sur son unique tir en deux matchs. À cinq contre cinq, le Tricolore est en déficit de -3 au chapitre des chances de marquer lorsque Pearson est sur la patinoire, selon Natural Stat Trick. En désavantage numérique, par contre, l’adversaire n’a pas encore marqué contre lui.

Lors de la balado Sortie de zone, son ancien coéquipier Antoine Roussel l’avait décrit comme « un joueur complémentaire ». « Tu le fais jouer avec de bons joueurs, il sera meilleur. Tu le fais jouer avec de moins bons joueurs, il sera correct. Mais ce n’est pas lui qui sera la bougie d’allumage du trio », avait illustré le Saguenéen d’adoption.

« C’est une très bonne description, confirme Boudreau. C’est pourquoi il peut jouer avec n’importe qui. Il regarde le trio. S’il doit être le joueur défensif, il va l’être. S’il doit appuyer l’attaque, il le fera. Il est intelligent, et les joueurs intelligents savent s’adapter. »

Avec son style très sobre, Pearson est le genre de joueur qu’il faut observer sur une plus longue période pour bien le cerner. Ce sera donc à suivre dans les prochaines semaines. En attendant, le joueur a de toute évidence apprécié son premier match en saison devant les amateurs montréalais en tant que membre du Bleu-Blanc-Rouge.

« Tu embarques pour l’échauffement et c’est déjà plein. Tu arrives dans le stationnement pour le match, les gens attendent à l’extérieur. C’est spécial de jouer ici, et voir comment les partisans ont l’équipe à cœur. »

La première rencontre

Tenons pour acquis que Pearson et Martin St-Louis se sont serré la pince quand Pearson est débarqué aux abords du boulevard Leduc, que certains surnomment les Champs-Élysées de Brossard. Ce n’était toutefois pas leur première poignée de main. Cette première rencontre avait en effet eu lieu sur la patinoire du STAPLES Center, en 2014, après que Pearson et les Kings de Los Angeles eurent battu St-Louis et les Rangers de New York pour remporter la Coupe Stanley. « Il est un membre du Temple de la renommée, a rappelé Pearson. Tu le voyais par ses habitudes sur la glace : il était si fort, si agile. J’avais 21 ans à l’époque… Je ne dis pas que je l’encourageais, mais son histoire est assez spéciale. De le retrouver derrière le banc aujourd’hui, c’est pas mal cool. »

Regardez la poignée de main entre St-Louis et Pearson