Est-ce que quelqu’un, dans cette salle, sait ce que le Canadien entend faire de Cayden Primeau ?

Relisez notre couverture en direct Consultez le sommaire du match

La question se pose, encore plus après cette défaite de 5-2 face aux Devils du New Jersey, subie mardi soir au Centre Bell.

Le jeune gardien a été assez bon – bien qu’il mettrait sans doute le premier but de Tyler Toffoli dans son tiroir des tirs qu’il aimerait revoir –, mais on ne sait trop s’il est vraiment possible de tirer de grandes conclusions suite à cette sortie, sa première de la saison, sans même que l’on connaisse la date de sa prochaine.

Primeau lui-même ne doit pas savoir grand-chose, puisqu’il a connu la date de ce premier départ seulement 48 heures avant la mise en jeu initiale de mardi soir. Quand on lui a demandé s’il connaissait les plans du Canadien à son égard, la réponse a été assez brève merci : « Non. »

Maintenant, est-ce qu’il en a assez fait pour impressionner l’entraîneur ?

On vous laisse juger.

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE

Cayden Primeau (30) et Justin Barron (52)

« J’ai trouvé qu’il a disputé une bonne partie, a répondu Martin St-Louis en fin de soirée. Il nous a donné une chance… Les Devils ont une attaque qui tourbillonne, et lui n’avait pas joué beaucoup dernièrement. Mais il nous a offert un bon match. »

N’empêche que ce comité à trois ne pourra pas durer éternellement ; le Canadien a déjà connu du succès avec un tel scénario en 1985-86, mais le monde a bien changé depuis, et les épaulettes, le ColecoVision et Jano Bergeron ne sont plus que de vagues souvenirs, comme les valses à trois devant un filet.

D’ailleurs, c’est Primeau lui-même qui a reconnu que la charge mentale qui accapare un gardien dans une telle situation n’est pas facile à gérer.

« Je me sens bien physiquement, a-t-il ajouté, et pour ce qui est de l’aspect mental, c’est un défi, je ne vais pas mentir… mais je veux jouer contre les meilleurs.

« Je me sentais bien. C’est dur de rester alerte quand on ne joue pas, mais je visais seulement à bagarrer et à être compétitif. Je ne pensais pas trop aux buts accordés, parce qu’il va y en avoir. J’ai seulement voulu donner au club une chance de gagner… il faut être prêt à tout, et ce fut un bon défi pour moi. »

En tout cas, ses coéquipiers ont bien apprécié la performance.

« On voulait bien jouer devant lui, a fait savoir le défenseur Justin Barron. Les Devils ont une bonne équipe, surtout offensivement. Cayden a très bien joué, il a fait de très beaux arrêts pendant toute la soirée, et il nous a gardés dans le match. »

Pendant ce temps, Jake Allen, un autre membre de ce trio masqué, lui-même auteur d’une bonne performance lundi à Buffalo, n’était même pas en uniforme mardi soir. Cette situation n’est pas encore une distraction, mais ça ne saurait tarder, parce que tôt ou tard, il y aura un mécontent.

Quant à la théorie de la vitrine, selon laquelle des gars comme Primeau obtiennent des départs afin d’être « montrés » au reste de la ligue et peut-être obtenir un déménagement au détour, elle tient plus ou moins la route, en premier parce qu’il y avait seulement trois dépisteurs au Centre Bell en ce mardi soir très chargé dans la LNH.

Enfin, s’il y avait pour le Canadien un peu d’espoir à dénicher quelque part dans la brume de ce mardi gris, il fallait regarder en face. Ces Devils, après tout, étaient à la même place que le club montréalais il n’y a pas si longtemps, et maintenant, les voici qui prétendent à quelque chose de pas pire.

Martin St-Louis a pris des notes.

« On court après ça, a imagé le coach. On veut continuer à se rapprocher de ça. Il y a eu des moments dans le match où on s’est dit qu’on n’est pas si loin… »

En hausse

Justin Barron

Il a entrepris le match sur le premier duo défensif et il a marqué le premier but du match, son deuxième de la saison.

En baisse

Juraj Slafkovsky

Une soirée très difficile pour lui dans l’ensemble, surtout sur le plan de la prise de décisions.

Le chiffre du match 

3

C’est le nombre de buts de la part de l’ex-légende du Canadien Tyler Toffoli.

Dans le détail

Savard absent pour six à huit semaines

Le Canadien a confirmé mardi soir que David Savard devrait s’absenter pour six à huit semaines après s’être fracturé une main. La veille, contre les Sabres de Buffalo, le défenseur s’était blessé en bloquant un violent tir de Tage Thompson. Savard joue donc de malchance pour la troisième année de suite. À ses deux premières campagnes à Montréal, il a raté un total de 40 matchs. Si sa convalescence se déroule comme prévu, il devrait renouer avec l’action dans le courant du mois de décembre. En son absence, unanimement décrite dans le vestiaire comme une « lourde perte », Justin Barron a été promu à la droite de Mike Matheson. En toute honnêteté, le duo a connu un match difficile. Matheson est probablement celui des deux qui a le plus peiné, enfilant les bourdes et les jeux hasardeux, notamment cette passe entre les jambes en avantage numérique en première période qui a mené directement à un revirement. « Je ne suis vraiment pas heureux de la manière dont j’ai joué », a-t-il analysé après coup. Barron, lui, s’est dit disposé à « contribuer dans toutes les situations ». De fait, mardi, il a été utilisé en avantage numérique comme en désavantage numérique.

Sans gardien en milieu de troisième

Martin St-Louis a provoqué une certaine surprise en retirant son gardien alors qu’il restait un peu plus de 10 minutes au cadran en troisième période et que son équipe tirait de l’arrière 4-1. « Je sentais que les gars méritaient la chance de revenir dans le match, de réduire l’écart à deux buts », a expliqué l’entraîneur-chef. Pari réussi : Mike Matheson, après avoir traversé la glace d’un bout à l’autre, s’est frayé un chemin jusqu’au filet adverse et a marqué un but qu’on reverra sans doute jusqu’à la fin de la saison. « Ça nous a donné vie », a conclu St-Louis. Malgré son exploit, Matheson a dit préférer se concentrer « sur tout le reste du match » dans son bilan de la rencontre. « Sur les autres 59 minutes et 40 secondes », a-t-il précisé.

Malédiction au cercle

Tout juste avant le match, Martin St-Louis avait eu de bons mots pour la performance de ses hommes au cercle de mise en jeu. Il a salué le travail de ses joueurs de centre, certes, mais aussi celui de leurs coéquipiers. À ce moment, l’équipe était la meilleure de la ligue, en vertu d’une efficacité de 58,3 %. L’entraîneur aurait voulu jeter une malédiction sur ses joueurs qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Sean Monahan (3 en 15) et Jake Evans (4 en 14) ont connu une soirée misérable à ce chapitre, et l’ensemble du club a conclu le match avec à peine 37 % de succès. Et encore, Monahan a plus ou moins racheté sa cause en troisième période, puisqu’il avait été blanchi au cours des 40 premières minutes (0 en 9). Dans cette seule rencontre, le CH a perdu presque cinq points de pourcentage pour l’ensemble de cette jeune saison. Nico Hischier (13 en 19) et Michael McLeod (13 en 15) ont été les pires bourreaux des locaux.

Simon-Olivier Lorange