Et dire qu’il n’y a même pas une semaine, on se désolait, chez le Canadien, des reproches insistants à l’endroit de l’avantage numérique.

Quatre matchs plus tard, voilà que l’attaque à cinq a gardé les Montréalais en vie, jeudi, en route vers une victoire de 4 à 3 acquise en prolongation face aux Blue Jackets de Columbus. Quelle vie trépidante, tout de même…

Relisez notre couverture en direct
Consultez le sommaire de la rencontre

Pour y arriver, il a tout de même fallu que Martin St-Louis gronde ses hommes après une première période pénible. Il a aussi fallu que ceux-ci effacent deux déficits de deux buts. Et il a fallu faire des heures supplémentaires pour en finir.

Le Tricolore, décidément, joue avec le feu. Se retrouver en retard soir après soir n’est pas une formule tenable, a admis l’entraîneur. Faire preuve de résilience, c’est bien beau, mais « pourquoi [se mettre à l’épreuve] chaque match ? », a-t-il demandé. Bonne question.

Il y a du bon à tirer de cette rencontre. Samuel Montembeault, imparfait pendant les 60 premières minutes, a été impérial en prolongation. Et Mike Matheson, malgré quelques bourdes, a encore montré combien il est le liant de cette défense souvent maladroite.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Samuel Montembeault après avoir accordé le troisième but des Blue Jackets

On retiendra surtout le premier but de la saison de Nick Suzuki, marqué à un moment on ne peut plus opportun. Un but important pour lui, s’entend, mais aussi pour son trio.

Six matchs et une période auront été nécessaires pour que l’unité formée du capitaine et de Cole Caufield, avec Josh Anderson ou Rafaël Harvey-Pinard à l’aile gauche, s’inscrive enfin au pointage à cinq contre cinq. C’est un peu long.

« C’était probablement notre meilleur match depuis qu’on joue ensemble », a analysé Harvey-Pinard, réuni aux deux autres après avoir évolué au côté d’Alex Newhook mardi.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Alex Newhook (15)

« On a appliqué un bon échec avant, on a créé des jeux et on a réussi à créer des chances de marquer. Il y a encore place à l’amélioration, mais on est contents de notre match. »

C’est vrai que ça s’est plutôt bien passé, surtout en troisième période. Mais c’est aussi très vrai que ce trio peut faire mieux. La version de ce trio avec Harvey-Pinard est certainement meilleure que celle avec Anderson. La production nette n’est pas forcément plus prolifique, mais les chances sont davantage au rendez-vous.

Pour les transformer en buts sur une base régulière, il faudra encore « beaucoup de répétitions », a poursuivi le Québécois. « Créer une chimie, ça ne prend pas juste une période. »

Top 6

Cette production timide n’est pas propre au premier trio. Après que Kirby Dach s’est blessé, au début du deuxième match de la saison, les six membres des deux premières combinaisons ont totalisé trois points à cinq contre cinq : un chacun pour Caufield, Suzuki et Anderson, et aucun pour Harvey-Pinard, Newhook et Juraj Slafkovsky. Cela en 17 périodes.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Juraj Slafkovsky et le gardien Elvis Merzļikins

Jour après jour, au camp d’entraînement, Martin St-Louis a répété qu’il avait plusieurs « options » pour compléter le duo Suzuki-Caufield. Cette quête se poursuit résolument. On espère, chez le CH, que la sauce prendra pour de bon avec Harvey-Pinard. Sinon, on devra (encore) regarder ailleurs.

Depuis la perte de Dach, il faut en outre chercher des options sur le deuxième trio. Son itération avec Josh Anderson donne souvent de belles choses, mais là non plus, les buts n’y sont pas. Si le gros ailier ne convertissait qu’une fraction de ses chances de qualité, la conversation serait différente. Il a encore obtenu deux échappées, jeudi. Ne cherchez toutefois pas son nom dans le sommaire, il n’y est pas.

Les possibilités ne sont pas infinies, à moins de démanteler l’unité de Sean Monahan, la seule du club qui soit vraiment constante et efficace.

Sinon, le moment est-il venu d’appeler Joel Armia en renfort dans un rôle offensif ? L’heure n’est quand même pas si grave. C’est bien beau d’avoir des options, encore faut-il qu’elles soient viables.

« C’est une question de temps avant que ça marche, a prédit Alex Newhook. On aurait pu marquer quelques buts ce soir. »

Martin St-Louis a exprimé le même optimisme, estimant qu’il manquait à ses deux premiers trios « un bond ici et là ». Le type de bond qui « donne de la confiance un peu ». « S’ils jouent à ce niveau-là, comme en deuxième et en troisième, je ne suis pas inquiet, a-t-il précisé. Ils vont être fatigants à [affronter]. Et ça va revenir. »

Newhook a aussi livré, sans se plaindre, une sorte de plaidoyer pour la stabilité. Car « on a besoin que notre top 6 fasse la différence chaque soir ».

Nick Suzuki s’est lui aussi dit « très conscient » du besoin d’accélérer le rythme à cinq contre cinq. « On a les éléments pour y arriver », a-t-il plaidé.

Ironiquement, la clé pourrait bien venir de l’attaque à cinq. C’est du moins la théorie de Cole Caufield, interrogé sur l’effet d’une phase de jeu sur l’autre.

« Quand l’avantage numérique marche, ça enlève du stress, et on se sent plus à l’aise » à cinq contre cinq, a-t-il souligné.

Et dire qu’il n’y a même pas une semaine, on se consolait des déboires de l’avantage numérique en s’appuyant sur les succès à forces égales.

La boucle ne pourrait être mieux bouclée. Jusqu’à ce qu’elle ne le soit plus.

En hausse : Nick Suzuki

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Nick Suzuki

Enfin un but ! Sa célébration en disait long sur le soulagement que lui a procuré cette première réussite de la saison, à son septième match.

En baisse : Justin Barron

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Justin Barron

Il a perdu sa place à la droite de Mike Matheson en troisième période. Affronter les meilleurs attaquants adverses représente une mission peut-être pas impossible pour lui, mais certainement ardue.

Le chiffre du match : 32

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Arber Xhekaj

Avec une bagarre assortie d’une punition pour rudesse, qui aurait très bien pu en être une d’instigateur, voilà Arber Xhekaj à 32 minutes de pénalité cette saison, au deuxième rang de la LNH.

Dans le détail

Montembeault « excellent »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Samuel Montembeault

Avec la lutte à trois devant le filet en ce début de saison, Samuel Montembeault n’avait pas gardé les buts depuis le 17 octobre. Le Québécois a connu un fort match, bloquant 32 rondelles dans la victoire. Pour reprendre les mots de Martin St-Louis après le match : « Il a été excellent. Excellent. » Montembeault a accordé deux buts en désavantage numérique, dont un qu’il aurait « aimé revoir » : le tir d’Emil Bemström s’est frayé un chemin sous son bras droit. Il a néanmoins sauvé son équipe à court d’un homme au début de la prolongation, réalisant trois splendides arrêts coup sur coup sur des tirs de Zach Werenski et de Johnny Gaudreau. « Je pense que, ce soir, il a joué selon les standards qu’il a établis l’année passée, a dit St-Louis. C’est à lui de continuer à garder cette constance-là et de continuer à monter les standards. »

Des buts en avantage numérique (!)

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Sean Monahan attaque le filet des Blue Jackets.

La saison est courte, mais l’avantage numérique du Canadien a été défaillant jusqu’ici. Avant le match de jeudi, le Tricolore se plaçait au 17e rang de la LNH à ce chapitre, avec un pourcentage de réussite de 16,7 %. Contre les Blue Jackets, il a – enfin, soupireront plusieurs — connu du succès, marquant deux fois plutôt qu’une. Les Jackets ont été beaucoup plus indisciplinés qu’à leur habitude : ils ont écopé de 19 minutes de pénalité dans ce seul duel, contre 54 à leurs six premiers matchs. Le CH a bien fait circuler la rondelle lors de ces occasions, permettant à Mike Matheson de marquer d’un tir des poignets du haut de l’enclave en fin de deuxième période. Sean Monahan a concrétisé à son tour en troisième période, faisant habilement dévier une passe de Cole Caufield.

« J’ai eu du fun »

PHOTO PAUL VERNON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

L’entraîneur-chef des Blue Jackets, Pascal Vincent

Le Québécois Pascal Vincent est venu plusieurs fois au Centre Bell en tant qu’entraîneur adjoint. Jeudi soir, pour la première fois, il y était comme entraîneur-chef des Blue Jackets. Bien qu’il aurait, de toute évidence, aimé quitter Montréal avec les deux points, l’homme de 52 ans a apprécié le moment. « Moi, j’ai eu du fun », a-t-il résumé simplement, même s’il a admis avoir eu « plus ou moins » le temps de prendre conscience du moment. Vincent était satisfait du match de son équipe, mais a souligné son manque d’opportunisme. « Le match était partagé. […] Le Canadien est une équipe qui est très rapide, et on l’a vu. [Ses joueurs] ont créé des chances avec de la rapidité. Ce sont deux équipes relativement jeunes, qui font des erreurs sur le plan de leur système et qui profitent des avantages. »