(Las Vegas) Il y a bien sûr des circonstances dont on ne peut faire abstraction. Comme cette blessure qui l’a privé des 38 derniers matchs de la dernière saison. Soit.

Il n’en demeure pas moins que cela fera bientôt 11 mois que Juraj Slafkovsky n’a pas marqué un but dans un match de la LNH. Sa dernière réussite remonte au 1er décembre 2022. S’en est suivie une disette de 21 matchs sans toucher la cible, séquence qui a été suspendue à la mi-janvier lorsqu’une blessure à un genou a mis fin à sa première campagne dans la LNH. En ajoutant ses huit sorties sans but cette saison, la rencontre de ce lundi soir, à Vegas, sera sa 30e depuis la dernière fois qu’il a déjoué un gardien.

Il n’est évidemment pas le seul de son équipe à vivre la sécheresse. Josh Anderson n’a pas encore marqué en 2023-2024. Or, avec toutes les chances qu’obtient le numéro 17, il semble à peu de choses d’un déblocage. Il ne suffirait que de convertir l’une des nombreuses échappées qu’il obtient, par exemple. Ou qu’il touche la cible un peu plus souvent : seulement 15 de ses 28 tentatives jusqu’ici se sont rendues jusqu’au filet.

Pour Slafkovsky, c’est moins clair. En fait, oui, ce l’est un peu : il ne passe jamais vraiment proche de s’inscrire au pointage.

Un regard à trois indicateurs le confirme. La nouvelle plateforme de statistiques avancées de la LNH décortique les tirs cadrés selon leur provenance.

Toutes situations confondues, donc en incluant l’avantage numérique, Slafkovsky n’a encore été crédité d’aucun tir de ce que la ligue désigne comme la « zone dangereuse » – grosso modo, à l’intérieur des points de mise en jeu jusqu’aux poteaux des buts.

SAISIE D’ÉCRAN TIRÉE DU SITE NHL EDGE

Provenance des tirs de Juraj Slafkovsky cette saison

Il est le seul attaquant de son équipe dans cette situation, parmi ceux qui ont disputé la majorité des matchs. À titre indicatif, Michael Pezzetta en a obtenu deux.

Les buts attendus, déterminés par un algorithme lui aussi basé sur la provenance des tirs, le placent parmi les derniers de classe, pratiquement à égalité avec le même Pezzetta. Cette conclusion du site spécialisé Natural Stat Trick est cohérente avec son calcul des quatre chances de marquer de qualité du Slovaque, et ce, en huit matchs.

Dans ce département aussi, il flirte avec les chiffres des joueurs du quatrième trio qui, pourtant, ne jouent jamais en avantage numérique et qui voient beaucoup moins d’action à cinq contre cinq.

Panne

La panne offensive de Slafkovsky, en réalité, s’applique à tout le trio piloté par Alex Newhook et principalement complété par Josh Anderson.

Évidemment que le manque de finition d’Anderson prive ses partenaires de points. Mais toute la faute ne lui revient pas : depuis que les trois ont été réunis, il y a cinq matchs, cette unité a produit un total de zéro but. Ses trois membres ont été complètement blanchis à cinq contre cinq. Ils ont même encaissé deux buts, samedi soir, contre les Jets de Winnipeg, dont un alors que la confusion semblait totale autour du filet du CH.

Tout n’est pas sombre pour autant. Chiffres à l’appui, Le Journal de Montréal soulignait dimanche que Slafkovsky gagne plus de batailles individuelles qu’auparavant et qu’il contrôle davantage la rondelle en zone adverse, deux éléments qui n’apparaissent pas dans un rapport de match classique.

C’est ce qui fait dire à Martin St-Louis qu’il est « content » de son protégé. « Parce qu’il touche beaucoup à la rondelle. C’est une grosse différence par rapport à l’année dernière », a souligné l’entraîneur-chef du CH, lors d’une rencontre avec quelques journalistes québécois dimanche en fin de journée.

Son évolution, déjà, en 12 mois, je trouve que c’est très encourageant. J’ai hâte de le voir dans 12 autres mois. Il ne faut pas oublier qu’il a juste 19 ans…

L’entraîneur-chef Martin St-Louis

De manière tangible, le grand ailier réussit parfois des passes géniales, d’un aplomb qui semble surprendre leurs destinataires. Mais il y a aussi des séquences un peu moins géniales. Notamment une en particulier, samedi, au cours de laquelle le grand numéro 20 « a tenté une passe à la pointe à un coéquipier imaginaire », comme l’a résumé Alexandre Gascon, de Radio-Canada.

Martin St-Louis, visiblement, n’était pas enchanté par le match de Slafkovsky, qu’il a cloué au banc en troisième période, à l’exception de trois présences. Son temps de glace de 12 min 2 s a d’ailleurs été son plus faible de la saison.

Le pilote du Tricolore n’a toutefois pas manifesté d’intention de limiter son utilisation lundi contre les champions de la Coupe Stanley, rappelant que « Slaf, défensivement, fait de la très bonne job ».

Qu’à cela ne tienne, St-Louis ne cache pas que la clé, dans l’évolution du jeune homme, réside dans la « communication », dans les « conversations » qu’ils ont ensemble. Encore que celles-ci ne doivent pas être confondues avec une conférence des Grands Explorateurs.

« Ce n’est pas comme si je lui parlais tous les jours sans arrêt, a assuré St-Louis. Ça peut être deux ou trois minutes, des petites affaires, et puis let’s go. Il faut que je le laisse respirer. »

« C’est sûr que de marquer un but, de produire, ça aide un joueur, a encore convenu l’entraîneur. Mais il ne faut pas se concentrer sur le résultat. C’est le processus. Il est dans les bonnes places. »