(Tempe, Arizona) Il y a des entraîneurs hyperactifs. Ceux qui, après une mauvaise période ou quelques mauvaises présences, chamboulent leurs trios, et tant pis pour la stabilité. Puis il y a Martin St-Louis.

Ce n’est pas la composition de ses trios en tant que telle qui a coulé le Canadien contre les Coyotes de l’Arizona. Après une performance inspirée trois jours plus tôt à Vegas, les Montréalais sont tombés à plat, jeudi. Supérieurs à leur adversaire au chapitre de l’exécution, les Yotes sont sortis victorieux de ce duel par 3 à 2. Et ils auraient pu se faciliter la vie encore davantage s’ils avaient profité de l’indiscipline des visiteurs en troisième période.

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Or, le sujet de la composition de l’effectif devient de plus en plus incontournable.

Au cours des derniers jours, on a largement parlé du trio d’Alex Newhook, Josh Anderson et Juraj Slafkovsky. Des insuccès des deux ailiers, surtout. D’Anderson qui semble avoir oublié comment marquer des buts. De Slafkovsky qui semble simplement vouloir survivre lorsqu’il est sur la glace.

Mercredi, à la veille du match, St-Louis a vanté en long et en large les vertus de l’équilibre. Ses hommes doivent être dispersés dans l’espace qui leur est alloué, a-t-il expliqué, de manière à offrir différentes options au porteur de la rondelle. Pour générer davantage d’attaque, son deuxième trio devait être plus équilibré, avait-il estimé.

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Le gardien Connor Ingram savoure la victoire de son équipe.

Va pour la théorie. En pratique, ça n’a pas fonctionné du tout. Cette unité a connu une soirée misérable en Arizona. Josh Anderson a été présent sur la glace pour une seule tentative de tir de son équipe à cinq contre cinq. Une seule. C’était, à son 467e match, la première fois de sa carrière que cela se produisait pour lui.

En réalité, ce trio a été totalement dominé au cours des quatre derniers matchs – séquence qui s’est amorcée jeudi dernier contre les Blue Jackets de Columbus. Au cumulatif de ces quatre sorties, lorsque les trois attaquants étaient réunis à cinq contre cinq, le Tricolore a obtenu 31 % ou moins des tentatives de tir, des tirs cadrés, des buts attendus et des chances de marquer de qualité, selon le site Natural Stat Trick. Ceci alors que les trios pilotés par Nick Suzuki et par Sean Monahan étaient largement en haut de 50 % pour les mêmes indicateurs. Ce n’est pas une marge : c’est un fossé.

« Pas juste eux autres »

Le problème, jeudi, « ce n’était pas juste eux autres », s’est défendu Martin St-Louis. « On a juste eu trois ou quatre joueurs qui ont connu un bon match. Ce n’est pas assez, dans cette ligue-là. »

Il est vrai que la majorité de l’équipe a peiné contre les Coyotes. Mais pour Newhook, Anderson et Slafkovsky, c’était pire.

Il a fallu que Rafaël Harvey-Pinard tombe au combat, en fin de première période, pour que l’entraîneur-chef jongle (enfin ?) avec la composition de ses trios. Joel Armia et Jesse Ylönen ont été les premiers à avoir leur tour avec Nick Suzuki et Cole Caufield. Puis, en troisième période, ç’a été au tour de Newhook. En conséquence, Jake Evans a été momentanément muté entre les deux gros ailiers.

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Jesse Ylönen retourne vers le banc du Canadien après un but des Coyotes.

Puisque la troisième période a été le théâtre de cinq punitions mineures, ces combinaisons sur le pouce n’ont pas eu beaucoup de temps pour se faire valoir. On peut toutefois se demander si le temps n’est pas venu de poursuivre quelques expériences.

Un journaliste a demandé à Martin St-Louis si, avec 12 attaquants en santé pendant tout le match, il aurait gardé ses trios intacts. « Je ne sais pas », a rétorqué le pilote.

Une blessure sérieuse à Harvey-Pinard provoquerait forcément un changement de formation en vue du match de samedi contre les Blues de St-Louis. Cette rencontre pourrait par ailleurs coïncider avec le retour au jeu de Christian Dvorak. Substituer un pour l’autre constituerait une rustine rapide.

Or, le trio de Newhook a maintenant eu droit à une période d’essai de presque 50 minutes, principalement étalée sur six matchs… sans vraiment de succès tangible.

Martin St-Louis prendra-t-il la balle au bond ? Peut-être, peut-être pas. Il n’a presque pas touché à ses trios au cours des 10 premiers matchs de la saison à moins d’y être forcé. Et encore récemment, il disait ne pas s’inquiéter des déboires de sa deuxième unité. Une autre contre-performance a-t-elle ébranlé sa conviction ? Si non, où et à quel moment trace-t-on la ligne entre la confiance et l’entêtement ?

« Les réponses sont partout », aime répéter l’entraîneur-chef du Canadien pour décrire ses attentes envers ses joueurs quant à leur lecture du jeu et à leur positionnement sur la glace.

Il est peut-être à son tour de trouver des réponses pour son attaque. Parce que des questions, il y en a plusieurs.

En hausse

Brendan Gallagher

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Brendan Gallagher devant Connor Ingram

Bien avant son but, il connaissait un fort match, bien servi par son acharnement en zone adverse. Il a atteint le plateau des 400 points en carrière.

En baisse

Kaiden Guhle

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Kaiden Guhle

Il n’a pas affiché sa superbe des matchs précédents. Justin Barron et lui ont passé de longs et pénibles moments dans leur territoire contre le trio de Clayton Keller.

Le chiffre du match

3

Pour un troisième match de suite, le Tricolore a accordé un tir de punition à son adversaire, cette fois après que Justin Barron eut fermé la main sur la rondelle dans le demi-cercle de son gardien. Nick Schmaltz a marqué.

Dans le détail

Harvey-Pinard blessé au « bas du corps »

Ça faisait, quoi, deux matchs, qu’un joueur du CH ne s’était pas blessé ? L’ardoise est maintenant effacée. En fin de première période, Rafaël Harvey-Pinard, après avoir été poussé par Josh Brown, a chuté lourdement au fond de la zone des Coyotes. Il a péniblement retraité au banc, incommodé au « bas du corps » – la cheville, le genou… ? Il est resté au banc de son équipe jusqu’à l’entracte et a amorcé le deuxième engagement. À sa première présence, il a chuté de nouveau. Il a cette fois retraité au vestiaire et n’a plus joué. L’équipe a indiqué en cours de deuxième période que son match était terminé, mais n’a pas fourni de mise à jour après la rencontre.

Une rareté pour Gallagher

Brendan Gallagher a marqué un joli but, en deuxième période : bien posté dans l’enclave, il a décoché un tir vif après avoir accepté une passe de Tanner Pearson. Si ce n’était que de ce but, nous n’en aurions pas fait grand cas. Or, qu’il ait été marqué en avantage numérique mérite qu’on s’y attarde. Même au cours de ses années les plus fastes, au cours desquelles il a dépassé deux fois la barre des 30 buts, Gallagher n’a jamais été un spécialiste de cette phase de jeu. De fait, son dernier filet dans ces circonstances remontait au dernier match de la saison 2021-2022, dans une victoire ridicule du Canadien par la marque de 10 à 2 sur les Panthers de la Floride. Il s’est ainsi ensuite écoulé 46 matchs avant que le numéro 11 sévisse de nouveau avec l’avantage d’un homme.

Trio d’enfer

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Nick Schmaltz (8) a déjoué Jake Allen (34) lors d’un tir de punition.

Le premier trio des Coyotes, constitué de Clayton Keller, Nick Schmaltz et Barrett Hayton, n’a pas vraiment rempli les filets adverses depuis le début de la saison. Ce que les chiffres démontrent, toutefois, c’est qu’ils possèdent la rondelle souvent et longtemps. Ils n’ont pas rompu avec leurs habitudes, jeudi, alors que, principalement opposés au duo de Kaiden Guhle et Justsin Barron, ils ont fait passer une soirée infernale au Canadien dans sa zone. Keller et Schmaltz, surtout, semblent s’entendre comme larrons en foire. « Ces deux gars se retrouvent tout le temps, a constaté Tanner Pearson après le match. En réalité, ils passent beaucoup de temps en périphérie, alors ils semblent accomplir davantage qu’il n’y paraît. Mais dès qu’ils entrent à l’intérieur [de l’enclave], ils nous font payer. »