(Tempe, Arizona) Le match de jeudi soir, entre le Canadien et les Coyotes de l’Arizona, était le premier entre Juraj Slafkovsky et Logan Cooley depuis qu’ils ont été sélectionnés au premier et au troisième rang, respectivement, au repêchage de 2022.

Le duel sur la glace, à ce stade de leur carrière, et alors que leurs deux clubs sont en reconstruction, est anecdotique. La différence entre leurs deux réalités, toutefois, est difficile à ignorer.

Après avoir passé un an dans les rangs universitaires, Cooley est débarqué en Arizona précédé d’attentes élevées. Rapidement, il a prouvé qu’il était capable de s’imposer offensivement à ce niveau. En témoignent ses sept points en neuf matchs avant d’affronter le CH.

PHOTO GARY A. VASQUEZ, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Logan Cooley (à droite) célèbre avec son coéquipier Sean Durzi (50) après avoir marqué un but.

Slafkovsky, on le sait, a fait le saut directement à la LNH, avec un résultat mitigé, à tout le moins sur le plan statistique : 11 points en 48 matchs au total, et une maigre mention d’aide cette saison, avant la joute de jeudi.

Deux heures avant le début de la rencontre, André Tourigny, entraîneur-chef des Coyotes, a longuement disserté sur le thème du développement des joueurs. Sans pour autant se pencher sur le cas précis de Slafkovsky, mentionnons-le.

« La LNH n’est pas une ligue de développement. Tu joues dans la LNH parce que tu es capable d’aider ton club à gagner. C’est une ligue de performance. C’est une ligue professionnelle ; les gens paient pour venir voir les joueurs. »

Le développement, il y a des ligues, pour ça. J’ai coaché dans ces ligues-là, elles sont très bonnes. C’est là qu’on peut faire des essais et erreurs.

André Tourigny

Visiblement lancé, Tourigny a assuré que « tu le vois tout de suite » si un joueur est prêt ou pas à faire le saut, pour de bon, vers le niveau le plus élevé.

« Quand tu n’es pas capable d’exécuter quelque chose qui est normalement ton rôle sans être nerveux, c’est parce que tu n’es pas rendu là. Je donne souvent le même exemple : même si tu es le meilleur étudiant, tu ne peux pas entrer en médecine à 12 ans. Tu n’es pas rendu là. Tu ne peux pas entrer à l’université et recommencer ta première année sept fois en te disant qu’à un moment donné, tu vas l’avoir. Ce n’est pas comme ça que ça marche. Tu vas continuer à te développer, une année à la fois, et quand tu vas maîtriser ta matière, un jour, tu vas être docteur. »

« C’est la même affaire avec la LNH, a ajouté l’entraîneur. Si [un joueur] est nerveux de faire des jeux, qu’il n’a pas confiance avec la rondelle, qu’il a de la misère à dormir le soir parce qu’il n’a pas confiance en lui… Le monde a beau dire : “Ce n’est pas grave, il est jeune”, lui, il faut qu’il vive avec lui-même tous les jours. Il le sait qu’il ne performe pas. Et il est assis à côté d’un gars, dans la chambre, qui sait qu’il a de la misère. Ce n’est pas une position pour se développer. »

Le cas Cooley

André Tourigny a cité l’exemple de Logan Cooley. Dès le début du camp d’entraînement, il était évident, selon lui, que le jeune homme était du calibre de la LNH.

L’année que le joueur de centre américain a passée à l’Université du Minnesota, dans la NCAA, a été providentielle, croit-il. « Il a gagné en confiance, il a compris de belles choses », a détaillé le Québécois.

Les Coyotes forment, par ailleurs, une meilleure équipe que l’an dernier. Cooley, donc, « arrive dans une bonne situation ».

Tourigny a adoré que son attaquant dispute « deux matchs de championnat ». L’un en finale du tournoi de fin de saison de la NCAA, l’autre en finale du Mondial junior. « Gagne ou perd, c’est une expérience extraordinaire. »

Déjà, depuis quelques semaines, il l’a vu s’améliorer sur plusieurs plans : la « gestion de sa game », sa patience, son positionnement sur la glace…

La campagne étant encore très jeune, il ne faudra pas s’étonner si sa production et ses performances baissent. Une saison universitaire fait une quarantaine de matchs, la moitié d’un calendrier professionnel.

Cooley n’est pas parfait pour autant. « Maintenant, il doit trouver de la constance. Mais on voit qu’il est intelligent, qu’il est au bon niveau. Au début, je faisais attention à qui je l’opposais. Maintenant, je ne m’en soucie plus. »

On peut donc développer un joueur dans la LNH ? lui a alors demandé un reporter.

« Non, il était déjà à ce niveau, a tranché Tourigny. Tu peux t’améliorer dans la LNH, je ne dis pas le contraire. Mais on ne s’est jamais demandé s’il pouvait jouer dans la LNH. »