(St. Louis) Il a eu beau faire preuve d’une certaine sobriété dans sa célébration et affirmer après coup qu’il était « juste content d’égaler la marque », on peut présumer que Juraj Slafkovsky s’est senti libéré après avoir, enfin, marqué son premier but de la saison.

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Malheureusement pour lui et, donc, pour son équipe, ce filet n’a pas fait une grande différence dans cette défaite de 6-3 du Tricolore contre les Blues de St. Louis. Le CH a semblé désorganisé pendant la quasi-totalité de la rencontre et rentre à Montréal après un voyage de trois matchs avec une récolte d’un seul point sur une possibilité de six.

On aura largement le temps de reparler des problèmes d’exécution du Canadien, alors revenons à Slafkovsky. Dès le début du match, il était clair que quelque chose avait changé chez lui. Le matin même, son entraîneur l’avait avisé qu’il obtiendrait une première chance sur le premier trio, à la droite de Nick Suzuki et de Cole Caufield. La « dose de confiance » qu’il a sentie alors l’a suivi toute la journée.

Il n’était pas avec ses deux partenaires de trio lorsqu’il a marqué, mais la séquence qui a mené à son but respirait, justement, la confiance.

En avantage numérique, l’échange qu’il a exécuté avec Alex Newhook puis son avancée, pleine d’autorité, jusqu’au filet ne dégageaient plus la fragilité et la nervosité des matchs précédents.

Quelques instants plus tard, cette fois avec ses deux nouveaux compagnons, il était tout près de marquer de nouveau lorsqu’il a sauté sur un retour de lancer. Juste là, en l’espace de deux minutes, il a décoché deux tirs du bas de l’enclave, dans la « zone dangereuse » ; à son 11e match de la campagne, c’étaient ses deux premiers.

Il a conclu la rencontre avec quatre tirs cadrés et quatre chances de marquer de qualité (selon Natural Stat Trick), deux sommets cette saison. Et ce, en un peu plus de 18 minutes, un autre sommet.

Déçu de la performance de ses hommes, Martin St-Louis a vu dans la prestation de son jeune protégé « une des choses positives » de ce duel.

« Il a joué un bon match, il n’a pas eu l’air inconfortable, a poursuivi l’entraîneur. Je suis très satisfait, mais je ne suis pas surpris. C’est un bon joueur de hockey. »

Son implication autour du filet adverse ne répondait pas à une commande précise, mais jouer avec Caufield et Suzuki lui apportera forcément plus de temps en zone adverse, a analysé St-Louis, qui a aussi vanté ses progrès sur le plan défensif. C’est cette dernière facette qui a rendu le pilote plus à l’aise de l’envoyer sur le premier trio, et donc contre une opposition corsée, ce qui ne serait pas arrivé l’an dernier.

Confiance

Slafkovsky, sans faire tout un plat de son but, a prononcé plusieurs fois le mot « confiance ». Il assure que, depuis toujours, il se concentre sur le prochain match, sur le prochain entraînement, et qu’il ne se laisse pas distraire par les pressions extérieures. Il faut le croire sur parole. On sait toutefois que le jeune homme s’impose une pression énorme et qu’il est particulièrement dur envers lui-même. Lorsqu’il parle d’une occasion de « bâtir [sa] confiance », il ne faut donc pas le prendre à la légère.

Son assurance a fondu à vue d’œil entre le début du camp d’entraînement et les derniers jours. La blessure de Kirby Dach, son joueur de centre désigné, a provoqué toutes sortes de changements de trios. Il a finalement été jumelé avec régularité à Josh Anderson et Alex Newhook. Après un départ intéressant, les trois se sont peu à peu embourbés dans un marasme qui imposait un changement.

A posteriori, le problème n’était peut-être pas Slafkovsky. Le rétablissement de Christian Dvorak a permis à St-Louis de muter Newhook à l’aile. Ce dernier a toutefois connu un match très brouillon, mais pas autant qu’Anderson, peut-être le pire attaquant de son camp. Le numéro 17 semble complètement désorienté. Mais de cela aussi, nous reparlerons une autre fois.

À propos de son nouvel ailier, Nick Suzuki a parlé d’un heureux complément au duo qu’il forme depuis longtemps avec Cole Caufield. Son gabarit, sa vitesse et ses habiletés individuelles apportent une nouvelle dimension à cette unité, croit-il.

PHOTO JEFF ROBERSON, ASSOCIATED PRESS

Nick Suzuki et Cole Caufield

Il faudra encore des répétitions, toutefois, avant de voir s’installer une chimie forte et, souhaitons-leur, durable. « C’est la première fois que je jouais avec lui, a souligné le capitaine. Ce n’était jamais arrivé, pas même à l’entraînement. Ça ira de mieux en mieux. »

Lui aussi est conscient que Slafkovsky, lorsque les choses vont mal, peut être son pire ennemi. Ce n’est pas un hasard si Martin St-Louis a dit aux journalistes qu’il s’attendait à ce que ses deux vedettes offensives prennent le grand Slovaque « sous leur aile ».

« Il doit rester positif : parler négativement n’aide personne, a noté Suzuki. Tu peux t’en vouloir [après une mauvaise séquence], mais tu ne peux pas garder ça pendant toute la partie ou quand tu rentres chez toi. Je pense qu’il fait des pas dans la bonne direction. »

C’est sans conteste une heureuse nouvelle pour le jeune homme. Son âge est souvent invoqué pour justifier les carences dans son jeu. À 19 ans, toutefois, les conséquences d’un repli sur lui-même sont sans doute bien plus graves qu’un revirement en zone défensive. Si sa confiance renaît, les buts viendront peut-être. Mais si elle s’effrite et s’envole, ça n’ira sans doute pas mieux sur la glace.

Dans le détail

Barron en avantage numérique

Très peu utilisé jusqu’à récemment en avantage numérique, et ce, malgré ses évidentes qualités en attaque, Justin Barron semble avoir gagné sa place sur la deuxième vague d’attaque massive. On l’avait déjà un peu vu jeudi en Arizona, en alternance avec Arber Xhekaj ; voilà que samedi, c’est lui qui s’est vu confier cette tâche à temps complet. L’aisance de Barron à ce poste est évidente. Le défenseur s’est toutefois fait jouer un vilain tour sur le quatrième but des Blues : au détour d’un jeu risqué à la ligne bleue, il a perdu la rondelle aux mains de Pavel Buchnevich, qui a envoyé Alexey Toropchenko en échappée. À la reprise, il nous semblait que Buchnevich aurait pu être chassé pour avoir fait trébucher. Apparemment, les arbitres ont vu autre chose.

Dvorak de retour

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Christian Dvorak

Après avoir raté les 10 premiers matchs de la saison afin de conclure sa rééducation conséquente à une opération au genou, Christian Dvorak a disputé samedi son premier match de la campagne. Pour l’occasion, il était flanqué d’Alex Newhook et de Josh Anderson. Il a joué un peu moins de 15 minutes, un chiffre qui serait sans doute supérieur si le Tricolore avait été puni, puisque l’Américain est généralement utilisé en désavantage numérique. Il a conclu la rencontre avec un différentiel de -1, résultat d’un revirement dont il s’est rendu coupable et qui s’est transformé en but en deuxième période ; à sa décharge, Alex Newhook a lui aussi cafouillé avec le disque sur la séquence. « On a commis trop de revirements, et je m’inclus là-dedans », a commenté Dvorak, qui a, du reste, admis qu’il avait senti « un peu de rouille » dans son jeu. Il n’a par ailleurs remporté que quatre des dix mises au jeu dans lesquelles il a été impliqué.

Lindström à Laval… pour l’instant

Pour faire une place Dvorak, le Canadien devait retirer un joueur de sa formation. À défaut de placer Rafaël Harvey-Pinard sur la liste des blessés, la direction a plutôt cédé Gustav Lindström au Rocket de Laval, un choix logique sachant qu’il n’avait pas à passer par le ballottage. Il sera toutefois intéressant de voir si d’autres mouvements de personnel suivront, puisqu’en l’absence de Lindström, l’équipe ne compte plus que sur six défenseurs en santé. Vu la proximité du club-école, qui profite par ailleurs d’une semaine complète de congé, on pourrait s’en tenir au strict minimum en vue du prochain match à domicile, mardi. Le CH reprendra toutefois la route en milieu de semaine afin d’aller affronter les Red Wings à Detroit, et il est rare qu’un club parte sans réserviste en défense.

En hausse

Juraj Slafkovsky

Il respecte parfaitement la définition de cette rubrique : sans disputer un match parfait, il a montré une franche amélioration par rapport aux précédents. Et il a marqué ce premier but qui a dû lui faire le plus grand bien.

En baisse

Mike Matheson

Il a mal paru sur trois buts des Blues. Pour tout dire, ce voyage a été difficile pour lui. La substitution de Johnathan Kovacevic par Jordan Harris à sa droite l’a aidé, mais ne l’a pas sauvé.

Le chiffre du match

2

Avant la rencontre, Sean Monahan ne s’était encore jamais retrouvé sur la glace pour un but de l’adversaire à cinq contre cinq. Sa séquence est terminée, après avoir assisté de près à deux buts des Blues, leur premier et leur cinquième.