Juraj Slafkovsky a enfin marqué un premier but cette saison, samedi, et joué avec plus de confiance au sein du premier trio avec Nick Suzuki et Cole Caufield.

Certains fans ont sans doute poussé un soupir de soulagement (on peut d’ailleurs se demander pourquoi si tôt dans le processus), mais pour les plus pessimistes, ce but n’y changera probablement rien, Slafkovsky demeurera un mauvais choix au premier rang du repêchage de 2022.

Ceux-ci prennent un malin plaisir à rappeler la production du troisième choix au total, le centre Logan Cooley, 8 points après 11 matchs avec les Coyotes de l’Arizona.

Les comparaisons ont d’ailleurs commencé au cours de l’hiver précédent entre ces deux joueurs pourtant différents : Cooley, un centre de 5 pieds 10 pouces et 175 livres rapide et habile, faisait un tabac dans la NCAA avec 60 points en 39 matchs à l’Université du Minnesota tandis que Slafkovsky, un ailier de 6 pieds 3 pouces et 230 livres, s’accrochait tant bien que mal à la LNH avec 10 points en 39 matchs, avant de se blesser.

Cooley ne constituait pourtant pas un choix populaire à Montréal à l’aube du repêchage. Tous ou presque en avaient uniquement pour un certain Shane Wright, mais puisque celui-ci se trouve toujours dans la Ligue américaine (où il fait plutôt bien, en passant), comparer Slafkovsky avec le joueur le plus productif à l’heure actuelle est beaucoup plus efficace…

Puisqu’il faut le rappeler… à nouveau : Slafkovsky a 19 ans et le développement d’un jeune joueur varie d’un individu à l’autre. Le kid a 19 ans !!!

À 19 ans, Nick Suzuki disputait une dernière saison dans les rangs juniors et Cole Caufield en était à une deuxième saison à l’Université du Wisconsin.

Slafkovsky constitue un premier choix au total, contrairement à Suzuki, 13e en 2017, et Caufield, 15e en 2019, mais ce pauvre Slovaque doit être à la hauteur des attentes dues à son rang en ayant été repêché premier d’une cuvée complexe pour les recruteurs. Il n’aurait jamais percé le top 3 si le repêchage avait eu lieu un an plus tard avec les Bedard, Fantilli et Carlsson.

Malheureusement, Slafkovsky n’est pas la première victime du manque de patience du marché montréalais. La plupart des mordus du repêchage rêvaient à l’attaquant Gilbert Brule au cinquième rang en 2005.

Avec les déboires de ce sixième choix au total par les Blue Jackets de Columbus, on s’est tourné après coup vers Anze Kopitar, 11e choix par les Kings de Los Angeles, pour évoquer l’erreur des recruteurs du CH.

Puis les comparaisons ont émergé de l’intérieur, avec Jaroslav Halak, après le fameux printemps de 2010. Price a finalement cessé d’entendre les murmures… à l’aube de ses 24 ans, après trois saisons difficiles où on s’est même demandé s’il ne valait pas mieux l’échanger.

Ce flop termine sa carrière avec une fiche de 361-261-79, une moyenne de 2,51, un taux d’arrêts de .917, un trophée Hart, un trophée Vézina, une finale de la Coupe Stanley, un carré d’as supplémentaire et une médaille d’or olympique. Aucun gardien dans l’histoire du Canadien n’a remporté autant de matchs.

Max Pacioretty a lui aussi été victime de comparaisons, avec David Perron, au cours des premières années de sa carrière. Perron, repêché 26e au total, quatre rangs après Pacioretty, a atteint la LNH à 18 ans. Pacioretty avait lui aussi 23 ans quand il a pu s’établir de façon permanente à Montréal. Perron en était à sa quatrième saison dans la Ligue nationale de hockey. Et avait atteint le plateau des 20 buts une première fois déjà.

Pacioretty a 326 buts en carrière. Il a connu quatre années de plus de 30 buts à Montréal, dont une de 39 buts, et une autre de 32 buts à Vegas. Il a été l’un des bons buteurs de sa génération. Perron a également eu une carrière prolifique. Tant de salive gaspillée.

L’histoire récente aurait dû nous apprendre à user de patience. Une majorité de fans ont applaudi le départ de Jesperi Kotkaniemi après l’offre qualificative des Hurricanes de la Caroline. Après trois saisons à Montréal, ce jeune homme avait obtenu seulement 62 points en 171 matchs.

Ceux qui, à l’aube du repêchage de 2018, rêvaient à Filip Zadina, 44 buts en 57 matchs avec les Mooseheads d’Halifax à son année d’admissibilité, ont changé d’allégeance en faveur de Brady Tkachuk, quatrième choix au total par les Sénateurs, un rang après le Finlandais.

Kotkaniemi venait à peine d’avoir 21 ans lorsqu’il s’est joint aux Hurricanes. À 22 ans, il a connu sa meilleure saison en carrière l’an dernier, au centre du deuxième trio en Caroline, deuxième club au classement général de la LNH, avec 43 points, dont 18 buts, en 82 matchs.

À 23 ans, Kotkaniemi vient en tête des compteurs de son équipe avec 12 points en autant de rencontres. La saison est encore jeune, évidemment, mais ce week-end encore, il a couronné une remontée de son équipe avec un but opportun et une aide sur le but égalisateur en troisième période.

L’ancien directeur général Marc Bergevin a manqué de patience lui aussi et a utilisé les choix compensatoires reçus des Hurricanes pour acquérir Christian Dvorak. Très peu ont protesté au moment des faits…

Il y aura évidemment toujours des choix ratés. Mais faut-il se précipiter après un an ou deux pour les classer dans le camp des flops ?

Pourrait-on maintenant user enfin de patience et attendre le 23e anniversaire de Juraj Slafkovsky avant de déterminer si la direction a fait le bon choix ou pas ?

Changement de garde à Anaheim

PHOTO GENE J. PUSKAR, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

L’entraîneur Greg Cronin

Après quatre années misérables sous l’entraîneur Dallas Eakin, son successeur à Anaheim Greg Cronin, 60 ans, a imposé une nouvelle culture chez les Ducks. Le meilleur compteur de l’équipe l’an dernier, Trevor Zegras, 9e choix au total en 2019, 65 points, dont 23 buts, l’an dernier, après une saison de 61 points en seulement 65 rencontres, a été le premier visé.

Zegras est doué offensivement, mais on lui reprochait sa trop grande mollesse en zone défensive. Le directeur général Pat Verbeek a refusé de lui accorder un contrat à long terme et le jeune homme a dû se contenter d’une entente de trois ans.

On vient désormais de le muter à l’aile, lui préférant Mason MacTavish, 20 ans, troisième choix au total en 2021, et Leo Carlsson, 18 ans, deuxième choix au total en 2023, au centre des deux premiers trios.

La production de Zegras en souffre, il a amassé seulement deux points en onze matchs, mais le plan fonctionne jusqu’ici. Anaheim vient de faire subir aux Golden Knights leur première défaite de la saison, dimanche, et porter sa fiche à 7-4.

Mason MacTavish est le meneur avec 13 points en 11 matchs, mais le défenseur Pavel Mintyukov, 19 ans, dixième choix au total en 2022, dont on ne parle pas assez souvent, a huit points en onze matchs et occupe désormais le poste de seul défenseur au sein de la première vague en supériorité numérique.

Petit secret juste pour vous : Mintyukov figurait au premier rang sur la liste d’au moins une équipe de la LNH en prévision de ce repêchage, et il ne s’agissait pas d’Anaheim.