(Lausanne, Suisse) Le chemin le plus rapide vers la Ligue nationale passe-t-il obligatoirement par la Ligue américaine ? Théo Rochette entend bien aller au bout de la question.

Après un parcours couronné de succès chez les Remparts de Québec, l’attaquant utilise son passeport suisse à bon escient.

Pas repêché, sans contrat dans la LNH, il est donc rentré au bercail, au Lausanne HC, là où il a été formé à l’adolescence.

« Je n’avais pas nécessairement eu ce que je voulais en Amérique du Nord, en termes d’offres de contrat, admet Rochette en entrevue avec La Presse au terme d’un triomphe contre Kloten, fin octobre. Ce n’était pas très convaincant. »

Je me suis dit que la Suisse est une bonne option, il y a plein d’histoires de gars venus jouer en Suisse. J’ai eu de bonnes discussions avec Lausanne, ils me font confiance. C’était la meilleure option à court terme.

Théo Rochette

Son choix lui sourit jusqu’ici. Après 21 matchs, il pointe au troisième rang des compteurs de son club avec 12 points (5 buts, 7 aides). Le soir de notre visite, il a d’ailleurs touché la cible dès sa première présence, sur une jolie manœuvre individuelle.

Son but en retournant en Suisse ? Dans l’immédiat, c’est d’« essayer de prendre du poids, de la masse, de la puissance, de l’explosivité », détaille-t-il. À 175 lb, il admet que la force physique est son « principal défaut ». Il voit aussi un calendrier avec « moins de voyages », donc « la meilleure option pour travailler sur [son] corps ».

Le but, pleinement assumé, est de retourner en Amérique du Nord, idéalement avec une organisation qui croira en lui.

« C’est clairement ce qu’il a dit, rappelle le directeur général de Lausanne, John Fust. Mais il sait qu’il a du travail à faire ici et on a la situation idéale pour lui donner beaucoup de minutes de jeu, de responsabilités. On a seulement 54 matchs. Alors il peut travailler sur son corps pendant la saison. Quand tu joues 80 matchs, c’est beaucoup plus difficile. Une ou deux saisons ici à développer son corps, et il sera prêt à tenter sa chance. »

Rochette écoule actuellement sa dernière année de contrat avec Lausanne, mais il refuse de s’imposer l’automne 2024 comme échéance pour tenter sa chance du côté nord-américain de la gouille. « Ça va dépendre de ce qu’on m’offre. Si c’est l’an prochain ou dans deux ans, ce sera ça », dit-il, simplement.

En attendant, son séjour en Suisse lui permet de passer plus de temps avec son père, Stéphane, ancien joueur, dirigeant et arbitre, maintenant analyste dans les médias suisses. Ce va-et-vient entre la Suisse et le Québec est essentiellement l’histoire de sa vie, lui qui passe aisément de l’accent québécois à l’accent européen, selon son interlocuteur.

« Beaucoup de gens me parlent de mon accent, me demandent de faire tel ou tel accent. Pour moi, ce sont comme deux langues différentes, je passe d’une à l’autre. J’ai les deux passeports, et le passeport français aussi. Là, je reviens de cinq ans au Québec, j’ai adoré et je vais y retourner, car ma blonde habite là. »

De bons mots pour Roy

Rochette aura aussi été de la dernière génération de joueurs juniors à avoir évolué sous les ordres de Patrick Roy.

PHOTO YAN DOUBLET, ARCHIVES LE SOLEIL

Théo Rochette a joué quelques saisons pour les Remparts de Québec, sous les ordres de Patrick Roy.

Offensivement, il est devenu dominant à ses deux dernières saisons avec les Remparts, amassant 99, puis 106 points, en respectivement 66 et 65 matchs. La dernière saison s’est conclue dans la gloire, avec la conquête de la Coupe Memorial. Rochette profite d’ailleurs de la pause au calendrier suisse, cette semaine, pour débarquer à Québec. Il assistera au match des Remparts ce mercredi.

Une simple question sur Roy et Rochette est catégorique : « Pat, c’est le meilleur coach que j’ai eu de ma vie. »

« C’est sa façon d’être avec nous. Je suis resté trois ans et demi et au début, il m’a pris sous son aile. En arrivant, je sortais de ma mononucléose, je n’avais pas beaucoup confiance. En plus, je n’avais pas été repêché [dans la LNH] cette année-là. Il m’a beaucoup aidé mentalement. C’est un coach proche de ses joueurs, qui sait où il s’en va. Beaucoup me disent : “Tu t’es fait coacher par Patrick Roy ? Ah ouin, il crie beaucoup. » L’image que les gens ont de Pat, ce n’est pas le Pat qu’on connaît. C’est un gars proche de ses joueurs, une super bonne personne hors glace, qui n’hésite pas à rire avec nous, très ouvert, qui parle à ses joueurs de système, d’horaire. C’est un coach moderne qui s’est adapté. »

Il reste maintenant à voir si, au moment où Roy est libre comme l’air, des dirigeants de la LNH auront la même lecture et lui permettront de revenir dans le circuit.