(Lausanne, Suisse) Pour le visiteur qui arrive du Québec et qui cherche ses repères, la pancarte a quelque chose de réconfortant. On sort de la gare, on fait quelques pas vers la droite et c’est là, en grosses lettres : « Les gosses du Québec ».

Éric Bélanger nous y avait donné rendez-vous. Pas l’ancien joueur de la LNH, mais plutôt le nouveau directeur des deux succursales de ce bar sportif (l’autre est à Fribourg), tout aussi passionné de hockey, expatrié chez les Helvètes depuis 27 ans. Le voici qui nous attend avec un « apéro du Québec » sur la table.

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Éric Bélanger

Le règne animal y passe : merguez, saucisses à hot-dog et autres viandes, entremêlées de frites, sur fond de focaccia, nappées de sauce barbecue. Vous voulez la recette ? Ne la cherchez pas dans Trois fois par jour.

On connaît bien les Christian Dubé, Stéphane Rochette et autres Maxim Noreau parmi les Québécois qui vivent du hockey en Suisse. Mais il y a aussi des Éric Bélanger qui vivent en périphérie du hockey.

Il tenait jusqu’à tout récemment la boutique hockey de la Vaudoise, l’aréna du Lausanne HC, là où un vieux banc du Forum rappelle son attachement à sa province d’origine. Ado, il partait de Salaberry-de-Valleyfield en autobus pour assister à des matchs du CH. « Ça prenait 1 h 45 juste pour l’aller ! », se souvient-il. Aujourd’hui, il entretient ses liens avec le Québec comme il le peut, notamment en se branchant sur BPM Sports sur le web.

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Un banc du Forum de Montréal à l’aréna du Lausanne HC

Cet ancien Campivallensien est un livre ouvert d’anecdotes de hockey. Ça commence dans les années 1990, quand il se retrouvait fréquemment dans les bars avec Shayne Corson. « Darcy Tucker aimait pas mal ma belle-sœur ! », raconte-t-il, encore amusé.

Ici, sa proximité avec le club de Lausanne lui a ouvert des portes. Quand les Flyers de Philadelphie sont venus en 2019 pour des matchs préparatoires, il a travaillé en appui aux préposés à l’équipement de l’équipe.

Voilà qu’il se lance dans la restauration. « On sort 80 poutines par soir. C’est notre plus gros vendeur », dit-il fièrement.

La discussion bifurque forcément vers le fromage et sa capacité – ou pas – à faire « squik squik ». « Celui qu’on a, il fond avec la sauce. On en a trouvé un qui fait “squik squik”, mais il vient de France, pas de Suisse. Je ne veux pas débarquer ici avec mes gros sabots et tasser nos anciens fournisseurs », explique-t-il.

La poutine n’est pas l’unique rappel du Québec dans son bar. Elle s’ajoute à un drapeau fleurdelisé, à une pancarte de Molson, mais aussi à la Maudite et à la Boréale dans son frigo, sans oublier la relish et la moutarde baseball, des condiments pas exactement communs en ce coin du monde.

C’est sans oublier la foule qui hurle le refrain de La tribu de Dana, que le bon Hélio fait tourner au moment où la clientèle se réchauffe. Manau est certes un groupe français, mais quiconque ayant mis les pieds dans un karaoké du Québec a déjà entendu des fêtards chanter son succès à tue-tête.

Une ville verticale

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Une rue du centre de Lausanne

Notre désir de tester les produits des Gosses du Québec, au nom d’une information rigoureuse pour les lecteurs de La Presse, aura meublé ce jeudi soir. L’endroit est d’autant plus dur à quitter que des Québécois de passage et acteurs du monde du hockey viennent s’y accrocher les pieds.

Mais Éric Bélanger nous conseille un itinéraire pour le lendemain : à partir de la cathédrale, descendre la côte – « il y a de beaux points de vue sur les toits de la ville à partir des escaliers » – jusqu’au lac Léman, d’où on voit la France, avec un arrêt, si le temps le permet, au parc de Milan. Retour en métro, car le temps est limité entre l’entraînement matinal et le match en soirée.

De précieux conseils. La marche est fabuleuse, avec comme unique point négatif cette satanée météo changeante. Toutes les 20 minutes, les nuages reviennent, laissent tomber une averse, puis repartent, comme dans un épisode des Pierrafeu où le décor revient en boucle derrière Fred qui conduit.

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Le parc de Milan à Lausanne offre une vue magnifique sur le lac Leman.

Le parc de Milan est aménagé sur une butte que l’on peut escalader par les escaliers. L’exercice vaut le coup. La récompense : une vue à couper le souffle sur la France voisine et Évian-les-Bains.

Le temps manque pour visiter le Musée olympique. On reviendra néanmoins avec un souvenir impérissable : des cuisses endolories, résultat de la longue descente à pied, constamment sur les freins pour ne pas dévaler la vieille ville sur les fesses.