(Zurich et Lausanne, Suisse) Ce serait facile de tomber dans l’admiration, d’abandonner tout sens critique et de glorifier le réseau de transports en commun suisse. Mais à l’inverse, ce serait bête de bouder son plaisir. Alors, allons-y.

Le système de transports en commun helvète est absolument fabuleux. Point à la ligne. C’est Byzance, comme on le dit par ici.

Ça commence par l’efficacité. Dans la vingtaine de déplacements faits en quatre jours, jamais l’attente n’a dépassé les 10 minutes. Pourquoi ? Parce qu’il y a tant d’options que lorsqu’on se retrouve dans une gare d’une grande ville – nous étions à Zurich et à Lausanne –, il y a toujours un métro, un train, un tramway ou un autobus qui nous permet d’amorcer rapidement le trajet.

À ce sujet, l’application des CFF (Chemins de fer fédéraux suisses) est un charme. On rentre le point de départ, on rentre la destination, et quatre ou cinq options sont offertes, sans égard au moyen de transport choisi.

CAPTURE D’ÉCRAN DE L’APPLICATION DES CFF

Dans les grandes villes, comme ici à Zurich, il y a toujours un métro, un train, un tramway ou un autobus pour notre destination.

Les informations sont d’autant plus utiles que même le tout-puissant Google Maps ne parvient pas à dénicher autant d’options et, surtout, à les expliquer aussi clairement. Car dans l’application des CFF, tous les détails y sont, notamment l’achalandage, la localisation des wagons selon les classes et, surtout, sur quel quai se rendre. Une information un brin importante dans une gare comme celle de Zurich, où les numéros des quais vont jusque dans les 40.

Les trains sont propres, les membres du personnel, courtois et polyglottes. Dans un trajet vers Lausanne, la dame responsable des annonces était particulièrement impressionnante, faisant ses annonces en français, en italien, en allemand et en anglais, comme si Claude Dubois et Leo Kay ne faisaient qu’un.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Les trains sont propres, les membres du personnel, courtois et polyglottes. Dans un trajet vers Lausanne, la dame responsable des annonces était particulièrement impressionnante, faisant ses annonces en français, en italien, en allemand et en anglais.

La ponctualité semble être une valeur cardinale. « En vertu de la légendaire ponctualité suisse, les opérateurs s’excusent si le train est en retard de plus de trois minutes », nous avait soufflé le confrère Emmanuel Favre, de l’agence Sport-Center. Il faudra le croire sur parole, car jamais un de nos trains n’est arrivé avec un tel retard.

Dernier truc : les gens savent vivre. Pas d’insupportable appel en mode mains libres, pas de Karen qui demande de voir le gérant (quoiqu’on nous dise que la Suisse n’échappe pas au phénomène) et, surtout, un système de paiement, basé sur l’honneur, qui est scrupuleusement respecté si on se fie à notre mince échantillon. Le système est basé sur l’honneur en ce sens que l’accès aux véhicules et aux quais n’est pas contrôlé à un point d’entrée comme dans les transports nord-américains. Ce l’est quand un responsable passe dans les allées, et personne n’a été pris la main dans le sac lors de nos trajets.

Bon, les bémols, maintenant ? Comme un peu partout, les trains peuvent être bondés à l’heure de pointe. Il a donc fallu passer la première heure du trajet Zurich-Lausanne assis dans l’escalier qui permet de passer au deuxième étage. Le type devant nous a fait contre mauvaise fortune bon cœur et a ouvert sa bouteille de rouge, sans doute dans l’espoir d’y trouver du réconfort. Même sans merlot, ça demeure une meilleure expérience que d’être aplati contre la fenêtre du métro entre Rosemont et Berri-UQAM à 8 h.

PHOTO GUILLAUME LEFRANÇOIS, LA PRESSE

Comme un peu partout, les trains peuvent être bondés à l’heure de pointe. Il a donc fallu passer la première heure du trajet Zurich-Lausanne assis dans l’escalier qui permet de passer au deuxième étage.

Si l’on a une question, le personnel est difficile à trouver dans les plus grandes gares. À tout le moins, les passants que l’on a arrêtés ont toujours été d’une aide précieuse.

Enfin, dernier bémol, et non le moindre : le coût. La Swiss Pass donne accès à tous les modes de transport partout au pays, et couvre même le trajet pour gagner un pays voisin – le trajet en train vers Lustenau, en Autriche, dans notre cas. Pas pour rien que les CFF le présentent comme le « sésame pour parcourir la Suisse ». Mais ledit sésame, pour quatre jours, n’est pas donné pour les touristes : 280 francs suisses, pour la deuxième classe, soit 425 dollars canadiens. Les tarifs sont toutefois nettement plus raisonnables pour les citoyens suisses.

On se console en se disant qu’on a rentabilisé la carte, avec un aller-retour Zurich-Lustenau, un aller-retour Zurich-Lausanne, un nombre incalculable de déplacements à l’intérieur des villes et, surtout, aucun taxi à prendre pendant le séjour, même en arrivant ou en se rendant à l’aéroport.